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ÉCLaIRAGE Le chef du PSP réclame la démission de Lahoud et la fin des ingérences syriennes En quelques phrases, Joumblatt démantèle le régime en place

Walid Joumblatt est « sur la corde raide », de l’aveu même, hier, du seigneur de Moukhtara, interrogé par L’Orient-Le Jour. Ce qui ne l’empêche pas de prendre, depuis près d’un mois, des positions en flèche contre les abus et les irrégularités de toutes sortes sur la scène politique, fustigeant notamment les débordements des services de renseignements, les dérives politico-judiciaires et les permissivités outrancières « de part et d’autre » dans les relations libano-syriennes. Et mettant bien en évidence l’illégalité et l’illégitimité qui frappent actuellement le régime, les institutions et le système politique en général. C’est devant plusieurs dizaines de journalistes et aux côtés des membres de son bloc parlementaire que le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) a rendu public le manifeste politique du bloc « pour les libertés politiques et la protection de la Constitution et du régime démocratique », des mots forts et lourds de sens qu’il a lus sobrement, sans emphase, plus habitué qu’il est aux formules brèves, lapidaires et corrosives qu’à la littérature politique solennelle. Le paradoxe Joumblatt jusqu’au bout, même dans le récitatif. Mais le chef du PSP a sans conteste créé l’événement, hier, à Clemenceau, comme le prouve la foule de journalistes enthousiastes qui s’est précipitée sur lui, aussitôt sa conférence de presse terminée. Tout juste après avoir achevé – hâtivement, en l’espace de quelques questions-réponses et le temps d’avoir retrouvé ses formules courtes et létales – de déconstruire complètement le régime en place. Une succession de monosyllabes dans le cadre de laquelle il a distribué un nombre extraordinaire de messages politiques, à plusieurs destinataires. Interrogé d’abord sur le redéploiement, Joumblatt n’a pas remis en cause l’aspect militaire de la présence syrienne. « Nous nous plaignons des ingérences » à tous les niveaux, a-t-il dit, et « il faut qu’elles prennent fin ». Autre sujet abordé, le front d’opposition en formation avec les amis politiques qui organisent aujourd’hui le Congrès du Bristol, et les députés de la « liste d’honneur », auquel le document de Clemenceau doit servir de fondement. M. Joumblatt a dîné dans ce cadre avec l’un des 29 hommes d’honneur, Farès Boueiz. Le maître de Moukhtara a par ailleurs évoqué le recours sous forme de pétition pour invalider la prorogation du mandat présidentiel, signée par dix députés et qui ne sera pas présentée devant le Conseil constitutionnel. L’institution a perdu toute sa légitimité, comme le dit sans détour Ghazi Aridi, et il ne sert à rien de présenter un recours qui sera débouté, renforçant ainsi le légalisme et la légitimité du chef de l’État. « Nous n’allons pas légitimer ce qui n’est pas légitime, ce que nous récusons et qui va à l’encontre du consensus », a martelé Walid Joumblatt, réintroduisant ainsi par la grande porte la notion de légitimité dans le discours politique libanais. Dont elle avait été quasiment occultée depuis la fin de la guerre. Avant de reprendre la même argumentation pour écarter toute participation du bloc au gouvernement. Interrogé par L’Orient-Le Jour sur la formule ambiguë « du dedans ou du dehors « lancée à l’issue de sa rencontre avec Rafic Hariri, il répondra : « C’était une boutade. D’ailleurs, le document d’aujourd’hui nous met sur une tout autre piste. » Le maître des lieux ira encore plus loin, quelques minutes après, en appelant sans ambages Émile Lahoud à démissionner, et à l’organisation de nouvelles élections conformes à la légalité, qui permettront au Liban et à la Syrie de sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent actuellement sur le plan international. « On dit que les Syriens désapprouvent les rafles du Chouf », lui a-t-on demandé. « Je ne sais pas, mais s’ils le font, cela veut dire qu’il y a des fantômes qui agissent impunément, sans en référer à personne. Et c’est grave », a répondu M. Joumblatt. Avant de conseiller aux « restes » des milices nassériennes et autres que des mains occultes tentent actuellement, selon lui, de ressusciter pour susciter des troubles à Beyrouth, de ne pas tomber dans le panneau. Des services. Michel HAJJI GEORGIOU
Walid Joumblatt est « sur la corde raide », de l’aveu même, hier, du seigneur de Moukhtara, interrogé par L’Orient-Le Jour. Ce qui ne l’empêche pas de prendre, depuis près d’un mois, des positions en flèche contre les abus et les irrégularités de toutes sortes sur la scène politique, fustigeant notamment les débordements des services de renseignements, les dérives...