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Actualités - interview

Interview - Elle est la coordinatrice nationale du Programme Euromed au Liban Élisa Aslanian : Créer un véritable partenariat entre le ministère de la Jeunesse et les jeunes (photo)

Élisa Aslanian est la coordinatrice nationale du Programme Euromed jeunesse au Liban. Elle travaille au ministère de la Jeunesse et des Sports. D’une formation en sciences politiques – elle poursuit actuellement ses études en DEA à l’Université Saint-Joseph –, Élisa s’est rapidement distinguée, depuis son entrée au ministère, par son dynamisme et son efficacité, tissant un réseau de relations avec la société civile et les ONG pour les besoins du programme, qui est ouvert aux jeunes de 15 à 25 ans. Pour les néophytes, le Programme Euromed jeunesse est établi par la Commission européenne et fonctionne à travers les institutions nationales des pays partenaires. « Pour l’instant, il y a les 25 pays de l’Union européenne (UE), et les 10 pays méditerranéens qui ont signé la Déclaration de Barcelone et le Partenariat Euromed. Le programme se situe dans le troisième chapitre de la déclaration, dans les volets culturel et social », indique Mlle Aslanian. Ç En tant que tel, le programme vise à promouvoir la compréhension mutuelle entre les jeunes des deux rives de la Méditerranée, et tout particulièrement les valeurs de tolérance, de respect mutuel, de dialogue, de l’apprentissage interculturel, mais aussi à permettre à chacun de bénéficier des expériences de l’autre et de faciliter l’intégration des jeunes dans la vie socioprofessionnelle. L’objectif est donc de rapprocher les individus », explique-t-elle. Et de poursuivre : « Le programme se situe dans un contexte politique déterminé, dans la mesure où il a été mis en route après Madrid. » Sur le plan technique, au niveau des pays méditerranéens, chacun des pays a un coordinateur national qui est chargé de jouer le rôle de relais entre les bénéficiaires (organisations de jeunesse, municipalités... l’essentiel est que ces bénéficiaires soient des jeunes) et la Commission européenne. Le programme propose trois activités principales : les échanges de jeunes, le service volontaire et les mesures d’accompagnement. L’échange de jeunes rassemble des groupes de différents milieux, de quatre pays au minimum, en leur donnant une occasion de discuter et de traiter de divers thèmes, et en leur apprenant à connaître leurs pays respectifs. Ces échanges de jeunes doivent être multilatéraux, c’est-à-dire mettre en présence des intervenants de quatre pays au minimum. Ils doivent impliquer au moins deux États membres de l’UE et deux pays méditerranéens partenaires. Chaque projet devrait réunir un nombre équilibré d’États membres de l’UE et de pays méditerranéens. Les groupes nationaux devraient être eux aussi équilibrés et comprendre un nombre semblable de participants. Par ailleurs, le projet de service volontaire permet à un jeune d’exercer une activité de bénévolat dans un autre pays pendant une période déterminée, habituellement d’une durée de six à douze mois. Les activités du service volontaire peuvent s’effectuer, par exemple, dans le domaine de l’environnement, des arts et de la culture, de l’animation pour les enfants, les jeunes ou les personnes âgées, du patrimoine culturel ou des sports et des loisirs. Les volontaires participent à des activités qui répondent à certains critères généraux spécifiés par le Programme Euromed jeunesse. Enfin, les mesures d’accompagnement sont des instruments destinés à aider toutes les personnes participant ou s’intéressant aux activités relatives à la jeunesse à préparer, et élaborer des projets et des initiatives dans le cadre du Programme Euromed Jeunesse. Quatre pays au minimum doivent être concernés, dont un État membre de l’UE. Les nombres d’États membres et le nombre de pays méditerranéens partenaires impliqués doivent être concernés. Parmi les mesures d’accompagnement : des expériences de formation pratique, des visites de faisabilité, des séminaires de prise de contact, des visites d’études, des cours de formation, des sessions d’information des jeunes, et des partenariats et réseaux transnationaux. Les projets du programme sont financés par la Commission européenne dans une proportion allant de 70 à 100 % des frais. Des priorités thématiques « Au niveau du Liban, des projets sont en actuellement en cours de préparation. Mais nous avons commencé relativement tard en raison d’une période de vacances au niveau du coordinateur. C’est fin 2002 que le programme a redémarré. Nous avons élaboré un nouveau plan de travail, une nouvelle stratégie », affirme Élisa Aslanian. « Nous sommes sur le point de clore la première phase du programme, une phase de préparation, qui visait à présenter et à promouvoir le programme dans tous ses aspects, et à tisser un réseau de relations avec les ONG, ce qui n’a pas été de toute facilité, compte tenu des difficultés à franchir lorsqu’il est question de créer le contact entre le ministère de la Jeunesse et la société civile. Mais nous avons réussi à établir une certaine confiance, et le réseau grandit progressivement. Il compte actuellement une quarantaine d’ONG en contact permanent avec nous », indique-t-elle. ONG parmi lesquelles on peut dénombrer la Fondation des droits de l’homme et des droits humanitaires, Caritas, Ajial, la Croix-Rouge, Nouveaux droits de l’homme, Offre-Joie, le Secours populaire libanais, YMCA et Zavarian. Les représentants de ces associations de la société civile auprès du programme suivent des formations à l’extérieur, leur permettant de savoir comment utiliser le programme et d’acquérir de nouvelles compétences dans les thèmes-clefs que ce dernier propose. Élisa Aslanian enchaîne d’ailleurs sur la variété des priorités thématiques proposées par Euromed jeunesse : la participation active de la société civile, et le renforcement de la citoyenneté et de la démocratie, la place des femmes dans la société, la lutte contre le racisme et la xénophobie, la protection de l’environnement et du patrimoine culturel, et le droit des minorités. « Au Liban, on a commencé par organiser des formations, à présenter le programme. En septembre 2003 s’est tenue la première formation des démultiplicateurs, à la demande des six coordinateurs nationaux des pays arabes. Nous avons demandé à mettre en place un réseau permanent de volontaires issus d’associations autour de chaque coordinateur afin que nous puissions transmettre le message du programme. Le processus a commencé en septembre 2003 et a pris fin la semaine dernière, dans le cadre d’un séminaire d’évaluation. Je pense qu’il existe une véritable volonté de la part des institutions qui fonctionnent au sein du programme et de la Commission européenne d’aider le Liban. Ce n’est pas un hasard si ce processus (régional) commence et se termine dans ce pays », note Mlle Aslanian. La formation a regroupé 20 associatifs libanais avec, à la clef, dix démultiplicateurs labellisés. « Ces derniers démultiplient la fonction et les effets du coordinateur du programme. Ils agissent aussi bien au nom de la coordination que sur l’instigation de cette dernière. Avec ces dix démultiplicateurs, nous avons commencé à faire un recensement sur le terrain pour voir de quoi les associations ont besoin, si les difficultés sont surmontables. Et des sessions d’information – des contacts avec les différentes associations pour leur présenter le programme – ont débuté en mai 2004. Puis, en avril 2004, nous avons organisé une formation nationale pour 25 débutants membres d’associations, dont deux Palestiniens habitant les camps. Signe que le programme est vraiment ouvert à tout le monde. Et nous attendons actuellement que ces 25 personnes commencent à élaborer des projets », précise la coordinatrice du programme. Le dépôt des projets doit se faire à trois dates successives : le 1er novembre, le 1er février 2005 et le 1er juin 2005. « Entre-temps, nous assurons un suivi auprès de ces partenaires potentiels pour voir où ils en sont dans l’élaboration de leur projet et tenter de les soutenir dans leur démarche », assure-t-elle. « Ce programme est un outil. Ce n’est pas un but en soi. Il s’agit d’une opportunité offerte aux pays méditerranéens, et il serait dommage de ne pas l’employer dans le cadre d’une vision à long terme, de manière à acquérir les compétences nécessaires, à être capable de monter des projets, d’entretenir des relations, à l’extérieur entre les différentes associations et maintenir une durabilité », souligne Élisa Aslanian. Un message aux jeunes Selon Mlle Aslanian, 50 % des projets déposés ont pour thèmes la démocratie, la citoyenneté et les droits de l’homme. « Il s’agit là d’une priorité pour les ONG libanaises, de même que tout ce qui est gestion et résolution des conflits », dit-elle. Évoquant par ailleurs le séminaire interrégional des démultiplicateurs Euromed, qui s’est tenu du 7 au 12 septembre 2004, elle indique que cet événement a regroupé 45 personnes : une trentaine de participants libanais, jordaniens, algériens, tunisiens et syriens avec, en plus, l’équipe de coordinateurs arabes et de représentants des agences européennes – équivalent des coordinateurs des pays arabes. Étaient également présents, les représentants du centre de formation pour Euromed – le centre de ressources Salto – et les coordinateurs de la plate-forme Euromed jeunesse, un espace de dialogue ouvert à tous et dépolitisé, rassemblant toutes les organisations partenaires du programme, et qui a ouvert ses portes à Malte en septembre 2003. « L’idée était de collaborer ensemble. Quatre objectifs sous-tendaient ce séminaire : évaluer d’abord l’expérience de chaque démultiplicateur dans son pays, ce qu’il a réussi à accomplir comme soutien au coordinateur, tester ensuite une malle pédagogique Euromed qui devrait être lancée en janvier prochain et qui sera utilisée par tous les formateurs, élaborer une charte éthique pour les démultiplicateurs, pour octroyer une reconnaissance à leur travail. Et, enfin, analyser la situation internationale, prendre du recul et réfléchir ensemble pour voir comment se positionner entre la coopération Euromed, le contexte politique international et la situation politique nationale. Il était intéressant de voir comment chacun se positionnait au sein de ce triangle », ajoute-t-elle. Le message d’Élisa : « Le rôle des démultiplicateurs, et du programme en général, est de motiver les jeunes, de leur ouvrir les yeux pour qu’ils connaissent les opportunités qu’ils ont. D’abord, ils peuvent voyager et rencontrer des jeunes de leur âge. Il y a cette impression de déprime nationale, de se victimiser en permanence. Or, quand ils voyagent, les jeunes finissent par apprécier ce qu’ils ont dans leur pays et tirent profit de la richesse des autres pays. Ils perçoivent surtout des éléments qu’ils possédaient mais qu’ils n’avaient jamais vus avant de voyager. Par ailleurs, le but est d’activer le mouvement de jeunesse, qui n’existe pas au Liban. C’est dans cette optique de partenariat qu’il faut commencer à bouger. Pour revendiquer, il faut faire du lobbying. Et c’est aux jeunes de s’adresser au ministère, pour qu’il leur rende service, et vice versa. Il est plus que jamais nécessaire de créer cette interaction et d’entretenir ce partenariat entre les deux parties. » M.H.G.
Élisa Aslanian est la coordinatrice nationale du Programme Euromed jeunesse au Liban. Elle travaille au ministère de la Jeunesse et des Sports. D’une formation en sciences politiques – elle poursuit actuellement ses études en DEA à l’Université Saint-Joseph –, Élisa s’est rapidement distinguée, depuis son entrée au ministère, par son dynamisme et son efficacité,...