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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - Le président égyptien a évoqué la résolution 1559 avec Assad Moubarak va tenter une médiation entre Damas et Washington sur le Liban

Le président égyptien Hosni Moubarak a effectué hier une brève visite à Damas pour un entretien avec son homologue syrien, Bachar el-Assad, axé principalement sur le Liban et la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu. En soi, l’événement est d’importance et replace Le Caire au centre de la géopolitique régionale, M. Moubarak s’arrogeant un droit de regard sur le cœur même d’un dossier que Damas considérait jusqu’ici comme étant sa chasse gardée, à savoir la présence syrienne au Liban. Au-delà de la langue de bois habituelle du communiqué publié à l’issue des discussions, il est clair, au vu des dernières prises de position égyptiennes au sujet de la 1559, que la visite du président égyptien vise à inciter la Syrie à adopter – pour le moins – une attitude plus constructive à l’égard de cette résolution. Autrement dit, à montrer davantage de souplesse sur la question libanaise. Mais l’Égypte cherche aussi visiblement à éviter que la Syrie ne perde entièrement la face dans cette affaire et se propose donc d’intercéder en sa faveur auprès de la communauté internationale. D’où les informations qui ont circulé hier soir de sources égyptiennes, selon lesquelles Le Caire n’hésiterait pas à effectuer une médiation entre Damas et Washington tant pour ce qui est du volet libanais que pour le contentieux syro-américain à propos de l’Irak. Plus précises, certaines sources diplomatiques dans la capitale égyptienne, citées par des chaînes de télévision arabe, ont indiqué que M. Moubarak ne s’est pas contenté de généralités lors de son entretien avec M. Assad. Il lui aurait conseillé d’ores et déjà d’élaborer non seulement un plan de redéploiement de ses troupes au Liban, mais aussi un programme de retrait par étapes. Le chef de l’État égyptien était arrivé à Damas en matinée en compagnie de son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, et du porte-parole de la présidence égyptienne, Magued Abdel Fattah. Mardi, M. Abdel Fattah avait déclaré au Caire que les discussions porteraient « sur un certain nombre de questions d’intérêt commun », parmi lesquelles la réponse à donner aux dispositions de la résolution 1559. Les questions palestinienne et irakienne devaient également figurer à l’ordre du jour. Selon l’agence officielle syrienne Sana, MM. Moubarak et Assad ont souligné lors de leur rencontre leur soutien à « la souveraineté totale du Liban et son droit à gérer librement sa politique intérieure » en « rejetant l’ingérence dans ses affaires intérieures ». Les deux hommes se sont dit par ailleurs « attachés à la sécurité, à la stabilité et à l’unité de l’Irak », ajoute l’agence. Selon Sana, les deux chefs d’État ont aussi souligné « leur appui au dialogue interpalestinien instauré sous le parrainage du Caire » et ont jugé « important qu’Israël exécute ses engagements pour améliorer la situation humanitaire du peuple palestinien et pour entamer des négociations en vue de la création d’un État palestinien indépendant ». Conférence de presse de Obeid La visite de M. Moubarak à Damas est intervenue au lendemain de la réunion au Caire des ministres arabes des Affaires étrangères. Ces derniers s’étaient contentés d’adopter une résolution appuyant le « droit souverain du Liban à effectuer ses choix politiques internes », en s’abstenant de faire référence à la résolution 1559. Selon des informations publiées par la presse régionale, le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, avait demandé à ses pairs de rejeter la résolution 1559 qui, selon lui, constitue une menace flagrante contre la Syrie et une ingérence officielle dans les affaires du Liban. Son homologue jordanien, Marwan Moasher, a riposté, en affirmant que la Ligue arabe ne pourrait pas s’opposer aux résolutions de la légalité internationale. Mardi, M. Abdel Fattah avait « mis en garde la Syrie (contre une absence de coopération avec l’Onu) qui serait la porte ouverte à une autre intervention du Conseil de sécurité », rapprochant ainsi la position égyptienne de celle de la Jordanie. Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, doit présenter dans les 30 jours un rapport, qui pourrait notamment prévoir des sanctions économiques, a-t-il rappelé. Peu avant son retour à Beyrouth, hier, le chef de la diplomatie, Jean Obeid, a tenu au Caire une conférence de presse au cours de laquelle il s’est exprimé sur les initiatives que prendra le Liban lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, à New York, pour faire connaître sa position au sujet de la résolution 1559. M. Obeid a notamment indiqué que toute action sera menée dans un cadre multilatéral arabe et que le Liban ne prendra pas d’initiative « individuelle ». « Il y aura à l’Onu un suivi de toutes les décisions qui ont été prises et la position du Liban dans ce cadre reposera sur la légalité internationale et sur les droits naturels et souverains dont jouit en principe n’importe quel pays », a-t-il affirmé. M. Obeid a également indiqué qu’il participera à New York à une série de réunions du comité arabe de suivi et à la réunion interarabe qui aura lieu à l’initiative du ministère égyptien des Affaires étrangères au siège de la mission égyptienne à l’Onu. « Nous tiendrons également des réunions avec les membres du Conseil de sécurité, ainsi qu’avec le secrétaire général de l’Onu et les ministres des Affaires étrangères des pays membres », a-t-il ajouté. « Il nous est demandé de nous comporter à l’égard de la résistance d’une manière qui fasse abstraction du fait qu’un territoire libanais est toujours sous occupation », a-t-il estimé. D’autre part, « certains voudraient que le Liban entre en confrontation avec les Palestiniens et que ces derniers ne puissent pas bénéficier du droit de retour », a-t-il ajouté. « Dans les deux cas, nous n’acceptons pas d’être un instrument dans un affrontement ni avec notre peuple, et surtout les résistants, ni avec les Palestiniens », a-t-il dit. Interrogé sur la résolution adoptée dernièrement par la Chambre des représentants américaine au sujet des atteintes aux droits de l’homme en Syrie et qui appelle également au retrait des troupes syriennes du Liban, M. Obeid a estimé que le Congrès américain, « lorsqu’il se penche sur les droits de l’homme, ferait mieux d’avoir une vision globale, incluant les territoires palestiniens et l’Irak, plutôt que partielle ». Enfin, au sujet des relations entre le Liban et la France, M. Obeid a réaffirmé que celles-ci ne pouvaient pas se réduire à « des échéances passagères, comme une élection présidentielle ou un amendement constitutionnel ». Il a indiqué que le Liban allait entrer en contact avec la France et tenter d’obtenir de celle-ci qu’elle modifie son attitude.
Le président égyptien Hosni Moubarak a effectué hier une brève visite à Damas pour un entretien avec son homologue syrien, Bachar el-Assad, axé principalement sur le Liban et la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu.
En soi, l’événement est d’importance et replace Le Caire au centre de la géopolitique régionale, M. Moubarak s’arrogeant un droit de regard...