Rechercher
Rechercher

Actualités

OPINION De grâce, cessez de déprimer !…

Par Georges KADIGE Messieurs les politiciens, les hommes de religion, les diplomates, les gens des médias et les porte-parole de toutes sortes, nous apprécions éminemment vos connaissances, vos capacités d’analyses, vos dons de voyance, mais nous savons aussi que vous n’avez pas tous des principes permanents mais des intérêts permanents comme a eu la sincérité, la loyauté et le courage de le dire un jour Disraeli, alors Premier ministre du Royaume-Uni : «L’Angleterre n’a pas d’amis permanents, elle a des intérêts permanents.» Quant à vous, Messieurs, le peuple connaît parfaitement vos motivations, de quelque bord que vous soyez et quelque pureté que vous affichiez, de même qu’il connaît ce qui vous stimule en réalité et vous incite à adopter telle ou telle position, exactement comme le disait Alfred de Musset, à qui on conseillait de faire de la politique : « La politique hélas ! Voilà notre misère, mes meilleurs ennemis me conseillent d’en faire, être rouge aujourd’hui, blanc demain, ma foi non… ». Tout cela nous le savons, le peuple le sait et personne ne pourra lui faire avaler les couleuvres qu’on prétend lui servir à tous les repas, mais de grâce cessez de démoraliser le peuple libanais, et en particulier le peuple chrétien du Liban, tous rites confondus. Ne dramatisez pas encore plus des situations qui, pour n’être pas brillantes, ne sont pas désespérées non plus. Ces situations il nous faut bien les affronter avec courage, avec sagesse et avec patience et nous comptons sur vous pour nous y aider. De grâce, n’utilisez plus des formules qui donnent froid dans le dos et ne laissent d’autres choix que de se suicider ou de partir, telles que : « C’est la fin de la démocratie au Liban » ou « Le Liban risque de se retrouver au ban de la communauté internationale.» Aidez plutôt les gens à penser positif. Exhortez-les à méditer des paroles apaisantes telles qu’on en trouve de merveilleuses dans l’Évangile, le Coran ou le Nahj el-Balaga et chez certains penseurs et philosophes. Ce sont de telles paroles dont le peuple a besoin et qu’il est assoiffé d’entendre et non des annonces apocalyptiques qui lui prédisent toutes sortes de malheurs et de catastrophes comme si la fin du Liban était imminente ou tout au moins celle de ses chrétiens ou de son visage particulier. François Mauriac écrivait dans l’un de ses livres : « Si vous ne brûlez pas d’amour d’autres mourront de froid » et c’est Vauban, je crois, qui a dit : « Le sentiment de la défaite c’est déjà la défaite » tandis que Danton avait lancé cette exhortation célèbre à la fin de son discours du 2 septembre 1792 à l’Assemblée législative pour soulever la nation contre les ennemis de la République : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la France sera sauvée !… » Ce sont des paroles semblables qui conviennent à des hommes qui entendent orienter le peuple. Des paroles d’encouragement, d’espoir, de dynamisme. Des paroles qui redonnent confiance à la jeunesse en son pays et en son sort. Des paroles qui illuminent le présent et font croire en un avenir radieux. Des paroles qui incitent les jeunes à rester attachés à leur sol, à leur patrie, à la terre de leurs ancêtres, leurs « patres », qui font la « patria » et lui donnent tout son sens. À espérer contre toute espérance, à redire avec Napoléon que le mot impossible n’existe pas et ne doit pas exister, à croire que tout vient à temps à qui sait attendre. Des paroles apaisantes, encourageantes, vivifiantes et dynamisantes. Des paroles qui rassurent et non des propos alarmistes, qui laissent croire que c’en est fini du Liban, de son visage particulier, spécifique, unique au monde, qu’aucun autre pays ne peut lui ravir ou l’égaler et encore moins se substituer à lui. Il faut que les jeunes sentent que leurs leaders débordent de foi en ce Liban, pour qu’ils puissent continuer à y croire, car si par malheur ils venaient à avoir l’impression, à tort ou à raison, que les leaders désespèrent, ils en désespéreraient complètement et peut-être même, en arriveraient-ils à désespérer de Dieu et à désespérer de l’homme. Le Liban n’est-il pas passé par des situations beaucoup plus critiques que celle où il se trouve aujourd’hui et n’a-t-il pas toujours réussi à s’en sortir ? Et le Christ en croix, désastre pour les apôtres, folie pour les juifs, scandale pour les gentils, n’enregistrait-Il pas sa plus grande victoire sur le monde et sur le mal et n’était-ce pas le Salut qui se réalisait par la Croix : « Quand je serai élevé de terre j’attirerai tout à moi.» N’oubliez pas, Messieurs, que nous sommes le pays du Phénix qui renaît sans cesse de ses cendres, que le Liban est «immortel», «indestructible», «indomptable», qu’il est un «message», selon les propres termes de Jean-Paul II, mais encore plus «un signe élevé parmi les nations», un modèle unique, une expérience sans pareil, sa devise pourrait parfaitement être «Fluctuat nec mergitur», il peut être ballotté, il ne coule pas. Ce sont ces vérités qu’il faut que l’on entende sans cesse répéter, ce sont de telles paroles qui sont le meilleur antidote contre le désenchantement, le désespoir et l’abdication pour ne pas confirmer ce que me disait un jour l’ambassadeur d’un pays européen : « Il n’y a que vous les Libanais à ne pas connaître la valeur de votre pays.» De grâce, Messieurs, soyez toujours nos guides et nos meneurs mais vers le meilleur, vers l’espoir, vers l’espérance, et ne permettez jamais que soit tuée en nous l’Espérance, car l’Esprit vit et tant que l’Esprit vit rien ne peut le vaincre.
Par Georges KADIGE
Messieurs les politiciens, les hommes de religion, les diplomates, les gens des médias et les porte-parole de toutes sortes, nous apprécions éminemment vos connaissances, vos capacités d’analyses, vos dons de voyance, mais nous savons aussi que vous n’avez pas tous des principes permanents mais des intérêts permanents comme a eu la sincérité, la loyauté...