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Actualités - CHRONOLOGIE

Patrimoine - Pavillon médiéval dans les eaux territoriales libanaises « Cilicia » : bienvenue à bord (photo)

Réputés pour leur attachement viscéral à l’histoire dont ils tirent tous les enseignements possibles et imaginables, les Arméniens ne finiront jamais d’étonner le monde. Dernier coup de génie, la construction d’un voilier marchand, Cilicia, une reproduction d’un navire du XIIIe siècle, qui a nécessité 11 années de labeur, et des recherches historiques et archéologiques stupéfiantes. Amarré depuis quelques jours au port de la Marina de Dbayé, le bateau vient de conclure la première étape d’un périple qui devait l’emmener à sillonner les « sept mers », représentant l’itinéraire marchand des temps médiévaux. Destiné à porter haut les couleurs de l’Arménie historique, ce voyage a été effectué par quatorze cadres, qui ont tous en commun deux fixations : la navigation et leur patrie, qu’ils tentent de réconcilier en diffusant à chaque port d’attache le patrimoine culturel incarné par ce voilier. Né dans l’imaginaire d’une vingtaine de professionnels arméniens – ingénieurs, médecins, photographe, informaticien, musicien, écrivain, metteur en scène, etc. –, le vaisseau a commencé à devenir réalité lorsque son capitaine, Karen Balayan, un expert en histoire nautique et en construction navale, a achevé ses recherches scientifiques portant sur le projet. Une fois les objets archéologiques, les manuscrits, les miniatures et descriptions des historiens rassemblés, il ne restait plus qu’à trouver les matériaux adéquats – du bois de pin et de chêne, ainsi que du cuivre – pour reproduire en taille réelle le bateau marchand du royaume d’Arménie. Cilicia mesure 20 mètres de long et 5 mètres de large. Il possède un mât, pèse plus de 20 tonnes. Achevé le 14 juillet 2002, Cilicia prend le large pour promouvoir l’histoire et la culture arméniennes après avoir été testé deux années durant sur le lac Sevan. D’erevan, le bateau a été remorqué jusqu’en Géorgie où s’est entamé un voyage de plusieurs mois, qui l’a mené de Russie en Ukraine en passant par la Bulgarie, la Turquie, Chypre puis Beyrouth. Pour les 14 membres de l’équipage, cette randonnée en mer puise toute sa signification à la lecture d’une histoire chargée de sens et riche en enseignements civilisateurs. « De port en port, nous avons voulu transmettre le message culturel à toutes les populations du monde, à savoir le poids de l’histoire comme une passerelle vers le futur. Le bateau, qui a de tout temps incarné un merveilleux moyen de communication entre les cultures, se veut ici la symbolique même de la globalisation, revue et corrigée à la lumière de l’histoire », affirme le capitaine. Pour Karen Balayan, comme pour le reste de l’équipage, l’expérience ne s’arrête pas là. « Outre le caractère scientifique recherché à travers cette expédition – l’idée étant de ressusciter ce que nos ancestres ont vécu plusieurs centaines d’années auparavant sur cette embarcation –, nous avons voulu partager en même temps une expérience psychologique inédite, incarnée par une vie en huis clos de plusieurs mois dans des conditions difficiles », explique le capitaine. À bord, et malgré l’ambiance à l’ancienne dans laquelle baigne l’équipage, les symboles de la modernité demeurent à tout moment présents : ordinateur constamment connecté à l’Internet, imprimantes appareils photos numériques, caméras dernier cri, guitare et système acoustique perfectionné. Une véritable alchimie à bord, que le capitaine qualifie de « retour vers le passé pour mieux vivre le futur ». Jeanine JALKH
Réputés pour leur attachement viscéral à l’histoire dont ils tirent tous les enseignements possibles et imaginables, les Arméniens ne finiront jamais d’étonner le monde. Dernier coup de génie, la construction d’un voilier marchand, Cilicia, une reproduction d’un navire du XIIIe siècle, qui a nécessité 11 années de labeur, et des recherches historiques et archéologiques...