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Loi électorale - Bkerké et Baabda pourraient se mettre d’accord Le concept de la petite circonscription serait, en définitive, adopté

La rentrée. Pour le patriarche Sfeir, qui quitte le siège d’été de Dimane pour regagner Bkerké, elle va être marquée par une rencontre avec le chef de l’État. Pour une salutation traditionnelle. En effet, à chaque début de régime, nouveau ou prorogé, le tenant de l’office sollicite la bénédiction spirituelle patriarcale. Ensuite, le patriarche dépêche au palais une délégation d’évêques pour des congratulations et des vœux de réussite au président. Le respect de ce protocole revêt déjà une certaine signification politique. Dans ce sens qu’il confirme que Bkerké, qui prône l’apaisement, n’est pas disposé à prendre l’initiative d’une rupture définitive des ponts avec le pouvoir. Comme le souhaitent des opposants radicaux. Dont les rangs, il faut quand même le souligner, ont beaucoup grossi ces derniers temps. Mais au-delà de tout « pacte de non-agression », il n’est pas du tout impossible que le patriarcat mette l’occasion à profit. Sur un volet essentiel à ses yeux : la loi électorale. Il sait en effet que le régime, comme il l’a clairement proclamé dès les premières heures de la prorogation, est demandeur de rapprochement. Et que, sachant l’importance du sujet pour la hiérarchie religieuse, il a déjà précisé qu’il compte favoriser une loi électorale juste. Dont les dispositions seraient les mêmes pour toutes les régions. Ce qui n’était pas du tout le cas pour les précédentes éditions de la présente République. Toutes inégales, toutes en infraction avec Taëf, toutes taillées sur mesure. Pour faciliter la mainmise des pôles, et des blocs, relevant des décideurs. Ces derniers, selon des sources informées, seraient désormais enclins eux-mêmes à ne pas favoriser les grandes circonscriptions. Pourquoi ? Parce qu’elles produisent de grands blocs (trois suffisent actuellement pour former la majorité) qui, à tout prendre, sont plus difficiles à manipuler que de petites formations disloquées. Comme l’a montré récemment la « rébellion » du bloc Joumblatt. L’an prochain, il est donc possible que l’on s’accorde sur la petite circonscription, caza ou autre, qui est réputée assurer à la fois une représentation de proximité et des élections régulières. La question devrait être abordée au cours de la réunion de travail que le patriarche et le président doivent avoir, avant le déjeuner qui sera donné à Bkerké en l’honneur du général. Ils devraient également évoquer les réformes à accomplir, les trajectoires à corriger, les erreurs à éviter ou à réparer. Fautes accumulées, mises en exergue dans le dernier manifeste des évêques. Pour l’heure, les visiteurs du patriarche soulignent qu’il maintient ses positions. Il n’approuve pas un amendement effectué au profit d’une personne. Il souligne qu’il n’a rien personnellement contre le président Émile Lahoud. Qu’il faut au contraire veiller à garder des liens avec Baabda. Mais, à ses yeux, toute retouche de la Constitution devrait être d’ordre aussi bien global que consensuel avéré. Il aurait donc fallu, si l’on visait l’intérêt national bien compris, ne pas se limiter à l’article 49. Mais débattre de tout un panier de conventions nouvelles. Ce qui aurait été amplement justifié, au vu des dérives, des lacunes et des failles du texte issu des accords de Taëf. Pour le patriarche, maintenant que le mal est fait, il faut tenter d’en limiter les dégâts. Par l’application de Taëf, dans la lettre comme dans l’esprit. Et par les réformes. Tendances globales Cette orientation implique par elle-même, soulignent les visiteurs du patriarche, que l’on écarte toute idée de boycott du pouvoir. Ou d’escalade au niveau de la rue. Si opposition il doit y avoir, il faut la concevoir dans un cadre de comportement civique, à travers les institutions. Sans se livrer à la déprime. Le patriarche appelle donc les Libanais à la lutte tranquille, en leur rappelant qu’il faut toujours réclamer son droit. Il indique à ce propos que nul ne doit tenter de punir l’opposition, les antiamendement, ou celui qui demanderait ses droits. Ajoutant qu’il faut mettre un terme aux abus enregistrés à ce propos. Car nul ne doit se considérer au-dessus de la loi. En espérant que, plus tard, on pourra corriger l’ensemble de la Constitution, en base d’un consensus vraiment national. Pour ce qui est des relations avec la Syrie, le patriarche les souhaite excellentes. Mais, évidemment, dans le respect mutuel de la souveraineté, de l’indépendance, de l’autonomie de décision, des spécificités nationales de chaque partenaire. Il va même plus loin, en reconnaissant la nécessité de maintenir le jumelage des deux volets sur le plan régional, c’est-à-dire face à Israël. Mais il répète qu’il n’est pas admissible que la Syrie intervienne dans les affaires intérieures du Liban. Les Syriens, de leur côté, répètent depuis des mois, sans résultat concret, leur profonde estime pour Mgr Sfeir. Ils ont estimé sa propre appréciation du discours du président Assad à Charm el-Cheikh. Ainsi que ses positons sur l’Irak, son rejet des pressions US sur la Syrie et du Syria Accountability Act. Ils ajoutent qu’ils estiment que les observations du manifeste des évêques sur les dérives intérieures libanaises, la corruption, le gaspillage, etc., sont parfaitement justifiés. Dès lors, leurs alliés du cru ont été priés de ne pas attaquer le manifeste en question. Ils sont donc invités à s’ouvrir sur Bkerké. Avec une allusion au fait que son avis serait pris en compte pour la formation du prochain gouvernement. Et pour la nouvelle loi électorale. Mais c’est ce qui avait été dit, déjà, pour la présidentielle. Et on a vu ce que ces promesses ont donné sur le terrain. Philippe ABI-AKL
La rentrée. Pour le patriarche Sfeir, qui quitte le siège d’été de Dimane pour regagner Bkerké, elle va être marquée par une rencontre avec le chef de l’État. Pour une salutation traditionnelle. En effet, à chaque début de régime, nouveau ou prorogé, le tenant de l’office sollicite la bénédiction spirituelle patriarcale. Ensuite, le patriarche dépêche au palais...