L’émissaire chinois reçu par Lahoud et Berry « Le Liban doit bénéficier d’une souveraineté totale pour régler ses dossiers internes », affirme Wong Shi Jie

Arrivé hier à Beyrouth, l’émissaire chinois pour le processus de paix au Moyen-Orient, Wong Shi Jie, a réaffirmé les réserves de son pays par rapport à la résolution 1559 du Conseil de sécurité, appelant au retrait de toutes les forces étrangères du Liban, tout en soulignant que son pays souhaite que le gouvernement libanais « bénéficie d’une souveraineté totale afin de régler les dossiers internes ». M. Wong Shi Jie qui effectue une visite de quarante-huit heures à Beyrouth a été reçu à son arrivée par le président de la Chambre, Nabih Berry, avant d’avoir un entretien, en soirée, avec le chef de l’État, le général Émile Lahoud. Devant les deux dirigeants libanais, ainsi que dans ses déclarations à la presse, le responsable chinois a réaffirmé les réserves formulées par Pékin au sujet de la résolution 1559. La Chine, rappelle-t-on, s’était abstenue de voter en faveur de ce texte. « Pékin avait refusé dès le départ de discuter de cette affaire devant le Conseil de sécurité car, conformément aux principes qui régissent les relations internationales, le peuple d’un pays déterminé doit détenir la décision concernant des sujets qui le concernent », a-t-il souligné. Dans la déclaration qu’il avait faite à sa descente d’avion, à l’AIB, M. Wong Shi Jie avait réitéré l’appui de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Liban, avant d’ajouter : « La Chine appelle aussi à ce que le gouvernement libanais bénéficie d’une souveraineté totale pour régler les dossiers internes. » En réponse à une question, il a déclaré : « Nous ne soutenons pas l’intervention du Conseil de sécurité et nous considérons qu’il appartient au peuple libanais de prendre une décision en ce qui concerne la présidentielle et l’amendement de la Constitution, du moment qu’il s’agit de deux questions soumises à la souveraineté libanaise. » Pour ce qui est de l’objectif de sa visite, il a expliqué qu’elle s’inscrit dans le cadre des efforts fournis par son pays pour débloquer le processus de paix, avant d’appeler à une paix juste, globale et durable dans la région, fondée sur les principes de la conférence de Madrid. « Nous savons tous que la cause palestinienne est au cœur même du problème du Moyen-Orient. Le gouvernement libanais continue de soutenir cette cause pour laquelle son peuple a beaucoup donné. Aussi n’est-il pas possible de dissocier la paix au Liban de la paix en Palestine », a-t-il poursuivi. M. Wong Shi Jie, qui sera reçu aujourd’hui par le chef de la diplomatie, Jean Obeid, devait faire état d’une concordance de vues avec ses interlocuteurs au sujet des diverses questions discutées. Le président Lahoud, qui s’est félicité de la position de la Chine par rapport à la 1559, a notamment expliqué à son hôte que cette résolution s’inscrit dans le cadre des pressions exercées sur la Syrie pour la pousser à changer sa stratégie concernant le conflit israélo-arabe. « Ce genre de pressions n’empêcheront cependant pas le Liban de rester attaché à ses droits justes et à sa vision des solutions qui doivent être appliquées en vue de régler la crise du Moyen-Orient », a-t-il déclaré en plaidant en faveur d’une paix « juste, globale et durable fondée sur le retrait israélien de tous les territoires arabes occupés au Liban, en Syrie, en Palestine, le retour des réfugiés palestiniens dans leur pays et l’interdiction de leur implantation dans les pays d’accueil, notamment le Liban ». Le général Lahoud a en outre indiqué que « les relations libano-syriennes se fondent sur le respect mutuel de la souveraineté et de l’indépendance des deux pays ». « Il leur appartient, a-t-il ajouté, de prendre les décisions qui garantissent leurs intérêts communs ainsi que ceux de leurs peuples respectifs ».