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FESTIVAL AL-BUSTAN - « Vive la France ! » par l’ensemble Koenig Soirée ludique autour du surréalisme musical du Groupe des Six (photos)

Les années qui encadrent la Première Guerre mondiale ont vu, en France tout particulièrement, l’émergence d’une expression artistique radicalement nouvelle qui se faisait un point d’honneur de bousculer toutes les certitudes. Les fortes accointances de poètes, de musiciens et d’écrivains atteignent leur point le plus culminant. C’est ce moment pour le moins particulier qu’a voulu exposer Jan Latham-Koenig au public du Festival al-Bustan, mercredi soir, avec une remarquable énergie. Au programme, les étoiles du Groupe des Six, Francis Poulenc, Darius Milhaud et leur mentor inclassable: le fantasque et flamboyant Erik Satie. Ces créateurs, auxquels il faut accoler les noms de Germaine Tailleferre, Louis Durey, Arthur Honegger et Georges Auric, ont voulu prouver ensemble, avec force tapage, que le lyrisme était bon à jeter aux orties. Adieu harmonie et bonjour collages sonores faits de séquences aussi disparates que le sifflet, la trompette, le klaxon et la machine à écrire, très appréciée par ce qu’il sera convenu d’appeler les surréalistes. Un «sang de poète» gaspillé pour rien Ouverture prudente – les auditeurs n’ont pas été au bout de leurs surprises – et efficace avec la Suite d’après Corette de Darius Milhaud pour clarinette, hautbois et basson. Voilà de minuscules particules musicales cornaquées par une clarinette trempée dans les balbutiements, en France, du jazz et suivies de près par les autres vents, au phrasé presque humain, autrement dit totalement tourmenté, inclassable et qui a filé entre les oreilles comme une savonnette, qui ont mis le public au parfum. Suivront Satie et ses Choses vues à droite et à gauche (sans lunette) – violon et piano –, puis Poulenc et sa terrible Sonate pour violon et piano, remplie par la douleur de la perte d’un ami cher, Lorca, fusillé par les franquistes. L’interprétation, de manière inattendue, a été plutôt décevante et n’a servi qu’à donner envie de se ruer chez un disquaire et d’écouter une version décente de cette avalanche de révolte contre un « sang de poète » gaspillé pour rien. Scandale et fêtes somptueuses Avant l’entracte et en clou de soirée, s’est déroulée la projection d’Entr’acte, film court de René Clair, prévu pour habiller le spectacle de Satie, scandaleusement intitulé Relâche. Au moment de la première, les spectateurs, furieux, sont ressortis d’un théâtre où rien ne se passait, excepté le mot « relâche » inscrit sur le rideau rouge. Un moment aussi unique qu’original que celui d’écouter en concert la musique d’un film, signée Satie et encore une fois aussi novatrice que harassante, pour piano à quatre mains. Retour, après l’interruption, de Satie et de Poulenc, pour des pièces tout à fait curieuses et passionnantes, comme La statue retrouvée, pour trompette et piano, de Satie, et les partitions pour voix et instruments du plus célèbre des Six. Le Bal masqué, adorable composition pour cordes, vents percussions et baryton, s’articule autour de poèmes de facture résolument surréaliste et donne un aperçu proprement vivant des années Folles dans un Paris saturé de pression, d’argent et de fêtes, toutes plus somptueuses les unes que les autres. C’est pour l’une d’entre elles, donnée par un certain comte de Beaumont, que ce collage insolent a été écrit. Si la plupart des interprétations n’ont pas satisfait les attentes, il n’en reste pas moins que Vive la France! restera un des moments forts du festival et que Jan Latham-Koenig devrait régulièrement y revenir, afin d’y dispenser son enthousiasme contagieux pour une musique impertinente et follement gaie. Diala GEMAYEL Quatre voix pour les chants d’amour de Brahms, demain samedi 13 mars Soirée singulière où l’amour occupe toute l’aire et la flaque de lumière de la scène… Plus de trente chants d’amour par le plus rêveur et le plus tendre des musiciens, le dévoué ami de Clara Schumann. On parle bien entendu des Liebeslieder (18) et des Neue liebeslieder (15) de Johannes Brahms, plus connu du grand public pour ses sémillantes et colorées rhapsodies. Pour le Festival d’al-Bustan, quatre chanteurs (Ermonela Jaho, soprano, Christina Fogli, mezzo, Mirko Guardagnini, tenor, et Lorenzo Muzzi, basse) accompagnés au piano par Sabrina Arantario et Antonio Palareti vont donner, le samedi 13 mars, un récital groupant les trémolos et les frémissements de cœur de celui qui, des bords de l’Elbe, émigra jusqu’au Danube. Et ce n’est guère un hasard si un air de valse « straussienne » habite quelques-unes de ces complaintes soutenues pour la première fois par un piano à quatre mains. Pour les paroles, c’est à Goethe et George Friedrich Daumer (groupant les poèmes d’amour d’après un répertoire de chansons populaires russes, polonaises et hongroises) que nous devons la beauté et le lyrisme de ces chants qui immortalisent, une fois de plus, le sentiment de plénitude quand le cœur vit au rythme de la passion.


Les années qui encadrent la Première Guerre mondiale ont vu, en France tout particulièrement, l’émergence d’une expression artistique radicalement nouvelle qui se faisait un point d’honneur de bousculer toutes les certitudes. Les fortes accointances de poètes, de musiciens et d’écrivains atteignent leur point le plus culminant. C’est ce moment pour le moins...