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Actualités - CHRONOLOGIE

Les endroits branchés Solea, charme et caractère (photo)

Si l’envie de partir vous prenait, un soir de pleine lune, un jour de pluie, comme une impatience, un désir de briser le quotidien – mêmes endroits un peu trop surfaits, mêmes menus « éclectiques » et mêmes visages qui se ressemblent – un petit voyage en Espagne s’impose. La destination s’appelle Solea. C’est à la rue Monnot. «Solea, avec l’accent espagnol, signifie charme et caractère, explique Zeina Saab de Melero. Avec un accent sur le « e » et toujours l’accent du pays, Soléa – qui vient de Soleares – est un rythme de danse qui est à la base du flamenco. » Solea, on l’écrit comme on veut, on le prononce comme on veut aussi, mais toujours avec le sourire. C’est un vent de liberté, d’exotisme et de bonne humeur parfumé à la poudre magique de la passion. Un brin de folie dont sont fières la fille, Zeina, et sa mère Jésus (prononcez Khesous). « On a une folie différente ! » nous rassure la première. Mais elles ont certainement une folie peu ordinaire qui a permis la naissance de ce lieu particulier. Une taverne espagnole Tout a commencé en 1968, lorsque la fille d’un diplomate et d’une chanteuse – connue sous le nom de Isa Pereira – débarque à Beyrouth. Jésus – il faut être elle pour porter ce prénom avec autant de légèreté – alors danseuse professionnelle, était venue donner une représentation de flamenco chez nous. « Elle est venue au Liban en dansant ! » s’exclame Zeina. Elle va y trouver l’amour et une nouvelle vie. Le mariage et trois enfants suivront. La danseuse range ses pointes pour quelques années de bonheur et les ressort à la mort de son époux. Mais donner des cours de danse ne l’amuse pas longtemps. Elle préfère recevoir des amis chez elle, à qui elle prépare des plats, imbibés du soleil d’Espagne, qui font l’unanimité. Ils en redemandent. Tellement que le projet d’ouvrir « un petit restaurant simple, qui sert des plats catalans populaires et connus», devient une suite logique. Un projet fou que les deux femmes, seules mais décidées, vont créer à leur image. La métamorphose « Ici, il y a une atmosphère différente, il y a nous... », dit Jésus, entre une cigarette à peine éteinte et la suivante. Elles, ce sont deux femmes qui prennent la vie avec rage, humour ou détermination, au besoin. Qui se comprennent et s’entendent parfaitement. L’atmosphère, ce sont elles qui l’ont créée, avec la complicité d’un ami architecte, Mathieu Sfeir, un artiste, lui aussi. « Il n’y avait pas alors beaucoup de restaurants à Monnot. Ce n’est pas la rue mais l’endroit qui nous a attirés », précisent-elles en chœur. Malgré son état qui en aurait dissuadé plus d’un – « c’était un poulailler abandonné et un lieu de passage durant la guerre » –, malgré un jardin délaissé, « nous avons enlevé un mètre et demi de décombres ». Le trio savait déjà ce qu’il allait en faire. Les mains dans le béton, ils s’y mettent et, comme par magie, transforment l’endroit, six mois de dur labeur plus tard, en une véritable taverne espagnole, avec tout ce qu’elle peut avoir de charmant, de coquet et de personnel, la prétention en moins. « L’architecture du Solea est très féminine, il y a des courbes partout, qui étaient voulues par Mathieu et ma mère et qui sont accentuées par tous ces murs rajoutés. C’est une caresse... », souligne Zeina. Une caresse qui donne envie de regarder, siroter son verre de sangria en attendant la suite, remarquer tous les petits détails à petits budgets, faits maison, faits main, des valeurs ajoutées. Que l’on soit logés à l’intérieur, dans ce petit espace intime aux couleurs chaudes et amicales, ou dans le jardin, entouré d’arbres – des figuiers, des mûriers –, le charme opère sur un air de musique espagnole. Le chanteur accorde sa musique à l’ambiance, de mercredi à dimanche, entouré de chats silencieux et timides. Lorsqu’enfin les hôtes étalent leurs plats – des spécialités de « là-bas », confectionnées par Jésus et ses assistants, avec à leur tête Toufic – qu’ils dévoilent leur paella, bien sûr, mais aussi les tapas, les salades, les postres et les platos, le bonheur s’invite à votre table. Ouvert tous les jours de l’année, sauf le 24 décembre, le restaurant, qui n’a rien perdu de son côté taverne, accueille une clientèle simple, faite d’habitués, de politiciens discrets et de gentlemen ambassadeurs. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il grêle, « le 14 février, il a grêlé, les gens assis dehors souriaient », il fait toujours beau dans ce coin d’Espagne, à l’abri des modes, qui déverse ses couleurs et ses parfums jusqu’au bas de la rue Monnot. Carla HENOUD
Si l’envie de partir vous prenait, un soir de pleine lune, un jour de pluie, comme une impatience, un désir de briser le quotidien – mêmes endroits un peu trop surfaits, mêmes menus « éclectiques » et mêmes visages qui se ressemblent – un petit voyage en Espagne s’impose. La destination s’appelle Solea. C’est à la rue Monnot.
«Solea, avec l’accent espagnol, signifie charme...