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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - Le ministre russe des AE a reconnu devant Lahoud, Hariri et Obeid « le droit souverain du peuple libanais » Moscou rappelle son alliance avec Washington et Paris et conseille à Beyrouth la prudence au sujet de la 1559 (photo)

Selon des sources bien informées, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a été on ne peut plus clair avec les responsables libanais. Pour lui, c’est avec beaucoup « de prudence et d’attention » que les autorités libanaises (et syriennes) devraient appréhender la résolution 1559 de l’Onu portant sur le Liban et la Syrie, « parce que ceux qui l’on initiée sont les États-Unis et la France ». Il a même été plus loin, faisant bien comprendre que la position de Moscou, qui s’était abstenue lors du vote au Conseil de sécurité de cette résolution appelant au respect de la souveraineté libanaise, « ne changera pas ». Comprendre par là que la Russie n’irait pas plus loin que cette abstention et ces réserves, et ne lèverait en aucun cas le ton devant les États-Unis et la France. Même si le ministre Lavrov a réitéré le droit du Liban de choisir le président de la République qu’il souhaite, et que c’est par un accord entre Beyrouth et Damas que la question de la présence armée syrienne sur le territoire libanais peut être résolue. Toujours selon les mêmes sources, les arguments que le chef de la diplomatie russe a entendus ce week-end l’ont convaincu : que la 1559 est « une ingérence dans les affaires intérieures libanaises et dans les relations libano-syriennes ». Et c’est pour cela que la Russie s’est abstenue, a-t-il expliqué à ses interlocuteurs, précisant que si Moscou n’avait pas usé de son droit de veto, c’était pour ne pas indisposer ses alliés américain et français. Sergueï Lavrov a également partagé les craintes de son homologue libanais, Jean Obeid, selon lequel l’application de la 1559 entraînerait « une explosion » au Liban, une transposition du conflit à l’intérieur de la scène libanaise, l’arrêt de la lutte pour la récupération des fermes de Chebaa, sans compter d’éventuels problèmes entre l’armée et la résistance. D’autre part, lorsque le ministre russe a demandé si le gouvernement libanais allait ordonner le déploiement de l’armée le long de la ligne bleue, il lui a été répondu que l’État, « sous ses différentes formes », est présent au Liban-Sud, et que si l’armée y était envoyée, cela équivaudrait à donner à Israël un atout supplémentaire et gratuit, et qui ne garantirait en rien la récupération des fermes de Chebaa ou d’autres territoires arabes occupés. D’autant que cette hypothèse créerait de sérieuses tensions entre l’armée et des réfugiés palestiniens que gagnerait un vif sentiment de déception. Quoi qu’il en soit, Sergueï Lavrov a promis d’aider Beyrouth à limiter les dégâts que pourrait causer, au Liban comme à la Syrie, la résolution onusienne, promettant d’intensifier ses contacts avec ses homologues américain et européens, ainsi qu’avec le secrétaire général des Nations unies, et d’en informer au fur et à mesure le locataire du palais Bustros. Le ministre Lavrov a également évoqué avec ses interlocuteurs libanais, toujours selon les mêmes sources, le problème tchétchène, insistant sur le fait que cette République fait partie intégrante de la Russie, mais qu’entre 1996 et 1999, deux attentats tchétchènes sur le territoire russe ont poussé Moscou à intervenir militairement. Et pour lui, il n’y aurait aucun problème à ce que Grozny acquière son indépendance politique, mais à condition que la Tchéchénie demeure au sein de la Fédération russe. Il a cependant tenu à mettre en garde contre certains groupes ou groupuscules tchétchènes qui travaillent pour l’édification d’une république islamique qui s’étendrait au-delà des frontières tchétchènes actuelles, assurant que Moscou n’hésiterait pas à utiliser les armes pour empêcher une telle éventualité. Autre sujet sur lequel le ministre russe s’est arrêté : la situation régionale. Et pour lui, « ce n’est pas encore l’impasse ». Il a rappelé la « feuille de route », et la réunion, dans deux semaines à New York, des ministres des AE du quartette. Il a salué le rôle arabe en faveur des Palestiniens, estimant qu’il y a toujours moyen d’unifier encore davantage cette position, mettant en doute la bonne volonté du Premier ministre israélien de faciliter les choses en Cisjordanie. La souveraineté de la décision libanaise Le ministre russe des AE a entamé hier l’escale beyrouthine de sa tournée régionale en insistant, officiellement cette fois, sur la souveraineté de la décision libanaise et en réitérant ses réserves sur la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu sur le Liban, visant implicitement la Syrie. « Nous respectons et reconnaissons les droits souverains du peuple libanais qui peut, par le biais de ses députés, de sa Constitution et des mesures légales, trouver une solution à tous ses problèmes, que ce soit au niveau interne libanais ou celui de ses relations avec les États voisins », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse commune avec Jean Obeid. Sergueï Lavrov a également jugé nécessaire de régler « tous les aspects des problèmes au Proche-Orient », mettant l’accent sur « le caractère global du processus et sur la base du respect total de la souveraineté de tous les États de la région, y compris du Liban ». Il s’est en revanche abstenu de répondre à la question de savoir pourquoi la Russie n’avait pas apposé son veto à la résolution 1559 et évité une question sur des contacts éventuels de son pays avant le rapport que doit remettre dans un mois le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, sur l’application de cette résolution. De son côté, M. Obeid a jugé la résolution « inadéquate » et tenu à préciser que les relations de son pays avec l’Onu n’étaient pas coupées. « Nous sommes sous l’ombrelle de l’Onu, qui est notre référence, et nous allons œuvrer avec les pays amis à travers d’intenses contacts pour rectifier le processus », a-t-il affirmé. Minimisant en outre l’impact négatif de cette résolution sur les relations franco-libanaises. « Nos relations avec la France n’ont pas commencé avec l’échéance présidentielle et ne se terminent pas avec elle », a-t-il notamment dit. Sergueï Lavrov s’est entretenu, également hier, avec le chef de l’État Émile Lahoud, puis avec le Premier ministre Rafic Hariri. Le locataire de Baabda a estimé que l’abstention russe lors du vote de la résolution 1559 à l’Onu est un signe « du respect que témoigne Moscou à l’égard de la souveraineté du Liban et de la Syrie, et de son refus des ingérences dans les relations entre deux pays frères et alliés ». Le ministre russe avait auparavant remis au président Lahoud une copie du message adressé par le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, à ses compatriotes à la suite de la prise d’otages tragique en Ossétie du Nord. Émile Lahoud en a profité pour présenter au peuple russe les condoléances du Liban. Khalil FLEYHANE
Selon des sources bien informées, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a été on ne peut plus clair avec les responsables libanais. Pour lui, c’est avec beaucoup « de prudence et d’attention » que les autorités libanaises (et syriennes) devraient appréhender la résolution 1559 de l’Onu portant sur le Liban et la Syrie, « parce que ceux qui l’on...