L’enfer de la médaille

Ça fait toujours plaisir à voir quand un pays avance au pas de charge vers la bougnoulisation. Quand, dans une république en capilotade, la classe politique au pouvoir se proroge, se prolonge et se rallonge vers une reconduction sans cesse étirée. À défaut d’alternance, l’élasticité des matériaux ! Y a des Nobel de physique qui se perdent... En fait, le concept est usé jusqu’à la corde : en vitrifiant tous ses opposants – ce ramassis d’espions qui s’ignorent –, le président garantit leur réélection aux députés, qui en retour reconduisent le président. Dans trois ans, Émile Ier remettra le couvert en dégainant encore le vieux disque rayé de l’implantation et de l’intérêt stratégique pour faire approuver son maintien. L’éternité dans un fauteuil ! Les spécialistes du clonage et des OGM peuvent aller se rhabiller. Quant à la souveraineté, ce sera toujours tintin, macache et saint-glinglin... Un qui est tombé du cocotier, c’est bien Rafic Bouboule. Depuis le temps qu’il tambourine : « Ovar my dead bady », il a dû en avaler des boas constrictors, le pauvre... Et surtout comprendre que la vengeance est un falafel qui se mange froid. Bon, il est vrai qu’il n’y a pas de quoi pleurer sur son sort. L’Airbag ne dormira pas sous les ponts, c’est lui qui les construit. Et puis il pourra toujours se ressourcer chez le roi d’Arabie dont il est le voisin de palmier. On raconte même que Mimile le gardera à la tête du gouvernement. Ainsi, ils recommenceront à s’envoyer des gamelles dans les gencives. Ça les occupera et, pendant ce temps, ils ne feront de mal à personne. On dit merci qui ? Merci Damas, bien sûr, qui, à défaut de médaille aux Jeux olympiques, a rafistolé vite fait bien fait son colifichet libanais. Quand on pense qu’il a fallu 24 années aux mandataires français pour ne nous laisser qu’un « visage arabe », alors qu’en 29 ans les Syriens ont fini de recoller tous les autres organes... Que les sceptiques se rassurent : le Liban deviendra ce soir un pays arabe à part entière. Du visage jusqu’au derrière. Gaby NASR