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Actualités - OPINION

Sur un tableau aussi noir, la dénonciation de « l’immixtion » US paraît dérisoire

Des députés vont se réunir pour prendre position au sujet de l’amendement de l’article 49. Pour sa part, un ministre influent relève que le tableau est aujourd’hui bien sombre. Et risque de le devenir bien plus, à cause des retombées de la prorogation du mandat du président Lahoud. En effet, tout indique que l’on prend le chemin d’une forte escalade dans les tensions qui opposent les États-Unis, avec la France et l’Union européenne à leurs côtés, à la Syrie, soutenue par le Liban officiel. Avant même que le choc ne se produise, indique ce ministre, il paraît évident qu’il est peu raisonnable, voire déplacé, de dénoncer l’intervention américaine dans les affaires intérieures de ce pays. Car on ne saurait oublier que c’est avec le feu vert des États-Unis, et alors que l’Union soviétique y était opposée, que les Syriens ont déployé leur armée dans ce pays. Une entrée, et une autorisation, dont personne n’a jamais dit qu’elles constituaient une immixtion dans nos affaires intérieures. Ce qui serait d’ailleurs un doux euphémisme. En tout cas, souligne le ministre cité, les petits pays, ou les pays à faibles capacités, subissent souvent les ingérences des grands. Sans pouvoir rien y faire. On le voit aujourd’hui en Irak, en Somalie, au Soudan, comme on l’a vu hier en Yougoslavie et avant-hier en Pologne. Ce ministre avance ensuite le vœu pieux traditionnel : il faut que les Libanais gardent leurs rangs unis, pour faire face à tout péril, à toute contrariété. Si la prorogation provoque par elle-même des divisions, il faut savoir les dépasser, les résorber rapidement. Comment ? Pour cette personnalité, la réponse tient dans la mise en place d’un gouvernement d’entente, groupant toutes les tendances. Il faut se souvenir des secousses nuisibles que la reconduction de Béchara el-Khoury ou la tentative Chamoun avaient entraînées. Ou encore les ravages que les divisions autour de la présence palestinienne ont provoqués. Il est donc absolument nécessaire, souligne ce ministre, que les Libanais considèrent leur unité comme une priorité vitale pour eux tous. Ils ne doivent pas permettre que le pays redevienne une lice ouverte pour les règlements de comptes entre tiers. Le fait est que le conflit en cours dépasse de loin la question de l’amendement constitutionnel et de la prorogation, pour porter sur des options régionales élargies. Comme du temps du pacte de Bagdad. Cette dimension internationale est illustrée par le recours à l’Onu. Les pays qui vont approuver une résolution ou une déclaration sont loin de penser qu’ils s’ingèrent de la sorte dans les affaires intérieures du Liban. Car, en termes de légalité, ils se fondent sur un pacte finalement international, à savoir Taëf. Qui engage la signature aussi bien des Américains, du comité tripartite arabe, des Syriens que des Libanais. De plus, le Conseil de sécurité avait publié en date du 7 novembre 1989 un communiqué, dont lecture avait été donnée par le délégué chinois, cautionnant le traité de Taëf et l’élection de René Moawad. Même chose, un mois plus tard, le 9 décembre, du côté du Conseil de l’Europe. Cependant, des sources politiques affirment qu’en définitive, le Conseil de sécurité ne peut pas forcer la Syrie à exécuter une résolution enjoignant son retrait du Liban, quand il ne fait rien pour imposer ses autres résolutions régionales à Israël. Ajoutant que le retour à la normale, sur tous les fronts, dont le retrait syrien comme la restitution du Golan, ne peut avoir lieu qu’à travers la conclusion d’une paix globale équitable. Pour ces mêmes sources, le Liban a intérêt à garder les troupes syriennes chez lui tant que des pilotes d’insécurité, notamment dans les camps palestiniens, subsistent sur son territoire. Les cadres cités soulignent, comme les officiels, que la question des réfugiés palestiniens est une bombe à retardement. C’est-à-dire que si elle ne devait pas être réglée, aucune solution de paix régionale ne serait garantie. Tout comme, dans ce pays même, la stabilité ne serait pas définitivement assurée. Quoi qu’il en soit, un ancien ministre, très informé et compétent, pense pour sa part que la tension syro-occidentale ne dépassera pas le point de rupture. Et qu’il y aura finalement accord, probablement durant les nouveaux trois ans du mandat Lahoud. Cela parallèlement à la relance du processus régional de paix. Émile KHOURY
Des députés vont se réunir pour prendre position au sujet de l’amendement de l’article 49. Pour sa part, un ministre influent relève que le tableau est aujourd’hui bien sombre. Et risque de le devenir bien plus, à cause des retombées de la prorogation du mandat du président Lahoud. En effet, tout indique que l’on prend le chemin d’une forte escalade dans les tensions...