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COMMUNAUTÉ - Disparition de l’imam Moussa Sadr : le chef du Parlement parle de « crime » commis par la Libye Berry dénonce la corruption du système politique et la toute-puissance des renseignements (photo)

Dans un discours particulièrement violent dans ses termes et agressif quant à son contenu, le chef du Parlement Nabih Berry s’en est pris aux responsables politiques, qui «pratiquent l’autoritarisme aux dépens de la consolidation de l’État », dénonçant les services de renseignements qui « s’arrogent des prérogatives qui ne leur sont pas accordées par la loi ». S’adressant enfin aux corrupteurs et corrompus qui « échappent à la loi et aux organes de contrôle », il s’est insurgé contre « l’arbitraire » de la justice qui s’en prend « uniquement » à son mouvement. Devant des dizaines de milliers de partisans rassemblés lors d’un meeting organisé à Nabatiyé à l’occasion de la commémoration du 26e anniversaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr, M. Berry a dénoncé « le crime » de la Libye, accusée d’être responsable du sort de l’imam, disparu en 1978 sur son territoire. Sans chercher à mesurer ses propos, M. Berry s’est attaqué aux autorités en place, soulignant les multiples failles de l’État et la déliquescence qui ronge le pouvoir actuel. « Les signes précurseurs de l’incapacité du pouvoir à édifier un État sont la pratique de l’autoritarisme, l’absence de la transparence et le non-respect de l’indépendance de la justice, inféodée au pouvoir politique », a-t-il affirmé en se demandant: « Pourquoi ferment-ils l’œil ? » « Comment se fait-il que les responsables s’abstiennent de confier certains dossiers aux organes de contrôle et aux autorités judiciaires concernées sauf lorsqu’ils considèrent que le moment est opportun pour exercer un chantage politique ? » s’est-il interrogé. Et le chef de l’Assemblée d’indiquer que « ceux qui sont impliqués sont ceux-là mêmes qui conservent et cachent les dossiers, pour mieux dissimuler les informations à la justice ». S’attaquant ouvertement aux services de renseignements, il s’est demandé : « Comment se fait-il que ces derniers échappent à tout contrôle ? » « Ces services sont-ils donc au-dessus de tout soupçon, et se placent-ils ainsi au-dessus des organes de contrôle, alors qu’en principe, ils doivent être soumis au contrôle politique et judiciaire ? s’est-il interrogé. De quel droit s’ingèrent-ils de cette manière dans la vie des gens en surveillant leurs communications sans pour autant y être autorisés ? » S’insurgeant tour à tour contre ceux qui « imposent des taxes de manière illégale », « ceux qui camouflent l’affaire de l’avion de Cotonou », et enfin ceux qui sont impliqués dans « les affaires du Casino et du cellulaire », il a affirmé qu’il est temps de mettre un frein à toute cette corruption, notamment en faisant appliquer la loi sur l’enrichissement illicite. Le leader d’Amal s’est en outre offusqué du caractère « arbitraire » de la justice qui, a-t-il précisé, ignore certains dossiers pour s’en prendre uniquement à son mouvement (Amal). « Je ne prends la défense de personne », a-t-il insisté en rappelant que le mouvement chiite a été l’un des premiers à faire son autocritique en 2002, en appelant à la dénonciation de toute personne soupçonnée de corruption « quel que soit son rang politique ou administratif ». Évoquant la question de la présidentielle, M. Berry a souligné que « le silence auquel nous nous sommes astreints concernant cette échéance nous a évité de dire n’importe quoi ». « Au lieu de se concentrer sur les menaces qui pèsent sur nous et sur la région (…) certains ont tenté de conduire la nation au cœur même des dangers », a-t-il déclaré en allusion aux pourfendeurs du régime syrien. Et d’ajouter : « Si la Syrie était véritablement derrière le projet d’amendement de la Constitution, et si elle cherchait ses intérêts propres, elle aurait plutôt fait preuve de complaisance envers les grandes nations et se serait laissé séduire (par ces pays) », a lancé M. Berry, qui a en outre annoncé officiellement la tenue, vendredi soir, de la séance parlementaire pour entériner le projet d’amendement de la Constitution. Moussa Sadr Évoquant la disparition de l’imam Sadr, M. Berry a affirmé que « le régime libyen, qui a enlevé l’imam, poursuit sans honte son crime ». « Ce régime a reconnu il y a deux ans son odieux crime », a martelé M. Berry qui a en outre réclamé des mesures concrètes contre la Libye. « À la suite de la plainte (déposée par les proches de l’imam), l’État libanais est contraint d’agir sur les plans judiciaire, légal et diplomatique », a-t-il dit. M. Berry a demandé que le gouvernement alerte l’Onu, la Ligue arabe, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et la Ligue des droits de l’homme en leur adressant des mémorandums. « Les adeptes de Sadr ne pardonneront jamais à Mouammar Kadhafi son crime », pouvait-on lire sur une banderole accrochée au-dessus de la tribune où le chef d’Amal intervenait. Après une diatribe prononcée par M. Berry lors du 25e anniversaire, la Libye avait fermé son ambassade à Beyrouth. Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi avait été accusé d’avoir « lui-même avoué en 2002 que l’imam Sadr avait été tué en Libye ». Prenant les devants, Tripoli a affirmé officiellement lundi que l’affaire de l’imam Sadr la concernait en premier lieu et qu’elle ferait tout pour en éclaircir les circonstances. Tripoli a toujours rejeté sa responsabilité, affirmant que l’imam et ses deux compagnons avaient gagné l’Italie à la fin de leur séjour en Libye. Le 2 août, le procureur général Adnane Addoum a ordonné la réouverture du dossier et a demandé de procéder à l’interrogatoire de toutes les personnes impliquées, y compris le colonel Kadhafi.

Dans un discours particulièrement violent dans ses termes et agressif quant à son contenu, le chef du Parlement Nabih Berry s’en est pris aux responsables politiques, qui «pratiquent l’autoritarisme aux dépens de la consolidation de l’État », dénonçant les services de renseignements qui « s’arrogent des prérogatives qui ne leur sont pas accordées par la loi »....