Rechercher
Rechercher

Actualités

FESTIVAL DE TRIPOLI - Inauguration à la foire Rachid Karamé Des tableaux dansants pour «Don Quichotte» (photo)

Le Festival de Tripoli 2004, dans sa troisième édition, vient d’inaugurer son espace à la foire Rachid Karamé avec le spectacle de ballet Don Quichotte donné par la troupe de Donestk (Ukraine) sous la férule de Vadim Pisarev. Atmosphère pleine de liesse populaire et bousculade sur le portillon, avec une petite attente pour récupérer les billets entre enfants et parents qui devisent devant le comptoir tandis que la scène, aménagée au grand air, devait être le théâtre de querelles pour manque de sièges et mauvaise organisation des places assises (avec palabres entre les nombreuses personnes restées debout en dépit des premières mesures sur scène!). Annoncée pour 21 heures précises, Don Quichotte ne devait apparaître, sans sa Rossinante, que vers 21 heures trente! Un rideau de peupliers éclairés et frissonnants au vent du soir, des bassins d’eau miroitant sous une lune argentée, de grands motifs architecturaux modernes et tout cela est brusquement illuminé sous le charme scintillant d’un grand feu d’artifice laissant des myriades d’images éblouissantes sur des rétines aveuglées par des lustres colorés aussi volatils que le mercure est fuyant… De l’immortel chef-d’œuvre littéraire de Cervantes, il n’est guère resté qu’une mince trame, illustrée par un Sancho Pansa ventru mais étonnamment souple et agile et un Don Quichotte haut et sec comme une perche et à la touffe de cheveux en crête à la «Tintin»… Tout dans ce spectacle, un peu style surrané, avec des costumes qui sentent la bonne et vieillote école de ballet, tout est prétexte pour des tableaux dansants sans grande bravoure ou virtuosité mais une gymnastique aux éclats limités, bien rodée et impeccablement chorégraphiée. Ballerines évanescentes et entrechats Du touffu et picaresque roman de Cervantes ne reste donc qu’une maigre histoire sans grande consistance pour parler de l’irréalité, de la folie, des fantasmes et des paysages espagnols dans leur douce ou contradictoire harmonie. Mais les grands axes sont là pour se retrouver: les illusions, les mirages, les malentendus, les trompe-œil, les coups de théâtre, les pérégrinations, les quiproquos… Couple comique et errant du maître-serviteur, apparition flamboyante d’une Dulcinée qui n’a rien d’une icône, étonnée de ce qui lui arrive avec ce chevalier fantasque et galant, une verdoyante forêt brusquement transformée en lieu de perdition par l’imaginaire déroutant d’un seigneur extravagant livré à tous les démons de la démence, autant d’originalité du comportement humain que d’une œuvre foisonnante de vie et que le ballet ne traduit que bien maigrement…Mais là c’est tout un autre registre! Sur une scène presque nue (à peine deux tristes pans de rideaux), des pots de fleurs encore plus tristes, les danseurs (un ensemble de soixante artistes) ont déployé tout leur savoir-faire pour donner éclat et beauté à ce roman complexe appartenant à la littérature universelle mais rendu ici, presque figé, à sa plus simple expression. Demeurent des images gracieuses de ballerines faisant des pas de deux évanescents, en tutus colorés et chaussons satinés. Des danseurs galbés comme des sculptures dans leur latex serré. Pointes, entrechats, grand écart, bonds aériens, robes à falbalas, jupes volantées, gilets brodés et pantalons moulants avec ceinture en soie de toréador, c’est tout cela la fragrance ibérique d’un spectacle admirablement soutenu par la vibrante et brillante partition de L. Minkus qui, entre valse et tons de french-cancan, fait la part belle à la joie et à l’humour tout en faisant des incursions du côté du pathos et des vibratos bien sentis. Aimable divertissement, un peu répétitif avec ses numéros de danseurs qui se partagent sagement et modestement la vedette (en trois actes avec des entractes ici de 15 minutes) conçu dans la chorégraphie de Marius Petipa et Alexandre Gorsky, sans aucune entorse à la mode traditionnelle du ballet, pour un thème et personnage connu d’emblée du public. Pour les amateurs du genre, voilà l’occasion de récapituler un art, certes resté figé dans le temps, ses codes et sa gestuelle et qui n’exprime plus la réalité contemporaine pas plus que toute la beauté des mouvements du corps humain. Edgar DAVIDIAN
Le Festival de Tripoli 2004, dans sa troisième édition, vient d’inaugurer son espace à la foire Rachid Karamé avec le spectacle de ballet Don Quichotte donné par la troupe de Donestk (Ukraine) sous la férule de Vadim Pisarev. Atmosphère pleine de liesse populaire et bousculade sur le portillon, avec une petite attente pour récupérer les billets entre enfants et parents qui...