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Actualités - REPORTAGE

Sur les Campus - De la nécessité pour les étudiants d’ouvrir un dialogue sur la guerre

La guerre. S’il faut en croire Élias Atallah, les étudiants d’aujourd’hui – ou, du moins, une grande partie d’entre eux – n’en sont toujours pas sortis, reproduisant inlassablement, et très souvent inconsciemment, les mêmes schèmes, les mêmes structures que ceux de leurs parents ou leurs prédécesseurs. La formule est d’autant plus éloquente que c’est un protagoniste de la guerre qui établit ce constat – et qui souhaite aux jeunes de faire une expérience radicalement différente de la sienne. Rares sont ceux, parmi ceux qui ont directement pris part à la guerre, à avoir opéré une autocritique. Samir Frangié, qui fait partie de ce petit groupe, a d’ailleurs cette formule laconique à ce sujet : « Au Liban, “faire son autocritique” rime avec “changer son fusil d’épaule”. On fait généralement son autocritique entre Tel-Aviv et Damas. » Une manière de dire que l’intérêt a systématiquement le dessus sur une remise en question des choix, et que l’autocritique n’est pas encore passée dans les coutumes libanaises. Quoi qu’il en soit, le mouvement estudiantin n’a toujours pas fait son autocritique. En d’autres termes, il n’est toujours pas sorti des structures déjà établies, des slogans hérités, du comportement traditionnel et anti-innovateur de mise depuis la nuit des temps. Il ne s’est pas affranchi du passé. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il devrait opérer sa rupture par l’amnésie. L’amnésie est le plus grand adversaire de l’autocritique, dans la mesure où elle favorise la reproduction des mêmes erreurs et, partant, des mêmes drames. Ce qui est plus que jamais nécessaire pour s’affranchir du passé et des barricades mentales et psychologiques héritées de la guerre, c’est le dialogue. Un dialogue fondé sur la mémoire de la guerre, un dialogue entre jeunes de différentes appartenances politiques et communautaires. Et, par-delà, un dialogue entre les jeunes et ceux parmi les anciens “seigneurs de la guerre” qui ont su tirer les leçons de leur expérience. Une manière comme une autre de conjurer les vieux démons psychologiques, politiques et extérieurs qui ne cessent de hanter le Liban et qui empêchent les Libanais de refaire leur paix civile, leur unité interne et leur projet de vie commune réelle, au sens sociologique, ontologique du terme. Michel HAJJI GEORGIOU

La guerre. S’il faut en croire Élias Atallah, les étudiants d’aujourd’hui – ou, du moins, une grande partie d’entre eux – n’en sont toujours pas sortis, reproduisant inlassablement, et très souvent inconsciemment, les mêmes schèmes, les mêmes structures que ceux de leurs parents ou leurs prédécesseurs. La formule est d’autant plus éloquente que c’est un...