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INITIATIVE - «Sourat extra-muros» à Bherdock-Chawyeh-Beit Chabab Quand la culture secoue les querelles de clocher([photos)

«Que diable font les Amis de Sourat (Batroun) à Bherdock (Metn-nord) après avoir chanté Sourat, son cadre naturel et voulu se mettre au service de sa région?» C’est en ces termes que le principal responsable de ce groupe d’amis, le Dr Issa Farkh, a commencé son allocution pour expliquer pourquoi cette opération concert-dîner de Sourat, devenue une tradition, s’est déroulée, cette année, à Bherdock, dans un village du Metn. C’était le week-end passé. Une initiative que le public attend d’année en année et à laquelle des centaines de personnes participent avec joie. Et grâce à cette opération, Sourat, ce petit village de Batroun, était déjà connu non seulement au Liban mais aussi à l’étranger. Seulement voilà, lorsque le virus de la «récupération» et la «politique de clocher» frappent, tout foire. C’est ce qui est arrivé à Sourat où, suite au grand succès de l’initiative pourtant bénévole, pourtant concluante, aux retombées bénéfiques pour le village, tout a quand même basculé. Une réaction tout à fait classique au Liban, pourquoi s’en étonner! Et c’est un signe d’élégance et de tolérance de la part des Amis de Sourat que de baptiser la rencontre de cette année (transportée à Bherdock) «Sourat extra-muros.» Malgré tout, le succès était au rendez-vous dans cet autre beau village libanais recelant des vestiges. Valoriser le patrimoine Mais commençons par le commencement. Il y a trois ans, des amis se retrouvaient autour d’une très belle initiative: organiser une soirée, une par an, un concert-dîner, qui regrouperait tous les amis de la musique, de la nature, de la culture et du patrimoine dans un village de la montagne, intéressant à découvrir sur plus d’un plan. Les recettes de l’opération devant aider à développer la localité et la soutenir dans ses projets destinés aux jeunes. Aussitôt dit, aussitôt fait, le projet est devenu réalité à Sourat, ce petit village du jurd de Batroun recelant des vestiges à protéger et dont deux membres du groupe étaient originaires. Ils tenaient à offrir quelque chose à cette terre qui les a vu naître. Le succès assuré a été le résultat d’une chaîne d’amis, des amis d’amis et ainsi de suite. Chacune de ces soirées était transformée en une célébration de la musique, de l’amitié et de la nature. Un rendez-vous du goût et de la culture. Tous les ans donc, un groupe de musiciens donnait un concert sur la place du village, devant une ancienne église, suivi d’un dîner champêtre sous les chênes centenaires. Le principe était simple: «Le bénéfice majeur de cette initiative, a expliqué le Dr Issa Farkh, est la valorisation, à travers Sourat, de nos villages, de notre patrimoine et de notre culture plurielle. À plus long terme, il s’agirait du développement d’un tourisme culturel profitant au village et à la région. Les Amis de Sourat sont évidemment malheureux de s’éloigner de leur village et de son entourage, mais ils ont estimé qu’il n’était pas de leur rôle de rentrer dans les polémiques ou politiques du village, même si une grande partie de la population se sent lourdement lésée par ce déplacement», a expliqué encore le responsable. Et même si beaucoup de villages possédant de grandes richesses écologiques, archéologiques et patrimoniales les ont sollicités, les Amis de Sourat réservent la priorité à ce premier village qu’ils ont fait connaître. Il ne faut pas croire pour autant que ces Amis de Sourat sont des professionnels de la musique ou du patrimoine. Ils sont médecins, ingénieurs, cadres, des jeunes mus par l’amour de leur pays qui est leur principal moteur. Et c’est tout au long de l’année qu’ils préparent, avec beaucoup de soins, se faisant épauler par des professionnels, cette soirée unique dans tous les sens du terme. D’ailleurs, ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’un projet d’organiser un concert à Paris est déjà sur les rails… Un programme en deux temps Au programme de Bherdock donc pour ce «Sourat extra-muros» qui a regroupé quelque 700 personnes samedi dernier, un concert de musique divisé en deux parties, l’une occidentale et l’autre orientale. Les musiciens se sont exécutés dans un cadre merveilleux sur la place de l’église Saint-Georges, datant de 1605 et restaurée avec beaucoup de goût. La belle toile de fond n’était autre que le village de Beit Chabab avec les lumières scintillantes comme autant de bougies plantées sur ce versant de montagne. En un premier temps, Maryvonne le Dizes (violon), Xavier Richard (violoncelle) et Paul André Gaye (piano) ont interprété des morceaux choisis de Schubert, Cassado et Rachmaninov. La seconde partie était, elle, consacrée à la musique libanaise composée par Charbel Rouhana, avec Élie Homsi (oud), Imane Homsi (qanun), Ali Khatib et Walid Nassar (percussions), et Antoine Dib (accordéon). Inutile de préciser que tout ce petit monde dansait sur place avec ces airs du terroir si bien enlevés. Après le concert, c’est autour d’un dîner champêtre généreux, comme savent l’être les gens de nos montagnes, que se sont retrouvés tous ces amis, prolongeant leur rencontre jusqu’à tard dans la nuit. Avec une telle détermination, à Sourat, Bherdock ou ailleurs, les Amis de Sourat ont donné la preuve par mille que leur initiative sera toujours la bienvenue. Maria CHAKHTOURA
«Que diable font les Amis de Sourat (Batroun) à Bherdock (Metn-nord) après avoir chanté Sourat, son cadre naturel et voulu se mettre au service de sa région?» C’est en ces termes que le principal responsable de ce groupe d’amis, le Dr Issa Farkh, a commencé son allocution pour expliquer pourquoi cette opération concert-dîner de Sourat, devenue une tradition, s’est déroulée, cette...