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Success story - L’entreprise appartient à Élie Sleiman et Abdallah el-Azm Sillonner Paris en « Car rouge » grâce à un Libanais et un Syrien (photos)

Paris, d’Élie MASBOUNGI À chaque fois qu’un touriste monte dans un des célébrissimes bus rouges à impériale pour effectuer un circuit touristique dans Paris, quelques euros tombent dans l’escarcelle d’Abdallah el-Azm et Élie Sleiman, respectivement PDG et secrétaire général de l’entreprise « Les Cars rouges » qu’ils ont fondée et qu’ils dirigent depuis 1991 dans la Ville Lumière, première destination touristique mondiale. La « success story » des « Cars rouges » – dont le chiffre d’affaires était pour l’exercice 2003 de 8 millions d’euros et qui emploient une centaine de salariés et compte une flotte de trente bus – a germé dans l’esprit d’Abdallah el-Azm en 1987, alors qu’il était établi à Londres et travaillait pour British Gas, après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur(MSI et PhD des universités de Birmingham et de Newcastle. Il nous parle de son entreprise dans ses bureaux du Quai de Grenelle, en présence de son partenaire de toujours Élie Sleiman. « En visite chez nous, raconte Abdallah, ma belle-mère, a voulu découvrir Londres du pont supérieur des célèbres bus rouges. Et elle m’a lancé en rentrant : “Si ces véhicules ont tant de succès à Londres pourquoi ne pas les mettre en service à Paris ?” » Mais en circuit touristique, précise aussitôt l’ingénieux ingénieur qui commence aussitôt à réfléchir et se lance dans une étude de faisabilité basée sur des données sur le marché, un plan de financement et une stratégie de gestion. Volant à droite Acheter ces mêmes bus londoniens en seconde main pour les mettre en service outre-Manche? Le volant à droite pose problème du fait de la réglementation française. Les regards se tournent vers Vienne où des véhicules à impériale sont en service avec le volant du bon côté. Sitôt dit, sitôt fait et, après de longs mois de contacts et de négociations avec les autorités françaises compétentes (la mairie et la RATP, qui a le monopole du transport public dans Paris, et d’autres instances), le premier car rouge à impériale circule sur les rives de la Seine le 27 juillet 1991. Sur un circuit jalonné par les sites touristiques (tour Eiffel, arc de triomphe, etc.) et en ligne régulière conformément aux accords conclus et avec l’accord de syndicats des transports parisiens. Devant le succès de l’opération – grâce à la formule du forfait permettant de descendre à n’importe quelle station et de reprendre le bus pour poursuivre la visite de Paris sans la contrainte du circuit imposé – les « Cars rouges » comptent quelques mois plus tard neuf véhicules, toujours achetés à Vienne, retapés et enregistrés dans les strictes conditions du tout-puissant « Service des mines ». Attirée par le succès des « Cars rouges », la RATP propose à Abdallah el-Azm et Élie Sleiman un partenariat avec un financement intéressant mais une participation majoritaire de l’opérateur public. La proposition est poliment déclinée et l’entreprise reprend son développement, profitant du « boom » touristique du début des années 90, tout en faisant face aux difficultés inhérentes à l’entretien des véhicules, au renouvellement de la flotte et à l’accroissement des circuits. Il s’agissait d’innover, d’obtenir des autorisations d’arrêt, d’imaginer et d’instaurer les forfaits étalés sur deux jours. Le financement obtenu par les fonds privés des propriétaires se révèle fructueux puisque les bénéfices apparaissent dès la troisième année de fonctionnement. David contre Goliath En 1998, la RATP crée l’« Open Tour », un concurrent sérieux pour les « Cars rouges » et c’est, selon les propres termes d’Abdallah el-Azm, un combat de David et Goliath. Le tandem syro-libanais décide alors de croiser le fer avec le géant en décidant de construire ses propres véhicules. Un investissement qui s’avère payant puisque le chiffre d’affaires de l’entreprise triple entre 1998 et 2001 et que la flotte passe de 12 cars d’occasion à 20 véhicules flambant neufs. Élie Sleiman intervient pour dire que la meilleure année fut 2003, lorsque les « Cars rouges » figurent au troisième rang du palmarès annuel de la croissance établi par le magazine L’Entreprise, avec un indice de rentabilité de 39,64 % sur un chiffre d’affaires de 8 232 000 euros. Il ajoute, en réponse à une question, qu’un « Car rouge » fait 20 000 kilomètres par an, que sa durée de vie est de sept à dix ans et que l’entretien est sous-traité par une entreprise spécialisée. Suite à la baisse du marché touristique parisien conséquemment à l’attentat du 11 septembre à New York, les « Cars rouges » transfèrent quelques véhicules à Rome où ils opèrent avec la régie publique des transports urbains de la capitale italienne. L’idée est rentable et des bénéfices réalisés en Italie permettent à l’entreprise de MM. Azm et Sleiman de poursuivre son ascension. Aujourd’hui, les « Cars rouges » dominent le marché parisien avec 55 % pour eux et 45 % à la société créée par la RATP. Les derniers chiffres montrent que 800 000 clients empruntent chaque année les emblématiques bus rouges à impériale, qui desservent neuf sites parisiens. Conclusion d’Abdallah el-Azm : « Notre meilleure publicité est la rue, avec nos véhicules qui y circulent continuellement. Nous avons, bien entendu, des accords avec des tour-opérateurs et des concierges d’hôtel. Notre service de réservations est informatisé et les résultats sont excellents. » Notre succès, estime-t-il, est dû en somme aux trois facteurs et principes suivants : avoir de bonnes idées, un « esprit de bouledogue » (ne jamais lâcher prise) et saisir la chance lorsqu’elle se manifeste.
Paris, d’Élie MASBOUNGI

À chaque fois qu’un touriste monte dans un des célébrissimes bus rouges à impériale pour effectuer un circuit touristique dans Paris, quelques euros tombent dans l’escarcelle d’Abdallah el-Azm et Élie Sleiman, respectivement PDG et secrétaire général de l’entreprise « Les Cars rouges » qu’ils ont fondée et qu’ils dirigent depuis...