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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-USA - Une délégation d’Américaines d’origine arabe reçue par Mme Randa Berry au Sud Un premier pont pour améliorer l’image des femmes de la région aux États-Unis

Pourquoi les Libanaises qui ont l’air si épanouies et si bien implantées dans le XXIe siècle sont-elles si effacées sur le plan politique ? Depuis le début de leur séjour à Beyrouth, les sept Américaines d’origine arabe, venues en tournée en Jordanie, en Syrie et au Liban, ont été frappées par ce phénomène. Malgré tous les efforts de Mme Randa Berry pour les mettre en contact avec des femmes actives au sein de la société, sur les plans sociaux, éducatifs et médicaux, les Américaines ont gardé leur impression première, tout en se promettant d’aider autant que possible les Libanaises à s’affirmer sur tous les plans dans la vie de leur pays. L’initiative mérite qu’on s’y attarde un peu. Un groupe d’Américaines d’origine arabe (deux Libanaises, deux Syriennes, une Jordanienne, une Yéménite et une Irakienne) ont décidé d’établir un pont entre leur pays d’adoption et leurs pays d’origine. Officiellement, il s’agit d’une délégation de l’ADC (Anti-Discrimination Committee) de l’État du Michigan, où la colonie arabe est assez importante, pour examiner sur place la situation de la femme et de l’enfant en Jordanie, en Syrie et au Liban, dans le cadre d’une tournée qui commence le 3 mai et se termine le 10. Mais comme l’a dit la ravissante Rania Abbas Chami, originaire, ainsi que son mari, du village de Kherbet Selm et née aux États-Unis : « Nous voulons surtout essayer d’établir un pont entre les femmes arabes et les Américaines d’origine arabe, pour tenter d’améliorer l’image des Arabes aux États-Unis. » Un pari difficile Le pari est dur et les Américaines d’origine arabe en sont tout à fait conscientes, surtout que les médias, contrôlés par les lobbies juifs, ne donnent pratiquement aucune audience aux femmes arabes. Mais elles sont déterminées à entreprendre cette mission, pour rédiger ensuite un rapport sur la situation des femmes arabes dans les pays visités. Bien entendu, pour l’instant, elles doivent se contenter des trois pays précités, mais elles espèrent pouvoir se rendre un jour en Irak. En Jordanie, elles ont été reçues par la reine Rania, les députées et les femmes ministres. En Syrie, c’est Mme Asma el-Assad qui les a reçues, ainsi que la ministre Bouthayna Chaabane et Mme Bouchra Kanafani. Au Liban, elles ont vu Mmes Andrée Lahoud et Randa Berry, qui a préféré leur organiser une rencontre avec une vingtaine de dames engagées dans le domaine éducatif, social ou médical. C’est au complexe culturel Nabih Berry, sur les hauteurs de la colline Radar qui surplombe un paysage vallonné et paisible, que la rencontre a eu lieu. Mme Berry avait sciemment choisi l’endroit, pour la beauté du site, mais aussi parce que le complexe, d’une très belle architecture, construit autour d’une mosquée et d’une bibliothèque, exprime sans plus de commentaires sa propre vision de l’islam, une religion d’ouverture et de culture, où, après avoir prié, on lit pour se nourrir l’esprit. Dans l’auditorium, où généralement se déroulent des remises de diplômes ou des spectacles, Mme Berry a reçu ses invitées. À la tribune, Mmes Hoda Amine, Khadigea Baracha, Ashley Mamo, Aroua Hamad, Amani Younès, Rana Abbas-Chami et Ghalia Kiyali, des doctoresses, des avocates, des expertes en communication ou des professeures, également concernées par la situation des femmes arabes et souhaitant faire de leur mieux pour les aider, chacune dans son domaine. Du côté des Libanaises, il y avait naturellement Neemat Kanaan, directrice générale du ministère des Affaires sociales, Amina Fawaz, responsable de la Croix-Rouge au Sud, May Khalil, organisatrice du marathon de Beyrouth, Ghada Hamdane, avocate, Ferial Dalloul Jomaa, magistrate, et bien d’autres dames reconnues dans leurs domaines respectifs. Des projets concrets Après les indispensables présentations, Libanaises et Américaines ont échangé leurs expériences respectives et les domaines dans lesquels elles pourraient coopérer. Les Libanaises ont ainsi demandé des équipements médicaux, une aide matérielle pour l’aménagement d’un asile des vieillards au Sud, des stages de formation pour des techniciennes, bref tout ce que peuvent apporter les Américaines dans les domaines où il y a des lacunes. Mais dans la salle, il y a eu aussi d’importants échanges verbaux, chacune des deux parties essayant de mieux comprendre l’autre. C’est encore une fois Mme Rana Chami, experte en communication, qui a le mieux expliqué la situation, affirmant qu’au-delà des échanges techniques, il s’agit d’une démarche politique, visant à améliorer l’image des femmes et par là même de l’ensemble du monde arabe, aux États-Unis. Les Américaines ont expliqué qu’elles se sentaient très concernées par leur identité arabe et qu’aujourd’hui elles critiquent ouvertement la politique de l’actuelle Administration. Ashley Mamo, avocate d’origine irakienne, qui travaille avec les réfugiés arabes aux États-Unis, a exprimé son dégoût face aux photos de la torture subie par les prisonniers irakiens dans la prison tenue par les Américains à Abou-Ghraïb. Mais en dépit de ces déclarations, les Américaines n’ont pas voulu s’étendre sur les questions politiques, évitant soigneusement de répondre directement aux questions des quelques journalistes. Pour elles, il ne s’agit pas vraiment de critiquer la politique US, mais de construire des ponts, de renforcer les échanges et d’apprendre à mieux se comprendre. Le Dr Ghada Kiyali a ainsi expliqué qu’elle avait fondé une école pour apprendre le Coran aux jeunes Américains musulmans, mais la plus enthousiaste était certainement Mme Hoda Amine, qui a quitté le Liban en 1968 et qui parle encore la langue du pays, en restant visiblement très attachée à ses racines. En privé, Mme Khadigea Baracha (d’origine palestinienne, mais née en Syrie) raconte que c’est le président syrien, M. Bachar el-Assad, qui est à l’origine de ce voyage. Lorsqu’il y a près de deux mois, le président régional de l’ADC-Michigan, M. Imad Hamad, s’était rendu en Syrie et l’avait rencontré, ce dernier lui avait demandé : « Mais où sont vos femmes ? Pourquoi ne viendraient-elles pas faire une tournée dans la région ? » C’est ainsi que toutes ces dames, résidant elles aussi dans l’État du Michigan, ont décidé de mener leur propre enquête sur le terrain, payant elles-mêmes les frais du voyage. Pour elles, il ne s’agit que d’un premier pas, une sorte de mission d’information, qui devrait être suivie de beaucoup d’autres, qui auraient des résultats plus concrets. Mme Randa Berry a d’ailleurs beaucoup insisté sur ce point. Elle avait d’abord tenu une réunion de coordination préparatoire avec les dames libanaises, afin de leur demander de proposer aux Américaines des projets concrets et, pendant la rencontre élargie, elle a poussé chacune des dames présentes à s’exprimer, pour tenter d’intéresser les Américaines aux problèmes des Libanaises. D’ailleurs, la délégation de l’ADC n’a pas manqué de la remercier, saluant cette initiative collective, qui lui a permis de se faire une idée précise des besoins des Libanaises. Désormais, le lien a été noué. Il reste à le renforcer, et aux États-Unis, comme dans le monde arabe, il y a beaucoup de bonnes volontés. Il s’agit simplement de les trouver. Scarlett HADDAD
Pourquoi les Libanaises qui ont l’air si épanouies et si bien implantées dans le XXIe siècle sont-elles si effacées sur le plan politique ? Depuis le début de leur séjour à Beyrouth, les sept Américaines d’origine arabe, venues en tournée en Jordanie, en Syrie et au Liban, ont été frappées par ce phénomène. Malgré tous les efforts de Mme Randa Berry pour les mettre...