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Affluence relativement importante, selon les bureaux de vote Choc Hezbollah-Amal à Baalbeck dans une bataille très politique (photo)

La bataille électorale sera rude entre le Hezbollah et le mouvement Amal à Baalbeck, avait-on prévu. À juste raison. N’étant pas parvenues à un accord entre elles, les deux formations chiites, qui s’étaient alliées à d’autres parties, notamment sunnites, se sont engagées à fond dans les élections municipales et, malgré l’absence d’incidents significatifs, la guerre des mots a fait rage et les accusations d’achat de voix émanaient des deux parties. Toutefois, la journée électorale a été l’occasion pour le Hezbollah de faire étalage de son impressionnante machine électorale formée, selon l’un des candidats de la liste du parti, de non moins de 1 500 délégués. En effet, le Hezbollah garde toujours le goût amer de la semi-défaite subie dans la ville lors des municipales de 1998, qui avaient amené au pouvoir un conseil dont la majorité des membres n’était pas de sa liste. Il avait l’air, hier, de vouloir ne rien laisser au hasard. Dans sa liste complète de 21 candidats, il s’était allié au Baas et aux Makassed. Amal, pour sa part, n’était pas en reste et avait également concocté une alliance solide avec le Parti syrien national social (PSNS) et le Parti communiste. Le chef de cette liste n’est autre que l’actuel président du conseil municipal, Ghaleb Yaghi. De nombreux délégués, en vert contrairement à leurs collègues du Hezbollah et leurs casquettes jaunes, défendaient les couleurs de cette dernière liste. Par ailleurs, les deux listes comportaient des représentants des principales familles de la ville. L’affluence a été bonne pratiquement tout au long de la journée, atteignant dans plusieurs bureaux de vote les 35 à 40 % dès midi. Dans celui situé à l’archevêché grec-catholique, il était pratiquement impossible de se déplacer dans les couloirs le matin. Les seuls accrochages observés en cet endroit étaient dus à des électeurs mécontents d’être bousculés. La même scène, à peu de différence près, se répétait dans d’autres bureaux. Les rues de la ville étaient tout aussi animées : outre les banderoles, avec des slogans évoquant souvent les exploits de la Résistance, des bus appartenant au Hezbollah diffusaient en plusieurs points une musique tonitruante ou des discours de responsables du parti. Les accusations d’achat de voix avaient commencé la veille, lancées par le secrétaire général du parti Baas au Liban, le député Assem Kanso. Interrogé sur ces allégations, Ghaleb Yaghi, rencontré dans l’un des bureaux de vote hier matin, a déclaré « ne pas vouloir répondre à des propos qui ne sont pas dignes d’un homme politique », tout en ajoutant que « c’est lui (M. Kanso), probablement, qui sait où se trouve réellement l’argent ». Des accusations de cette nature devaient émailler la longue journée électorale. Sami Ramadan, un candidat baassiste, assure que « la volte-face de certains notables qui se déclaraient proches de nous ne peut être expliquée que par le facteur argent ». Le député hezbollahi Ibrahim Bayan, rencontré dans un bureau de vote situé dans un fief du parti, a affirmé que « des sommes considérables ont été dépensées par un ministre étranger à la ville ». Le ministre Ali Hassan Khalil, chargé par Amal de coordonner la campagne électorale à Baalbeck, a rétorqué qu’« une personne versant un pot-de-vin pour le compte de l’autre liste a été arrêtée par les forces de l’ordre, et nous avons même le numéro de sa voiture ». Il faut rappeler qu’avant le jour J, de longs pourparlers avaient été menés en vue de constituer une liste commune. L’échec de ces pourparlers s’était traduit hier par une autre guerre de paroles, les candidats de la liste du Hezbollah et des députés du parti critiquant l’actuel conseil municipal pour sa politique de développement, et leurs adversaires mettant en garde contre une éventuelle « hégémonie » du parti sur la ville. L’électorat sunnite, un élément décisif L’une des particularités de la ville de Baalbeck, c’est que son électorat appartient à plusieurs confessions, totalisant exactement 15 400 électeurs chiites, 8 300 sunnites et 1 800 chrétiens. Un intérêt particulier a donc été manifesté durant ces élections aux électeurs sunnites qui avaient massivement voté aux dernières élections, faisant pencher la balance du côté de la liste opposée au Hezbollah. Cependant, un candidat de la liste du Hezbollah, Omar el-Solh, a prédit que l’électorat de cette communauté sera divisé ou du moins pratiquera le panachage selon l’appartenance politique et les préférences personnelles de chacun. Tout comme pour les chiites, la participation était massive. Rien de tel côté chrétien où, à la mi-journée, le taux de participation n’avait souvent pas excédé les 16 %. D’ailleurs, la liste du Hezbollah ne comptait qu’un chrétien pour sept sunnites, alors que celle de la coalition d’Amal avait prévu deux sièges pour les chrétiens et huit pour les sunnites. Interrogé, Ahmed Wehbé, candidat des Makassed sur la liste du Hezbollah, en ramène la raison à « un taux proportionnel de représentation ». Bref, dans la bataille éminemment politique qui a opposé les deux mastodontes chiites, les voix sunnites sont apparues comme un élément décisif contrairement, semble-t-il, aux voix chrétiennes ou à une éventuelle participation chrétienne au futur conseil municipal... Des soutiens sous le manteau Un autre village où le Hezbollah a mené une bataille est Chmestar, où il a formé une puissante coalition avec l’ancien président de la Chambre des députés, Hussein Husseini, face à une autre liste. M. Husseini a déclaré hier à L’Orient-Le Jour qu’il était persuadé que « la liste entière remportera haut la main les élections ». Pourquoi une alliance avec le Hezbollah ? « Des négociations ont été menées pour la création d’une liste d’entente, et c’est ainsi que cette liste regroupant les principales tendances politiques est née », a-t-il dit. Mais la liste adverse n’est-elle pas appuyée par le mouvement Amal ? « Pour autant que je le sache, Amal nous a donné sa bénédiction lors de la formation de notre liste, tout en ne manifestant pas sa volonté d’en faire partie », a-t-il répondu. Certaines rumeurs font état toutefois d’un appui sous le manteau d’Amal à la liste adverse à Chmestar, ce qui semble être confirmé par ce jeune délégué qui nous a accueillis, à la porte d’un bureau de vote en nous présentant sa liste comme étant « celle d’Amal ». Ce même rôle, c’est le Hezbollah qui l’aurait joué à Brital en soutenant officieusement la liste proche de cheikh Sobhi Toufayli et comportant les actuels membres du conseil municipal. C’est ce qu’assure Mohammed Abbas Ismaïl, moukhtar et allié du président du Conseil. Ali Moustapha Mazloum, candidat sur la seconde liste, affirme que les principales préoccupations de ses collègues et de lui-même sont d’ordre développemental et que le Hezbollah n’a rien à voir avec eux. Dans tous les cas, les élections semblaient passionner hier les habitants de ce village qui s’étaient déplacés en grand nombre dès le matin pour y participer. Dans le Hermel, l’ambiance électorale était assez morose, avec une participation qui a tourné autour de 25%. Dans la ville du Hermel, deux listes s’affrontaient, l’une soutenue par Ali Sabri Hamadé, l’autre par le Hezbollah. C’est un tout autre paysage qu’offrait Deir el-Ahmar, où la bataille avait revêtu un aspect principalement familial. Les efforts pour aboutir à une liste d’entente, essentiellement déployés par l’ancien député Tarek Habchi, n’ont pas abouti. Celui-ci ajoute cependant que « les raisons ne sont pas politiques, mais qu’il s’agit plutôt d’anciennes rivalités familiales ». Comme nous l’explique le moukhtar Nassim Jreige, « le président du conseil municipal fait pratiquement l’unanimité, mais le désaccord a porté sur quelques sièges de membres ». Suzanne BAAKLINI
La bataille électorale sera rude entre le Hezbollah et le mouvement Amal à Baalbeck, avait-on prévu. À juste raison. N’étant pas parvenues à un accord entre elles, les deux formations chiites, qui s’étaient alliées à d’autres parties, notamment sunnites, se sont engagées à fond dans les élections municipales et, malgré l’absence d’incidents significatifs, la...