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Actualités - CHRONOLOGIE

Dans la Békaa-Ouest, des bus d’électeurs venus de Syrie (photo)

Le panachage a été le mot d’ordre hier dans les villes et villages de la Békaa-Ouest, où la bataille des municipales se jouait principalement entre les familles, mis à part quelques régions où des listes de coalition entre les grands partis de la région ont été formées. Et malgré un soleil de plomb, les habitants du caza n’ont pas hésité à exercer leur droit de vote, d’autant que, pour certains, il s’agissait des premières élections depuis quarante ans. Dans certaines localités, le taux de participation a atteint, voire dépassé les 50 % alors que circulaient des rumeurs d’achat de voix démenties toutefois par les parties concernées. C’est à Machghara que la bataille battait son plein. Deux listes étaient en lice : celle consensuelle de la « Loyauté et de la cohésion nationale », présidée par Me Georges Debs – et formée par toutes les forces communautaires et politiques de la région (Hezbollah, Amal, Parti communiste, Parti socialiste progressiste, le Baas et le Parti national social syrien) – la liste de « La décison et du développement », incomplète et conduite par l’ingénieur Youssef Younès. L’omniprésence du Hezbollah était évidente dans ce village, avec un nombre de représentants équivalent à celui des électeurs. Des bus en provenance de Damas étaient stationnés dans la localité et les passagers assuraient, avec un accent qui ne pouvait tromper, être « originaires du village mais établis en Syrie » et venus appuyer « istaz Georges Debs ». Le cheikh Mohammed Hamadé, responsable du Hezbollah dans la Békaa-Ouest, a affirmé que les élections « se passent dans une ambiance démocratique, sans aucune pression exercée sur les votants ». « Le panachage se pratique pour des considérations familiales, a-t-il ajouté, les personnes concernées par notre coalition ayant voté pour la liste au complet. » Y aura-t-il panachage ? « Rien n’est impossible, mais nous sommes sûrs que nos candidats formeront le prochain conseil municipal », a-t-il noté. Selon M. Younès toutefois, « certains représentants de la liste opposée sont intervenus auprès des électeurs pour s’assurer des noms qui seront déposés dans les urnes ». « Mais en général, le paysage est serein, a-t-il poursuivi. Nous respecterons les résultats, abstraction faite de l’appartenance politique des personnes élues, car en fin de compte, c’est pour le bien de Machghara que nous menons cette bataille. Nous nous sommes présentés aux municipales parce que nous refusons qu’une liste préfabriquée nous soit imposée, d’autant que toutes les familles n’y sont pas représentées. » Des listes préparées à l’avance La journée électorale à Saghbine n’a pas été sans incidents. Des représentants de la liste de « L’éveil et du changement » expliquent que leur tente a été détruite par les forces de l’ordre, « car elles estiment qu’elle doit être située à 50 mètres du bureau électoral », a raconté l’un d’entre eux. « Nous avons mesuré la distance, a-t-il ajouté. La tente était située à 49 mètres ! » Et de soutenir : « Il faut savoir que, sans notre liste, les élections n’auront pas eu lieu dans le village, car nous représentons l’opposition et Saghbine n’est pas habituée à cela. » Trois listes s’affrontaient dans la localité : celle du « Salut », présidée par Badih Aoun et soutenue par le PSNS, cinq des huits candidats appartenant à ce parti ; la liste de la « Loyauté », ayant à sa tête Tanios Abou Hamad et soutenue notamment par le Mouvement de réforme Kataëb et les Forces libanaises, et celle de « L’éveil et du changement », présidée par Georges Ghanem. « Ma liste est appuyée par les habitants du village, puisqu’elle représente toutes les familles, a affirmé ce dernier. Je ne pense pas que le panachage soit pratiqué, d’autant plus que notre objectif principal est de permettre aux jeunes de jouer un rôle dans le développement de la région. » Ce n’est pourtant pas l’avis des candidats des autres listes ni des électeurs eux-mêmes, qui affirment qu’ils auront recours à ce droit pour que « les meilleurs gagnent ». « Les listes ont été distribuées hier soir (samedi) aux familles et elles ont été préparées à l’avance, a soutenu Mme Yolande Francis Kanaan, candidate sur la liste du « Salut ». Personne ne peut savoir qui gagnera, c’est le décompte des voix qui tranchera. » « Les habitants de la région sont heureux de voter », a expliqué M. Robert Ghanem, rappelant qu’il a tenu parole et a déposé une feuille blanche dans l’urne « puisque j’ai décidé de laisser à mes compatriotes de Saghbine le soin de choisir leurs responsables, surtout quand il s’agit de municipales, qui revêtent un caractère économique et social ». Et d’ajouter : « Aujourd’hui, 70 % des candidats qui figuraient sur la liste que j’avais formée en 1998 se partagent les trois listes en lice. À mon avis, c’est une pratique démocratique. J’ai voulu que ces élections impliquent notamment les jeunes dans l’action publique. J’ai voulu leur donner une chance pour qu’ils puissent voter et être élus. C’est ainsi qu’ils organiseront mieux leur avenir. » Coalition Ferzli-Khatib À Jeb-Jennine, trois candidats indépendants s’opposaient à la liste consensuelle, présidée par Me Issa el-Dassouki – parrainée par le vice-président de la Chambre Élie Ferzli et le député Sami Khatib –, et à celle de « La volonté du peuple », conduite par le président actuel du conseil municipal de la localité, Khaled Charanek, appuyé en 1998 par M. Ferzli. Ce dernier est accusé de vouloir nuire à « l’entente » et de « mener une bataille ». « Nous nous sommes déclarés prêts à céder la place à Khaled Charanek en faveur de l’entente, mais il a refusé », remarque Me Dassouki. M. Charanek, quant à lui, conteste cette « entente », puisqu’il s’agit avant tout d’une « réconciliation entre les deux députés ». « L’entente présumée sert leurs intérêts, notamment lors des prochaines élections parlementaires. Nous refusons une entente imposée », a soutenu l’un des partisans de la liste, rappelant qu’un conflit politique oppose le général Khatib à la famille Charanek. « C’est un conflit qui n’a pas été dissipé malgré les affirmations de Sami Khatib », a-t-il indiqué, précisant que M. Ferzli a exercé « des pressions morales sur une partie des électeurs ». Pour sa part, Sami Khatib a assuré que, pour lui, le conflit est résolu. « Nous lui avons proposé la présidence du conseil municipal, quitte à choisir ensemble les quinze autres membres, a-t-il révélé. M. Charanek a refusé. Nous avons usé de notre influence auprès de certains, car nous ne pouvions pas mener la bataille désarmés. » M. Ferzli, quant à lui, a expliqué que Sami Khatib a accepté le principe de l’entente, refusé par Khaled Charanek. D’où la formation de cette liste consensuelle. « Depuis 1963, je fais assumer à Sami Khatib la responsabilité de la discorde à Jeb-Jennine, a-t-il soutenu. Cette année, celui qui a refusé l’entente en est responsable. » À Rachaya, les conseils municipaux de six villages ont été élus d’office. La bataille était menée dans les vingt autres villages principalement entre le PSNS et le PSP. Une participation chrétienne a été notamment notée à Rachaya el-Wadi où deux listes s’opposaient : l’une présidée par Ziad Chebli el-Aryane et appuyée par le député Fayçal Daoud, l’autre menée par Farès Fayek et soutenue par le leader du PSP. Nada MERHI
Le panachage a été le mot d’ordre hier dans les villes et villages de la Békaa-Ouest, où la bataille des municipales se jouait principalement entre les familles, mis à part quelques régions où des listes de coalition entre les grands partis de la région ont été formées. Et malgré un soleil de plomb, les habitants du caza n’ont pas hésité à exercer leur droit de vote,...