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Actualités - CHRONOLOGIE

Municipales - Participation faible (23 à 25 %) à Beyrouth, exceptionnelle (70 %) dans la Békaa Hariri vainqueur dans un quasi-désert (photo)

Comme prévu, la liste de « l’Unité de Beyrouth » parrainée par le Premier ministre, Rafic Hariri, semblait hier soir être en mesure de remporter la totalité des 24 sièges du conseil municipal de la capitale face aux deux autres listes d’opposition. Cette victoire programmée ne sera cependant pas de nature à satisfaire réellement M. Hariri, lui qui s’était employé depuis plusieurs jours à exhorter les Beyrouthins à voter en masse. Pour lui, l’enjeu était de taille puisqu’un succès sans forte participation l’empêcherait de se prévaloir de ce plébiscite dont il avait tant besoin pour être en mesure de retrouver un prestige national plutôt écorné ces derniers temps et de peser plus fortement sur les affaires de l’État. Or, une fois de plus, les Beyrouthins ont massivement boudé les urnes. Selon les premières informations recueillies en soirée auprès de diverses sources, la fourchette de la participation dans la capitale s’est située entre 23 et 25 % seulement. De plus, beaucoup d’électeurs, notamment dans les quartiers à majorité chrétienne, ne se sont mobilisés que pour les moukhtars, dont l’efficacité au niveau des affaires quotidiennes leur paraît autrement plus concrète que celle d’une municipalité élue conformément à une loi fortement contestée. Dans la Békaa, des batailles nettement plus rudes – et plus équilibrées – se déroulaient, notamment dans les deux plus grandes villes, Zahlé et Baalbeck. La première paraissait vouloir renouveler sa confiance dans le leadership des Skaff, alors que la seconde, tenue jusqu’ici par le mouvement Amal et une coalition de partis prosyriens, était en passe de basculer dans le giron du Hezbollah. Pour ce qui est de la participation, le contraste est frappant entre Beyrouth et la Békaa. Ceux qui, au ministère de l’Intérieur, avaient mis au point le calendrier électoral savaient apparemment ce qu’ils faisaient en prévoyant que ces deux régions voteront le même jour. Sans vouloir préjuger du niveau de mobilisation que connaîtront les scrutins au Liban-Sud et au Nord, il est en effet très probable qu’au bout du compte, aucun mohafazat n’aura voté autant que la Békaa et aussi peu que la capitale. Une heure avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation à Beyrouth n’avait pas dépassé les 23 %, tous quartiers confondus, à en croire les chiffres fournis par le ministre de l’Intérieur, Élias Murr. Dans la Békaa, le ministre a fait état d’un taux record de 70 % de votants. M. Murr a précisé que, contrairement à des rumeurs qui avaient circulé toute la journée, la différence de vote entre les quartiers chrétiens et les quartiers musulmans de la capitale n’était pas si importante que cela. Le constat était bien entendu quelque peu nuancé du côté des médias haririens. Contraints toute la journée de reconnaître l’absence de tout enthousiasme débordant dans l’ensemble des bureaux de vote, ces médias se sont rabattus sur les électeurs retardataires qui semblaient, en effet, plus nombreux que leurs prédécesseurs de la matinée. Mais, selon ces médias, ce sont uniquement les bureaux de vote des quartiers à majorité musulmane qui ont connu cette affluence tardive, alors que les bureaux des secteurs chrétiens restaient, eux, désertés. En soirée, les milieux proches du Premier ministre affichaient une satisfaction quelque peu forcée, en s’employant à mettre en avant le taux de participation par rapport au total des détenteurs de cartes électorales plutôt qu’au total des inscrits. Et pour cause : les 23 à 25 % de participants ( 80 000 à 105 000 votants ) deviennent 45 à 50 %, quelque 210 000 inscrits sur 410 000 ayant reçu leurs cartes. En outre, les mêmes milieux faisaient valoir que, contrairement au scrutin municipal de 1998, qui avait vu un taux de participation à peine supérieur, il n’y avait pas, cette fois-ci, de véritable bataille électorale, dans la mesure où les deux listes d’opposition n’étaient pas, à leurs yeux, en mesure de rivaliser sérieusement avec la liste haririenne. Ils ajoutent qu’en 1998, les électeurs étaient autorisés à voter, munis soit de leur carte électorale, soit tout simplement de papiers d’identité, ce qui n’était pas le cas hier. Incidemment, ce dernier argument, utilisé par les haririens dans le but de justifier la faiblesse du taux de participation, illustre le véritable scandale que constitue cette affaire de carte électorale. À supposer même que le principe en soit accepté, il faudra au moins faire en sorte que l’octroi de ces cartes aux électeurs ne fasse pas l’objet d’un chantage, ni de la part des autorités qui délivrent ces documents, parfois au compte-gouttes, ni des « machines » électorales qui les distribuent. Pour en revenir au scrutin dans la capitale, les dernières estimations de la « machine » haririenne, à minuit, après dépouillement d’un peu moins de la moitié des urnes, donnaient la liste de « L’Unité de Beyrouth » victorieuse à près des deux tiers des voix. Ce qui signifie qu’un bon tiers est allé aux deux listes d’opposition. La traduction politique de ces proportions est que l’influence du Premier ministre, à laquelle il faut ajouter celle de chacune des composantes de la coalition formant sa liste, ne pèse pas plus de 15 à 20 % de l’ensemble de l’électorat beyrouthin. De son côté, le courant aouniste a estimé que ses candidats à Beyrouth, au sein de la liste de « La dignité et du changement » conduite par Khaled Daouk, recueilleraient près de 25 % des voix au total, mais 90 % dans les seuls quartiers chrétiens. Si ce dernier chiffre se confirmait, M. Hariri devrait sérieusement penser à réexaminer sa politique à l’égard des chrétiens beyrouthins au cas où il aurait l’intention de continuer à exercer un rôle de leader incontesté dans la capitale. À Zahlé, en fin de soirée, le ministre de l’Industrie, Élie Skaff, paraissait confiant dans les résultats dans sa ville. Il a estimé pouvoir remporter à près de 90 % la bataille des moukhtars. Pour les municipales, les informations faisaient état d’un rapport de 60 à 40 % en faveur de la liste qu’il soutenait face à celle parrainée par les Hraoui. À Baalbeck, où le Hezbollah, allié au Baas, paraissait maître du jeu, le dépouillement a, semble-t-il, été suspendu en soirée, en raison d’un nombre de bulletins supérieur à celui des inscrits au sein de la communauté chiite de la ville. Le Hezbollah et le Baas ont toutefois nié l’existence d’un problème à ce sujet, affirmant qu’il s’agissait d’une « guerre médiatique » suscitée par la liste adverse. À Chmestar (caza de Baalbeck), l’alliance Hezbollah-Hussein Husseini aurait eu raison d’Amal, mais à Brital, fief de ce dissident du Parti de Dieu qu’est Soubhi Toufayli, c’est ce dernier qui l’aurait emporté, avec le soutien d’Amal, sur son ancienne formation. En gros, la journée électorale, tant à Beyrouth que dans la Békaa, s’est déroulée sans incident majeur sur le plan de la sécurité, sauf à Barr Élias (caza de Zahlé), où l’armée a dû intervenir pour mettre un terme à une échauffourée dans un bureau de vote. Élie FAYAD Lahoud satisfait Le président de la République, le général Émile Lahoud, a suivi de près hier le déroulement de la deuxième phase des municipales, à Beyrouth et dans la Békaa. Tout au long de la journée, il a reçu les rapports des différents services de sécurité et des administrations concernées. Il était aussi en contact permanent avec le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, qui lui a rendu compte en détail du déroulement des élections. Rappelons que le chef de l’État avait insisté à plusieurs reprises sur la neutralité des autorités concernant les échéances électorales. À ses yeux, le premier scrutin qui avait eu lieu la semaine dernière dans le Mont-Liban s’est avéré un succès. M. Lahoud a estimé que ces élections s’étaient déroulées dans un climat démocratique, qui a permis aux différents candidats de mener leur bataille en toute liberté. Les principales infractions selon l’Association pour la démocratie des élections L’Association libanaise pour la démocratie des élections a émis hier un certain nombre d’observations sur la deuxième étape du processus électoral à Beyrouth et dans la Békaa. Concernant la capitale, elle a souligné la nécessité de réviser le système électoral majoritaire actuellement en vigueur. Dans un communiqué publié au terme de l’opération d’hier, l’association s’est dit « étonnée que Beyrouth ait été divisé en trois circonscriptions lors des législatives de 2000, alors qu’il constitue une seule circonscription aux municipales ». Voici par ailleurs les principales infractions enregistrées par la même association : - Plusieurs votants n’ont pas obtenu leur carte électorale la veille du scrutin. - Un certain nombre de militants de la liste de « La dignité et du changement » (aouniste) ont été arrêtés pour avoir brandi des portraits et des calicots devant un bureau de vote à Achrafieh. Ils ont été ensuite relâchés. - Les membres d’un parti politique ont remis à certains électeurs leur carte électorale et les ont accompagnés à l’intérieur d’un bureau de vote arménien-orthodoxe établi dans l’école Laure Moghaïzel. - Jusqu’à une heure avancée de la journée, certains bureaux de vote étaient restés fermés parce que le nombre minimal de délégués n’était pas encore assuré pour commencer l’opération. - L’association rappelle enfin la nécessité de respecter la loi, pour tout ce qui a trait à la publicité électorale, et de contrôler les dépenses électorales de manière à empêcher la corruption. Hamadé : Gare à une lecture hâtive des résultats Le ministre Marwan Hamadé a mis en garde samedi contre une interprétation hâtive des résultats électoraux. Il a donné ainsi de nombreux exemples où des alliances s’étaient faites ou défaites dans des localités du Mont-Liban. Il a indiqué qu’à Deir el-Qamar, le Parti socialiste progressiste était allié avec le Parti national libéral et le CPL (aouniste), alors qu’à Damour, ces deux courants étaient opposés au PSP. M. Hamadé a en outre estimé que l’ancien vice-président du Conseil Michel Murr avait remporté une grande victoire dans le Metn, « grâce à des alliances aménagées avec le courant du président Amine Gemayel et les Forces libanaises ou d’autres forces locales ». La liste de la Renaissance et du développement à Abra À Abra, un des villages de l’est de Saïda, deux listes rivales doivent croiser le fer le 23 mai. Face à celle qui est soutenue par l’ancien président du conseil municipal, proche de Amal, les familles du village ont formé leur propre liste, celle de la Renaissance et du développement. Composée de neuf membres, elle est coprésidée par Camille Adib Méchantaf et Fawzi Youssef Méchantaf, qui se sont entendus pour assumer chacun, par alternance, la présidence du conseil municipal pour une période de trois ans. La liste comprend également MM. Camille Boutros Safi, Georges Khalil Sahiouni, Bachir Habib Khoury, Nicolas Nemr Abdo, Kamel Camille Sleiman, Élias Émile Estéphan et Khalil Chafic Mitri.
Comme prévu, la liste de « l’Unité de Beyrouth » parrainée par le Premier ministre, Rafic Hariri, semblait hier soir être en mesure de remporter la totalité des 24 sièges du conseil municipal de la capitale face aux deux autres listes d’opposition. Cette victoire programmée ne sera cependant pas de nature à satisfaire réellement M. Hariri, lui qui s’était employé...