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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE En Californie, les sœurs Rim et Razzan Zahra traduisent Ghada as-Samman en anglais

WASHINGTON-Irène MOSALLI En se lançant dans l’écriture (vers les années 60), Ghada as-Samman est de suite devenue l’un des auteurs les plus lus «du Golfe à l’Océan» (à comprendre le monde arabe). À l’instar du géant de la poésie contemporaine Nizar Kabbani, elle a créé sa propre maison d’édition. Puis sa renommée a dépassé cette région du monde pour atteindre l’Europe et l’Amérique: elle a déjà été traduite en treize langues dont le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien, le roumain, le chinois, le russe, le persan et l’albanais. Aujourd’hui, ses romans et ses recueils de poèmes (une quarantaine environ) continuent à avoir un grand impact, notamment sur la nouvelle génération de lecteurs. Ainsi, deux jeunes Syriennes, sœurs de surcroît, Rima et Razzan Zahra, vivant en Californie où elles sont en train de préparer un PhD en littérature, viennent de traduire en anglais le nouveau recueil de poèmes de Ghada as-Samman intitulé L’Éternité: un instant d’amour. À noter que la romancière est d’origine syrienne et qu’elle est mariée au Libanais Béchir Daouk. L’Éternité: un instant d’amour est le deuxième recueil de poèmes de Samman qui a été traduit en anglais. Dans leur préface, les sœurs Zahra expliquent qu’elles ont été intéressées par ce recueil qui révèle comment la guerre libanaise a engendré un sens d’abandon du désir chez les femmes. Elles précisent: «La poésie féministe de l’écrivain révèle comment les élans amoureux sont souvent freinés par des forces extérieures qui vont de la corruption politique à la destruction, en passant par toutes sortes d’oppression. Ces forces n’entrent pas seulement en conflit avec l’amour mais avec la volonté des femmes de conserver leur indépendance et leur liberté.» «De l’amour et des pommes» La difficile conjugaison de l’amour, de la guerre et de la non-aliénation. Voulant exprimer avec justesse la pensée de l’auteur, les sœurs Zahra ont fait un travail minutieux pour préserver le sens et l’esprit du texte initial en le rendant, parallèlement, accessible à une audience d’expression anglaise. Elles ont même respecté, dans la mesure du possible, son aspect formel afin de conserver aux vers leur rythme et leur respiration. Également à l’intention de ces lecteurs, elles ont prévu des notes explicitant des localités et des proverbes auxquels se réfère Ghada-as Samman. L’Éternité: un instant d’amour, un recueil de poèmes qui va à la recherche de la communion avec l’autre en pleine «pluie de fer, de feu, d’acier et de sang» (Prévert), tout en restant attaché à une certaine légèreté qui aide à survivre. Témoin ce passage intitulé «De l’amour et des pommes»: «Adam a saisi une pomme Et les sept cieux se sont abattus sur la terre Une pomme atterrit dans la tête de Newton Et lui donne vision et inspiration Shakespeare ne met pas un vers dans la pomme Mais passe sa vie à observer comment il coexiste avec la misère des aliments Guillaume Tell met une pomme sur sa tête, une flèche l’atteint Et il fait l’histoire Le serpent rôde autour d’un pommier et chuchote Et c’est le big bang Vous et moi sommes toujours en train d’apprendre Comment manger la pomme Comment ne pas être mangé par elle Comment ne pas être mordu par le serpent Et comment ne pas laisser les vers ronger notre cœur!»
WASHINGTON-Irène MOSALLI
En se lançant dans l’écriture (vers les années 60), Ghada as-Samman est de suite devenue l’un des auteurs les plus lus «du Golfe à l’Océan» (à comprendre le monde arabe). À l’instar du géant de la poésie contemporaine Nizar Kabbani, elle a créé sa propre maison d’édition. Puis sa renommée a dépassé cette région du monde pour...