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Actualités

Les émigrés nous écrivent

Carte d’identité ou carte d’émigré? Nous les Libanais de la diaspora, de nous exprimer sur ce qui nous préoccupe dans nos rapports avec la mère patrie. 1 – Le Conseil des ministres vient d’approuver la carte des émigrés. C’est bien, mais pourquoi donc n’accorde-t-on pas aux émigrés d’origine libanaise, et à leurs descendants, la nationalité libanaise qui leur est due de droit? (...) Et quelle serait la situation de cet émigré de 1975, ou plutôt ce déplacé, qui est toujours inscrit au registre des résidents et qui se voit accorder une carte d’émigré? Est-il possible d’être citoyen d’un pays avec deux cartes d’identité: une carte de résident et une carte d’émigré? 2 – En 1952, les Libanais de la diaspora avaient rempli des formulaires intitulés « Bayan ikhtiar aljinsieh al-lubnanié » qui furent inscrits aux bureaux de l’état civil dans des registres intitulés: registres des émigrés (Sijillat almughtaribin). Depuis, rien n’a été fait pour reconnaître à ces Libanais le choix qu’ils avaient faits. Est-ce que la nouvelle carte des émigrés connaîtra le même sort? J’en suis certain. 3 – Il y a deux ou trois ans, le Liban a adopté une nouvelle carte d’identité, mais n’a pas autorisé les consulats du Liban à l’étranger à recevoir (je dis recevoir) les demandes des Libanais pour l’obtention de cette nouvelle carte. Il faut donc venir au Liban où, avec un peu de chance, le moukhtar disposera du formulaire – ce qui n’est pas toujours le cas. Il faut ensuite faire relever ses empreintes digitales – là encore, la demande peut être refusée parce qu’une ou plusieurs empreintes ne sont pas claires ou sortent de l’encadrement désigné, etc. À chacune de ces étapes, des mois passent avant de connaître le sort de la demande; enfin, et si tout va bien, il faut encore attendre 3 à 4 mois en moyenne pour obtenir la carte. Est-ce que cette forme d’inertie bureaucratique, pour ne citer que celle-ci, encouragerait les Libanais de la diaspora à investir au Liban? Georges HOMSY Québec, Canada Une école libanaise Je suis Libanaise et j’habite Montréal depuis 25 ans. J’ai quitté mon pays avec mes parents à cause de la guerre. Venant d’une école française, je n’ai eu aucun problème à compléter mes études secondaires et universitaires. Je me suis mariée à un Libanais et ensemble, nous avons fondé une famille avec 4 enfants. Nous n’avons presque exclusivement que des amitiés libanaises, nous cuisinons libanais, nous continuons à parler notre langue libanaise, nous assistons à la messe en libanais, nous lisons immanquablement L’Orient-Le Jour tous les matins... Mais notre plus grande déception est le fait que nous ne parvenons pas à recevoir assez de fonds pour être en mesure d’ouvrir une seule école libanaise pour nos enfants, afin de pouvoir leur passer notre éducation et leur transmettre nos valeurs apprises à l’école et qui sont restées ancrées en nous. Par contre, les Arméniens, eux, ont non pas une, mais deux excellentes écoles, dont une est classée chaque année parmi les meilleures au Québec. Grâce à cette appartenance, les parents ont pu garder leurs enfants, et adolescents surtout, sous leurs ailes. Nous sommes nombreux à vouloir réaliser le vœu, celui de tous les parents émigrés libanais, de sauver nos jeunes de la délinquance et de la mauvaise influence de l’extrême liberté qui prévaut en Amérique du Nord... Rita ROUFAN Montréal Dans nos cœurs Nous vous remercions très sincèrement de nous permettre de nous exprimer dans le journal. Nous espérons que ce lien rapprochera encore plus les Libanais du monde qui aiment leur pays et qui souhaitent le vivre encore mieux quotidiennement, car le Liban n’est pas seulement là où il est géographiquement. Le Liban est dans les cœurs et les familles d’origine libanaise du monde entier. Nabil FARHAT ABIDJAN Comme un puzzle Depuis Adam et Ève et leur émigration forcée loin de l’éden, l’homme s’est souvent interrogé sur son identité et son sort, faisant des efforts considérables pour s’adapter à tout changement géographique ou historique. S’adapter tout en conservant son entité première, tel est le paradoxe de l’émigration. Veinard est celui qui émigre à un âge tendre, car l’intégration sera facile et harmonieuse. Tout autre individu quittant son pays à un âge certain, à la recherche d’un ciel plus clément ou à la poursuite d’un rêve, remettra souvent en question son identité nouvelle : est-il le ressortissant libanais de naissance et d’éducation, ou bien le naturalisé d’un pays étranger, mais qui portera toujours dans son cœur son cher Liban et la nostalgie du bon vieux temps ? Il l’ignorera aussi longtemps que durera « le choc des cultures ». Une chose est sûre, c’est que l’émigré construit sa nationalité acquise à la manière d’un joueur de puzzle infiniment patient. Mirella YAZBECK Ancienne présentatrice à la VDL puis à la MBC L’exode des jeunes Je suis Libanaise, âgée de 25 ans. J’ai quitté mon pays il y a deux ans et j’habite à Paris. Je suis psychologue clinicienne de formation. Je prépare mon doctorat. Je suis émigrée, je me considère ainsi depuis que j’ai quitté mon pays d’origine, le Liban. J’estime que la diaspora libanaise, chrétienne essentiellement, devient de plus en plus nombreuse à l’étranger, en France plus particulièrement. Les jeunes Libanais sont partout. Le Liban ne répond plus aux attentes des jeunes qui quittent leur pays à cause de l’instabilité politique et financière qui y règne, du manque de culture, du manque de liberté. J’ai un frère à Dubaï, mes cousins sont aux États-Unis... Un pays détruit, je dirais même vendu, ne répond plus aux aspirations des jeunes. Tout ce qu’on peut faire à l’étranger, c’est envoyer de l’argent au Liban, je pense que la diaspora libanaise participe économiquement dans la cause libanaise... au moins on est sûr que cet argent sera utilisé à bon escient. Joyce EL-RAMI France
Carte d’identité ou carte d’émigré?



Nous les Libanais de la diaspora, de nous exprimer sur ce qui nous préoccupe dans nos rapports avec la mère patrie.
1 – Le Conseil des ministres vient d’approuver la carte des émigrés. C’est bien, mais pourquoi donc n’accorde-t-on pas aux émigrés d’origine libanaise, et à leurs descendants, la nationalité libanaise...