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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Le leader druze n’a pas donné de noms, mais a distribué à ses députés un programme électoral sous forme de décalogue Joumblatt à la recherche d’un consensus et d’une libanisation de la présidentielle

D’aucuns attendaient impatiemment la réunion de Clemenceau d’hier. Walid Joumblatt et les députés de son bloc parlementaire, le Rassemblement démocratique, devaient débattre autour de l’échéance automnale. Jouer une partie effrénée de ping-pong, avec les idées et les opinions de chacun d’entre eux comme petites balles, et finir en se prononçant clairement, sans ambiguité, sous-entendus ou autres insinuations, sur ce qui occupe désormais les neuf dixièmes de la vie politique locale et du quotidien estival des Libanais : la présidentielle 2004. Sauf que les dix-sept hommes présents hier au domicile beyrouthin du chef du PSP n’ont passé, en gros, qu’un petit quart d’heure ensemble. Et au lieu d’une discussion autour de celui (ou ceux) le(s) mieux à même d’incarner, à Baabda en novembre, les aspirations du troisième plus gros bloc parlementaire libanais – et partenaire incontournable pour toute formation gouvernementale équilibrée et représentative –, c’est à un document en dix points, estampillé PSP (lire par ailleurs), que chacun des députés a eu droit. Première impression : Walid Joumblatt a raté une belle occasion pour libaniser réellement cette présidentielle qui manque drôlement, pour l’instant, de couleur cèdre. Malgré les étourdissants (et rassurants, quelque part) entrechats et autres numéros de haute voltige réalisés par l’ensemble des candidats, déclarés ou pas. Walid Joumblatt a créé un non-événement. Il s’est contenté, en distribuant ses dix commandements, de se faire l’écho des interrogations (sans réponses) et des réclamations (comme autant de hurlements dans le désert) de la quasi-totalité des Libanais. La deuxième impression a effacé la première. En établissant, même sous forme de grandes lignes un peu vagues ou de questions sur la manière de faire, ce qui devrait être le cahier des charges, le programme comme il l’a dit lui-même, du prochain chef de l’État ; en esquissant donc un portrait-robot du profil du prochain locataire de Baabda ; en évoquant, ce faisant, toutes les préoccupations des Libanais et celles des différents pôles politiques (même si les priorités de ces derniers ne sont pas toujours identiques) ; en rappelant que « le respect des libertés et l’engagement national peuvent – et doivent – cohabiter en toute harmonie » ; en demandant à ses députés d’apporter sel, poivre et réponses au contenu du document ; en privilégiant le renouvellement des idées plutôt que celui d’un mandat ; en annonçant qu’il allait diffuser ce texte à l’ensemble des forces politiques locales ; en s’inspirant d’une logique ultra-aristotélicienne, « tous les métaux sont durs ; le mercure est un métal ; le mercure est donc dur », Walid Joumblatt prend l’initiative et ouvre, une nouvelle fois, le dialogue. Comme un lifting salvateur des tests auxquels son père, Kamal bey, soumettait, à l’époque, les différents candidats à la première présidence, ce décalogue qui n’est pas encore un (les différentes réunions que le bloc entend tenir, à commencer par celle du 26 courant, accoucheront sans doute de quelque chose de plus affirmatif) s’avère finalement être une façon très joumblattienne, très pragmatique donc, de libaniser en douceur, et avec modération (même si certains parleront de frilosité) la présidentielle 2004. Estimant sans doute, à tort ou à raison, qu’il est trop tôt pour se prononcer ; désireux de rester en accord avec ses convictions et sa vision politique, tout en prenant en compte les impératifs supranationaux (le deuxième round syro-américain est prévu à Rome le 25 courant) et les considérations purement locales (son alliance avec Koraytem, ses convergences avec Bkerké, etc.), Walid Joumblatt a trouvé un moyen original (c’est la première fois qu’un groupe politique prend une telle initiative) de construire un pont, un lien, avec les autres. Même si ce moyen doit encore, évidemment, faire ses preuves, et démontrer qu’il est capable de créer un consensus à l’échelle du pays, de libaniser le choix du successeur d’Émile Lahoud. Ziyad MAKHOUL


D’aucuns attendaient impatiemment la réunion de Clemenceau d’hier. Walid Joumblatt et les députés de son bloc parlementaire, le Rassemblement démocratique, devaient débattre autour de l’échéance automnale. Jouer une partie effrénée de ping-pong, avec les idées et les opinions de chacun d’entre eux comme petites balles, et finir en se prononçant clairement, sans...