Un terrain sera mis à la disposition des chrétiens à Beyrouth pour servir de cimetière, annonce Ariss À Baalbeck, la rupture est définitive entre Amal et le Hezbollah

Au moment où les analyses du scrutin du Mont-Liban se peaufinent pour tenter de tirer les leçons de ce premier round, Beyrouth mais surtout la Békaa se préparent à leur tour à la bataille électorale qui risque d’être tout aussi ardue, du moins dans certaines régions de la Békaa où l’affrontement entre Amal et le Hezbollah est devenu inévitable, malgré la médiation entreprise par les Syriens. Dans la ville de Baalbeck, la rupture entre les deux formations est définitive, après l’échec des multiples tractations menées par le commandement des deux partis. Ces derniers, qui se sont réunis hier dans une dernière tentative de résoudre les différends qui entravent la formation d’une liste commune, n’ont pas pu parvenir à une entente. Outre la rivalité profonde qui oppose traditionnellement les deux partis chiites, un conflit portant sur la désignation du président de la liste est venu aggraver la situation. Alors que le Hezbollah insistait pour imposer Mohsen Jammal en tête de liste, Amal, lui, a opposé un refus catégorique, voulant maintenir son propre candidat, Ghaleb Yaghi. Le Hezbollah devrait donc annoncer ce soir sa liste. Celle-ci comprendrait 13 candidats chiites, 7 sunnites et un seul chrétien, au lieu des deux initialement prévus pour cette communauté. En augmentant le nombre de candidats chiites, le Hezbollah se prémunirait ainsi contre une éventuelle percée de la liste opposée au risque de faire perdre le seul candidat chrétien au sein de la liste. À Brital, le Hezbollah affrontera un autre adversaire, cheikh Soubhi Toufayli, qui s’est allié avec le mouvement Amal. Le parti intégriste s’engagera dans la bataille avec une liste formée de candidats du parti et des familles de la localité. Une troisième liste regroupant des candidats indépendants pourrait également voir le jour dans les prochaines heures. Toujours dans le caza de Baalbeck, une alliance entre le Hezbollah et les familles s’est conclue à Younin par la formation d’une liste commune qui a été annoncée hier en présence du député Hussein Hajj Hassan. À Chmestar, l’alliance entre le Hezbollah et l’ancien chef de l’Assemblée, Hussein Husseini, a abouti à la formation d’une liste qui opposera celle parainnée par le mouvement Amal. Les deux partis chiites s’opposeront également à Laboué à travers deux listes distinctes. La localité de Hermel, par contre, ne connaîtra pas de bataille, le Hezbollah se présentant seul avec une liste unique. Dans le caza de Rachaya, 506 candidats se disputeront les sièges au sein de 26 municipalités, dont 7 seront élues d’office, le délai pour le dépôt des candidatures ayant expiré. Il s’agit de Aayha, Helwa, Bcharmichka, Yamta, el-Hawch, Bakka et Dhar el-Ahmar. Deux listes principales croiseront le fer à Rachaya el-Wadi, pour pourvoir aux 15 sièges que compte cette municipalité (10 druzes et 5 chrétiens). Présidée par Ziad el-Aryan, la première liste, qui sera probablement soutenue par le député Fayçal el-Daoud, regroupe des candidats proches du PSP. Elle affontera une seconde liste, de la même couleur politique, présidée par Farès Sayek, qui a l’appui du chef du PSP, Walid Joumblatt. À Beyrouth, le retrait hier d’un des candidats prévus dans la liste haririenne, Hassan Hallak (sunnite), ne devrait pas entraîner des conséquences particulières, ce dernier ayant été immédiatemnt remplacé par Ismat Halwani. M. Hallak, qui s’est rendu hier auprès du Premier ministre, Rafic Hariri, en compagnie du président de la municipalité sortant, Abdel Moneem Ariss, pour l’informer de sa décision, a expliqué qu’en tant que professeur à plein temps à l’UL, il ne pouvait légalement cumuler les deux fonctions. M. Ariss a annoncé que Ismat Halwani remplacera M. Hallak au sein de la liste, affirmant que le désistement de M. Hallak « fait partie du jeu démocratique ». « C’est aux candidats de décider s’ils veulent poursuivre la bataille ou se retirer », a-t-il ajouté. Lors d’une visite effectuée sur le nouveau terrain dont la municipalité de Beyrouth a fait don au wakf sunnite et jaafarite, M. Ariss a souligné que ce bien-fonds, qui servira de cimetière pour les deux communautés, « sera prêt dans deux mois ». Il a en outre précisé qu’un comité formé des membres du conseil muncipal sortant a décidé de mettre à la disposition des communautés chrétiennes d’autres parcelles de terrain.