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Actualités - OPINION

Présidentielle - Les loyalistes s’accrochent à leurs espérances L’idée d’une reconduction perd du terrain

Manifestement, le projet d’amendement de l’article 49 de la Constitution est dans l’impasse. Pourquoi ce blocage ? Au cours d’un cénacle privé, des professionnels en ont discuté. Les partisans de la reconduction ne veulent pas encore s’avouer battus. Mais ils doivent faire face, selon leurs adversaires, aux réalités suivantes : – Les prosyriens, députés et ministres, sont divisés. Ce qui prouve tout simplement que la Syrie, qui peut seule imposer la reconduction, n’a pas donné de consignes en faveur de cette option. Elle ne tente même pas d’en préserver les chances, à toute fin utile. Car autrement, si elle voulait vraiment se réserver cette possibilité, elle aurait prié ses alliés de ne pas étaler leurs divergences, de ne pas trop s’avancer dans un sens ou dans l’autre. En attendant que sonne l’heure de la décision. – Dans la même logique, il est significatif que des personnalités connues pour être proches de la Syrie aient proclamé leur candidature à la présidence de la République. Cela veut dire qu’elles y ont été, sinon encouragées, du moins informées qu’il n’y a pas d’inconvénient, pas d’obstacle à leur démarche. L’ouverture de la compétition reflète une nette tendance à favoriser l’élection d’un nouveau chef de l’État plutôt que la reconduction. – Toujours dans le même ordre d’idée, on laisse les ministres, les députés et les politiciens afficher librement leurs positions concernant la présidentielle et en discuter. Défendre le renouvellement, le combattre, rester neutres ou attentistes. Ce débat génère une certaine confusion qui traduit le flou entourant les intentions syriennes. D’autant que les blocs parlementaires fidèles à la Syrie sont pour la plupart divisés. Mais de ce magma même, il ressort qu’à quelques petites semaines du délai légal, il n’y a encore aucune orientation décisive. Or, bien plus que l’élection d’un nouveau chef de l’État, qui entre dans les normes, la reconduction aurait eu besoin d’une directive préparée à l’avance. – Sur le plan local, la reconduction ou la prorogation n’ont pas leurs chances dans un climat de divisions. Pour qu’elles soient possibles, il faut en effet un large consensus interne, un rassemblement général autour du régime en place. Ce qui n’est pas le cas. – De plus, si un candidat ordinaire peut être élu au second tour à la majorité absolue, pour être reconduit, un président en exercice a besoin d’une majorité des deux tiers. Car, même si la Constitution ne le stipule pas, sans un soutien aussi appuyé, son autorité voire sa légitimité seraient mises en cause. Son pouvoir serait friable, peu fiable, surtout dans les délicates circonstances actuelles, régionales ou économiques. Or, le régime actuel fait face à de nombreux contempteurs. Confronté à des oppositions, à des frondes, aussi multiples qu’actives, il se retrouverait pieds et poings liés, incapable d’assumer les missions et les responsabilités inhérentes à sa charge. Il ne pourrait pas disposer de cet instrument indispensable qu’est un Exécutif cohérent, sensible à ses orientations. On sait en effet que depuis Taëf, le président ne dispose plus du pouvoir effectif, confié au Conseil des ministres. S’il n’y a pas de forte majorité en sa faveur, il devrait subir de nouveau une cohabitation conflictuelle. Et en termes d’intérêt national, cela voudrait dire que le redressement économique, la réduction de la dette publique comme du déficit budgétaire, la réforme administrative, la lutte contre la corruption, l’édification d’un État de droit et des institutions resteraient lettre morte. Au lieu de sortir de la crise, le Liban s’y enfoncerait encore plus. – Il faut savoir lire l’histoire. Faute d’union nationale, le régime renouvelé de Béchara el-Khoury a chuté. Celui de Camille Chamoun n’a pu être reconduit. Fouad Chéhab a compris pour sa part qu’il serait néfaste, pour le pays, de tenter l’expérience, et il y a renoncé. En outre, un président de la République doit pouvoir bénéficier de l’approbation des différentes composantes du pays et du soutien nettement majoritaire de sa propre communauté. – Enfin, les États-Unis et la France ont clairement fait savoir leur opposition à la reconduction, leur souhait de voir les règles du jeu démocratique respectées au Liban. Émile KHOURY
Manifestement, le projet d’amendement de l’article 49 de la Constitution est dans l’impasse. Pourquoi ce blocage ? Au cours d’un cénacle privé, des professionnels en ont discuté. Les partisans de la reconduction ne veulent pas encore s’avouer battus. Mais ils doivent faire face, selon leurs adversaires, aux réalités suivantes :
– Les prosyriens, députés et...