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Actualités - OPINION

Les reconductionnistes enfourchent le dada porteur du redressement économique

Les organismes économiques font grise mine. Car les pouvoirs publics restent, en général, insensibles aux difficultés du pays. Et, du moment que les caisses de l’État sont vides, ils ne s’intéressent que modérément aux finances publiques. Alors que l’ardoise publique a atteint de tels pics qu’il faudrait cent ans de prospérité pour la gommer. Le swap permet de gagner un an ou deux, mais après ? Pour commencer, en 2007 si ce n’est en 2006, il faut rembourser 24 milliards de dollars sur 35. Plus difficile encore, il faut ressusciter le capital confiance, perdu depuis longtemps. Les dirigeants restent obnubilés par une seule échéance, la présidentielle. Pourtant, ils devront, par fonction, se pencher bientôt sur le budget 2005. En effet, selon le ministre des Finances, la préparation de ce projet de loi est en bonne voie et son département devrait en avoir terminé en septembre. Fouad Siniora, qui, pour l’année en cours, avait élaboré un texte désabusé, sinon pessimiste, baptisé selon ses termes « c’est-le-mieux-qu’on-puisse-faire », semble avoir changé d’état d’esprit. Cette fois, en effet, il soutient que l’on va engager la réforme à travers le budget. Pourquoi cette évolution ? Peut-être parce que ce ministre pense qu’en 2005, on en aura fini avec ces zizanies internes qu’il a toujours dénoncées. C’est-à-dire qu’on en aura terminé avec une impossible cohabitation de pôles opposés. Pour le bonne raison qu’il y aurait à Baabda un nouveau régime... Pour l’heure cependant, ce sont les reconductionnistes qui s’efforcent d’exploiter le dossier économique. Ils en soulignent la priorité et l’un d’eux met en garde contre une explosion sociale à la rentrée. D’où, se hâte-t-il d’ajouter, la nécessité de comprendre que la reconduction reste la seule planche de salut. Pourquoi ? Pour deux raisons : il faut une poigne qui sache tenir face à une agitation de rue. Ensuite, il faut également une poigne pour combattre la corruption, véritable cause première de la crise économique. D’autres loyalistes se chargent de leur côté du volet critique. En accablant de reproches une gestion haririenne qui, en 12 ans, à leurs dires, a coulé le pays. En oubliant l’intermède Hoss de 2 ans. En oubliant aussi le sauvetage, toujours assuré du reste, de la livre libanaise. En oubliant enfin les entraves mises, par les contempteurs du Premier ministre, à ce Paris II dont Hariri a été le grand artisan. Ainsi, les privatisations sont restées lettre morte parce que certains pôles restent fermement attachés à la notion socialisante de l’État providence. Le plus étrange, finalement, c’est que tout en attaquant Hariri ces sources, proposent que tout le monde reste en place. Donc qu’il continue à gouverner, aux côtés d’un régime qui aurait droit à un nouveau bail. Au-delà de l’instrumentalisation de l’économique à des fins politiques, il est certain que le prochain régime devra élaborer un plan de sauvetage, en base d’une sorte de Taëf économique. Le pays ne peut plus aller de l’avant à coups de tranquillisants et de palliatifs, comme cela s’est fait jusqu’à présent. Les organismes économiques réclament avec insistance, depuis longtemps, que l’on prenne conscience de la gravité de la situation. Et que l’on cesse de politiser l’économie. Allant encore plus loin dans ce sens, un député opposant relève qu’il faut au contraire économiser la politique. Dans ce sens que le pouvoir politique ne doit plus avoir qu’une seule hantise, partagée et coordonnée, le redressement économique et financier. Pour que les Libanais ne risquent pas de connaître la faim, sinon la famine. Philippe ABI-AKL

Les organismes économiques font grise mine. Car les pouvoirs publics restent, en général, insensibles aux difficultés du pays. Et, du moment que les caisses de l’État sont vides, ils ne s’intéressent que modérément aux finances publiques. Alors que l’ardoise publique a atteint de tels pics qu’il faudrait cent ans de prospérité pour la gommer. Le swap permet de...