COMMUNAUTÉS - Visite rituelle du chef du PSP à l’occasion du 3e anniversaire de la réconciliation de la Montagne Sfeir et Joumblatt en tête à tête et sur la même longueur d’onde à Dimane (photo)

Depuis 2002, c’est un rituel auquel les deux hommes souscrivent avec un plaisir non dissimulé. Chaque 5 août, date anniversaire de la tournée du patriarche maronite dans le Chouf – une tournée qui a scellé envers et contre tous la réconciliation druzo-maronite dans la Montagne –, le chef du PSP, Walid Joumblatt, se rend, comme hier à Dimane, auprès de Mgr Nasrallah Sfeir. Une visite particulièrement symbolique, surtout lorsque l’on se souvient de ce qui avait suivi, de très près, cette réconciliation : les rafles injustifiables et les tabassages – qui l’étaient tout autant – de dizaines d’étudiants et d’étudiantes. Après avoir été reçu par Mgr Samir Mazloum sur le perron de la résidence patriarcale d’été, Mgr Sfeir et Walid Joumblatt se sont retrouvés en tête à tête pendant 45 minutes. Le seigneur de Moukhtara a ensuite été retenu à déjeuner par le cardinal. « C’est le troisième anniversaire de la visite historique du patriarche Sfeir dans la Montagne et au Chouf, lorsque nous avions couronné ensemble la réconciliation et la coexistence. Nous revivons aujourd’hui ces journées-là et, toujours ensemble, nous en recueillons les dividendes. Même s’il reste, pour clôturer le tout, à parachever certaines réconciliations partielles dans la montagne – au Chahhar et à Brih notamment », a dit le chef du PSP, à l’issue de son entretien. Dans le Chahhar, aucun problème, a-t-il souligné. À Brih, il reste le cas litigieux de cette demeure druze construite sur un terrain chrétien. « Il est indispensable de trouver une solution qui satisferait les deux parties ; le patriarche et moi-même allons trouver cette solution », a dit Walid Joumblatt. Rappelant que les fonds ont été débloqués pour Aramoun, Aïn Ounoub et Ghaboun, il a également évoqué l’évacuation des squatters à Mreijé-Haret Hreik et dans quelques endroits bien précis à Beyrouth, indiquant que si tout allait bien, cela se ferait « dans les deux mois ». Walid Joumblatt a conclu en rappelant qu’il allait continuer à marcher main dans la main avec le patriarche Sfeir. Interrogé sur le point de savoir s’il avait évoqué avec le cardinal le très à la mode sujet de la présidentielle, le député du Chouf a insisté sur le fait qu’il ne s’était penché, avec Mgr Sfeir, que sur le dossier de la réconciliation et sur les moyens de concrétiser les réconciliations à venir « le plus vite possible et loin des tiraillements politiques ». Enfin, le même « no comment » joumblattien a été asséné à la question portant sur le discours de Fayadiyé tenu par Émile Lahoud lors de la fête de l’Armée, dimanche dernier. Signalons par ailleurs que le patriarche Sfeir a reçu une délégation des agriculteurs des jurds du Nord, venus se plaindre de la réduction des indemnités versées aux cultivateurs de pommes. Au téléphone avec Kabalan Sur un autre plan, le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel-Amir Kabalan, s’est entretenu au téléphone avec le patriarche maronite, avec lequel il a évoqué les derniers développements en Irak, dans les territoires palestiniens occupés, ainsi que les derniers rebondissements sur la scène locale. Cheikh Kabalan avait reçu dans la matinée une délégation du comité national pour le dialogue islamo-chrétien, comprenant Mohammed Sammak, Hareth Chéhab, Camille Ménassa, Jean Salmanian, Michel Abs et Ali el-Hassan. Cheikh Kabalan a salué les efforts fournis par ces derniers afin de renforcer le dialogue intercommunautaire, insistant sur le fait que le Liban est un exemple unique en son genre dans le monde, grâce à la convivialité des chrétiens et des musulmans, et leur fusion dans le creuset de l’unité nationale. Il a rappelé que le monde arabe est riche de sa diversité confessionnelle, ce qui lui confère force et stabilité, mettant en garde contre Israël et ses tentatives visant à semer la discorde et répandre la terreur dans toute la région : « Le Mossad est responsable de l’explosion des églises en Irak, et c’est l’État hébreu qui profite en premier lieu de ces attentats que nous condamnons à tous les niveaux », a affirmé le vice-président du Conseil supérieur chiite.