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L’Orchestre symphonique national libanais à l’église Saint-Joseph (USJ) Les enchantements de l’amour...

C’est dans une chaleur étouffante et une église Saint-Joseph (USJ) illuminée, pleine, comme d’habitude, jusqu’aux dernières rangées à côté du bénitier que l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de notre dynamique Walid Gholmieh, a officié pour le cycle de concerts qu’il propose avec une heureuse constance et régularité les vendredis soir. Sous le signe des enchantements de l’amour, amour de composer pour des instruments de prédilection, de jouer avec art, dextérité et passion, et surtout celui des battements du cœur humain à travers des arias belcantistes, les auditeurs ont été gratifiés de belles pages, vibrantes de vie et foisonnantes d’images sonores de Mozart, Bizet, Saint-Saëns et Brahms. Ouverture en élégance et douceur avec le Concerto pour flûte n° 2 en D majeur K314 du divin Mozart. En soliste, maître des humeurs et caprices du vent, notre flûtiste national Nabil Mroué, parfaitement à l’aise dans cette œuvre à trois mouvements du génie de Salzbourg où se conjuguent en toute harmonie grâce, légèreté, spontanéité et charme. Un discourse serein, parfois même d’une mélancolie à peine perceptible avec une certaine virtuosité pour la flûte dont Nabil Mroué s’acquitte avec modestie et effacement (car il ne faut pas l’oublier, cette œuvre, en son temps, fut dédiée initialement au virtuose du hautbois de Salzbourg Guiseppe Ferlendis). Changement de ton et de registre avec l’arrivée sur scène de la soprano Galina Khaldeeva en robe de velours mauve moulante en drapé plissé, piquée de strass sur la poitrine et bouffante aux genoux avec falbalas arrivant jusqu’à terre et des manches-souris balayant l’air. Pour un instant un parfum de diva walkirienne a flotté en l’air... Deux arias, d’une grande finesse, célèbres et populaires, choisies du répertoire lyrique français. Tout d’abord le « Mon cœur s’ouvre à toi », émerveillement de l’amour qui s’empare de l’être de Samson et Dalila de Saint-Saëns. Mélodie chavirante et paroles pleines de poésie alourdies et écorchées ici par un accent russe guttural rendant le tout incompréhensible par une diction plus que défectueuse. Suit la merveilleuse Habanera de Carmen de Bizet (sans cambrure de rein, dans un port altier, une Carmen blonde avec des cheveux dénoués et lisses !) jetant, de ses lèvres carminées, son diabolique dévolu sur l’élu de son cœur... Mais là aussi, avec une voix forte aux aiguës profondément russes, on « n’apprivoise » pas facilement les oiseaux pas plus qu’on ne « prend » jamais suffisamment garde des élans d’autrui... Avec tant de contorsions langagières, la Habanera, agrémentée aussi de quelques apogiatures, est devenue plus amusante que troublante ! Dernière œuvre pour clôturer le programme, le Concerto pour violon, violoncello et orchestre en la mineur connu sous le nom de Double concerto) de Brahms avec aux archets des interprètes appréciés de nos mélomanes, Ondin Breazeanu et Roman Storojenco. Trois mouvements révélant tout l’art du compagnon résigné de Clara Schumann et dont on écoute ici le discours, méditatif, à la fois chargé d’une certaine poésie et animé (surtout au troisième mouvement) de quelque esprit folkorique hongrois. Mélange subtil et singulier parfaitement dans le sillage des grandes embardées romantiques alliant fougue, impétuosité et une sorte de fébrilité orageuse. S’inspirant du concerto grosso baroque, cette narration ample, dramatique, parfois même majestueuse, est aussi l’occasion de donner la vedette à deux instruments (violon et violoncelle) que Brahms affectionnait particulièrement et dont il puise ici toutes les ressources en en tirant des accents d’une grande séduction. En duo, soliloquant en solitaire, se donnant la réplique avec volubilité ou unies dans une même ferveur pour affronter l’orchestre, ces voix parrallèles ou soudées sont un enchantement pour l’auditeur qui voyage en carrosse de luxe avec un Brahms allant à bride abattue dans son inspiration. Pas de virtuosité au sens commun du terme mais recherche poussée des sonorités (assez avant-gardistes pour l’époque) où deux thèmes servent de base au développement. La mélancolie sied bien à Brahms et ce sont là sans nul doute les meilleurs passages de ces pages oscillant entre élévation et rythme marqué. Une explosion d’applaudissements éclate à peine les dernières mesures éteintes après un finale en apothéose. Salut des artistes croulant sous la chaleur aussi bien que l’auditoire. En bis, un moment de solitude comblé avec Ondin Brezeanu et Roman Storojenko dans une vibrante et vive Passacaille de Haendel arrangée par les deux interprètes. E. D.
C’est dans une chaleur étouffante et une église Saint-Joseph (USJ) illuminée, pleine, comme d’habitude, jusqu’aux dernières rangées à côté du bénitier que l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de notre dynamique Walid Gholmieh, a officié pour le cycle de concerts qu’il propose avec une heureuse constance et régularité les vendredis...