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Actualités - OPINION

Évitons la langue de bois

Je suis surpris de lire les propos d’un grand nom de la vie politique beyrouthine favorables à une reconduction du mandat de l’actuel président de la République, déjà élu en vertu d’un autre amendement. Motif avancée : « La Constitution doit être révisée de temps à autre dans la mesure où cela servirait le régime démocratique, une cause juste, ou l’intérêt public ! » Ces propos, tenus par un acteur du monde public (et non par un simple citoyen civil qui ignore les principes-clés d’un régime démocratique), illustrent la confusion qui gouverne les conceptions sociopolitiques et constitutionnelles les plus élémentaires. Qu’est-ce donc qui prévaut : est-ce l’amendement constitutionnel, devenu un principe dans notre pauvre République, et cela au détriment du respect des lois en vigueur et au nom de l’intérêt public ? Ou bien cette « cause juste », difficile à définir vu l’élasticité de son évaluation, qui finira par creuser la tombe de la IIe République ? En d’autres termes, où commence l’intérêt public ? Est-ce à partir des évaluations politiques circonstancielles, répondant souvent à des fins individuelles ? Auquel cas la Constitution ne serait que quelques phrases couchées sur le papier. Ou bien s’agit-il d’un acte de foi nationale en un texte, et d’une pyramide de lois républicaines qui, respectées, fourniront une base démocratique où l’alternance garantirait le changement et le progrès, et installerait le principe de ce contre-pouvoir qu’est, dans toute démocratie, la « responsabilisation », sans pour autant fermer la porte devant les influences géopolitiques désormais naturelles dans toute démocratie ? La réponse réside dans la nature, jusqu’ici très fragile, de notre société : là où le concept très répandu de « nationalisme » (en arabe : « al-wataniya », et non le nationalisme au sens xénophobe et isolationniste du terme) diffère d’une région à l’autre, d’une confession à l’autre, mais aussi et surtout d’une strate sociale à l’autre, il n’y aura que le respect des lois en vigueur et la promotion d’un État de droit qui sauvera notre nation. Et pour y parvenir, je fais appel à tous les politiciens pour leur demander de renoncer à la langue de bois et d’être à la hauteur de leurs responsabilités, pour éviter de mettre en danger nos lois républicaines, alors qu’il leur incombe, à eux surtout, puis à toutes les composantes de la société civile, d’insuffler à un peuple hélas désespéré une culture démocratique saine. Oui au principe indivisible, absolu et non circonstanciel de l’État de droit. Oui au changement constant. Non à tout amendement constitutionnel ne s’inscrivant pas dans un projet global de réforme constitutionnelle. Hikmat ABOU-ZEID

Je suis surpris de lire les propos d’un grand nom de la vie politique beyrouthine favorables à une reconduction du mandat de l’actuel président de la République, déjà élu en vertu d’un autre amendement. Motif avancée : « La Constitution doit être révisée de temps à autre dans la mesure où cela servirait le régime démocratique, une cause juste, ou l’intérêt public !...