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Festival de Beiteddine - Le pianiste turc donnera un récital ce soir, à 20h30 Puissant et sensible Fazil Say (photo)

Il suffit de voir entrer Fazil Say dans la salle où le rendez-vous a été fixé pour un bref entretien pour comprendre la densité du personnage. Le pianiste turc, qui a commencé une carrière internationale fulgurante avec la double toque d’interprète et de compositeur – parcours pour le moins rare à 34 ans –, semble presque constamment ailleurs, parlant peu et de manière indistincte, acceptant néanmoins avec courtoisie de répondre aux questions. Étonnant musicien, né en 1970 et qui a commencé ses études à 11 ans, autant dire tardivement, au Conservatoire d’Ankara. Six ans plus tard, il est envoyé à l’institut Schumann de Düsseldorf où il travaille sous la tutelle de David Levine jusqu’en 1991. Puis vient l’Académie de Berlin, jusqu’en 1995. Cette année le lance sur la scène professionnelle, grâce à ses premiers prix aux Auditions internationales des jeunes concertistes à New York, d’abord, et à celui de la Fondation Beracasa, ensuite. Ce dernier le mène directement au Festival international de Montpellier, qu’il dit chérir particulièrement, et où il se rendra quelques jours après son concert libanais. Retour à la vie Les enregistrements, depuis huit ans, ne se comptent presque plus. Il faut tout de même citer les plus marquants : Bach, en 1998 (Teldec) ; la version, écrite par Stravinski, pour deux pianos, du Sacre du printemps, qu’il interprète lui-même deux fois à l’aide d’un préenregistrement effectué grâce à un système informatisé. Commentaires de l’intéressé : « Entre 18 et 20 ans, je suis passé par une crise assez forte, confie-t-il avec un regard aussi puissant que sensible. Mes bras, complètement ankylosés, m’empêchaient de jouer. Avec mon professeur, nous avons alors travaillé l’interprétation pour deux pianos de l’œuvre de Stravinski, que je découvrais alors. Celle-ci m’a tout simplement ramené à la vie musicale. Mon professeur est décédé trois ans plus tard, et c’est à ce moment-là que j’ai découvert l’ordinateur Bösendorfer 290SE qui m’a permis d’avoir quatre mains, en quelque sorte. Mais la synchronisation, dans ce cas très précis, est aussi très difficile. Il faut accepter de jouer de la musique de chambre avec un passé, même s’il est le vôtre et enregistré. » Tradition turque Voilà pour l’exceptionnel version du Sacre du printemps, qui lui a valu le prix de la critique allemande, section enregistrements, en 2001. L’année 2003, enfin, marque la parution, chez Naïve, de Black Earth, qui comprend la majeure partie de ses compositions, dont le magnifique Black Earth, qu’il interprétera ce soir, aux côtés de sonates de Hadyn et de Mozart, de la Sonatine de Ravel et d’une bonne partie du répertoire pour piano de Gershwin. Stravinski a donc permis à Fazil Say de « redécouvrir l’âme véritable de l’art et de la vie ». Il s’attaque actuellement à Bach et Beethoven, en duo avec le violoniste russe Maxim Vengerov. Et, à l’occasion du 250e anniversaire, en 2006, de la naissance de Mozart, un disque avec des concertos pour piano du génie de Salzbourg sera disponible dès septembre prochain. Quand est évoquée sa carrière de compositeur, très marquée par la tradition musicale turque, Fazil Say sourit : « La musique classique n’est pas seulement celle que l’on croit. Il est important de rendre les racines musicales immortelles, surtout celles de notre région et par des temps difficiles comme ceux d’aujourd’hui. Nous ne comptons pas pour des prunes, c’est tout. » Puissant et sensible. C’est Fazil Say. Diala GEMAYEL
Il suffit de voir entrer Fazil Say dans la salle où le rendez-vous a été fixé pour un bref entretien pour comprendre la densité du personnage. Le pianiste turc, qui a commencé une carrière internationale fulgurante avec la double toque d’interprète et de compositeur – parcours pour le moins rare à 34 ans –, semble presque constamment ailleurs, parlant peu et de manière...