Rechercher
Rechercher

Actualités

TRIBUNE Comment éviter le risque de change ?

Par Bernard JABRE* Le Liban a subi de plein fouet les fluctuations de change entre le dollar et l’euro. Les importations majoritaires en provenance de la zone euro, mais aussi en provenance de la zone yen, sont affectées. De même, les dépôts en dollars qui ne se sont pas couverts contre la hausse de l’euro depuis un an ont perdu au moins 15 % de leur pouvoir d’achat, malgré la consolidation actuelle du marché euro/dollar. Ces fluctuations affectent la compétitivité des entreprises libanaises importatrices. Si les cours évoluent en sens inverse, la monnaie locale perdant de sa valeur contre la monnaie d’importation, le pouvoir d’achat et la valeur de remplacement des marchandises seraient alors menacés. En ne se couvrant pas contre ces risques de change, les entreprises se retrouvent en situation spéculative et subissent des pertes de compétitivité, de cash-flow et des pertes opérationnelles. Il existe des techniques de couverture pour se prémunir contre ces risques. Elles consistent à compenser financièrement le risque de change par une position sur les marchés mondiaux qui servent de canal de transmission et de transfert des risques sur autrui. Leur utilisation est une condition sine qua non de la survie des activités économiques, industrielles et financières. L’ignorance en la matière disqualifie de fait les acteurs réticents qui croient s’en sortir avec le temps. Il existe en général trois profils de risque : le risque de hausse, le risque de baisse et le risque simultané de hausse et de baisse. Face à ces trois risques, il existe trois techniques de couverture. En achetant l’euro à 1,18 dollar, par exemple, le trésorier qui anticipe une hausse se couvre contre cette éventualité en achetant des euros à terme contre dollar grâce à un instrument appelé « forward » ou « future ». Mais, ce faisant, il reste exposé au risque de la baisse de l’euro si son anticipation est mauvaise. S’il anticipe une baisse de l’euro, il peut se couvrir contre cette baisse de la même façon en vendant de l’euro à terme contre dollar, mais il reste exposé au risque de hausse. L’instrument de couverture est donc lié à l’anticipation de l’évolution du marché. Si l’anticipation est mauvaise, l’entreprise encaisse une perte. Les marchés financiers offrent une possibilité de couverture simultanée à la hausse et à la baisse, à travers les options. L’inconvénient c’est le coût de ces instruments qui s’apparentent à une prime d’assurance. Au final, il n’est pas exclu que le montant cumulé des primes payées égale, voire excède, le risque qu’il était prévu d’éviter. Pour se couvrir contre les risques de change, il faut donc choisir le bon instrument de couverture au moment opportun, sous peine de perdre de l’argent. Ce savoir-faire est un métier. La théorie scientifique prétend qu’il est impossible de prévoir les marchés financiers, car ils ont autant de chances à tout moment de monter ou de baisser et subissent un processus mathématique appelé « martingale » où l’espérance de gain est nulle, voire négative. En fait, les instruments scientifiques, tels que les modèles mathématiques, sont uniquement capables d’extrapoler des situations passées. Ils sont aveugles face aux anticipations. La science a donc ses limites, car la vie des marchés n’est pas statique, mais dynamique. Seule une expérience sage des marchés, de leurs fluctuations et de l’anticipation des mouvements constitue, après des années d’entraînement, l’arme du succès. * PDG de Aleph Asset Management - www.aleph.bz
Par Bernard JABRE*

Le Liban a subi de plein fouet les fluctuations de change entre le dollar et l’euro. Les importations majoritaires en provenance de la zone euro, mais aussi en provenance de la zone yen, sont affectées. De même, les dépôts en dollars qui ne se sont pas couverts contre la hausse de l’euro depuis un an ont perdu au moins 15 % de leur pouvoir d’achat,...