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CONCERT - Le quatuor arabo-occidental à l’Assembly Hall – AUB « Zarani », de Zad Moultaka : le nouveau compositeur libanais est arrivé

Depuis l’ultime relève assurée par Ziad Rahbani, autant dire que la création musicale libanaise à proprement parler – celle qui n’est ni de la composition «adaptée » ni de l’imitation parfaite, celle-ci étant le passage obligé avant la divine nouveauté –, était tombée dans un sommeil profond. Quelque vingt ans après, la Belle au Bois dormant a trouvé son prince : Zad Moultaka, admirable de dévotion à la vraie musique, celle qui ne transige sur rien et qui exige tout, voire l’impossible, l’impensable. Unir mouachahate et piano est le défi relevé par l’artiste qui, un jour, a écouté la voix qui l’a détaché de l’interprétation pour le conduire, au début presque par la force, devant son clavier. Jusqu’au bout des cordes, Zad Moultaka a cherché le quart de ton, qu’il a fini par trouver. Fort de cette découverte, il pouvait alors s’attaquer au genre du mouachah et le faire renaître. Vidé de sa substance C’est donc avec le concours de la très talentueuse chanteuse Fadia Tomb el-Hage, du percussionniste Pierre Rigopoulos et du oudiste Jihad al-Chemaly que Zad Moultaka a enregistré Zarani (L’Empreinte digitale, 2003), album dont le groupe a interprété des extraits lors d’un concert unique donné à l’Assembly Hall (AUB). Il faut être particulièrement innocent, au sens le plus noble et archaïque du terme, et courageux pour s’immiscer, avec un système occidental aussi complet que celui que le piano représente, dans un monde de chant, de luth et de percussions aussi orientaux. Le résultat est presque effrayant de nouveauté. Le pianiste vient installer la distorsion salvatrice, à la première écoute dissonnante. C’est que la création à l’état pur se laisse difficilement apprivoiser. Il faut plusieurs écoutes pour ingérer le message musical. Un genre, connu pour la diversité de son rythme, la richesse de ses modes (maqâmat) et attaché au récitatif de poèmes anciens, se retrouve densifié – ou est-ce l’inverse ? – par un piano tantôt accompagnateur, tantôt soliste. C’est cela, le génie créatif : un air de déjà-entendu, totalement vidé de sa substance sans l’indéfinissable et puissant apport de notes que rien ne permettait d’imaginer là, un jour. Or, un jour Zad Moultaka est arrivé. Le sort de la musique libanaise en est jeté. Diala GEMAYEL
Depuis l’ultime relève assurée par Ziad Rahbani, autant dire que la création musicale libanaise à proprement parler – celle qui n’est ni de la composition «adaptée » ni de l’imitation parfaite, celle-ci étant le passage obligé avant la divine nouveauté –, était tombée dans un sommeil profond.

Quelque vingt ans après, la Belle au Bois dormant a trouvé son...