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Antiquités - La statue du pharaon quitte Le Caire pour retrouver son emplacement d’origine dans le désert égyptien Ramsès II se prépare à un nouveau « grand voyage »

La statue colossale de granit rose de Ramsès II, l’un des plus célèbres bâtisseurs de l’Égypte pharaonique, va entamer une nouvelle longue marche en sens inverse du Caire vers un site proche de son berceau initial, après un exil d’un demi-siècle au centre de la capitale. Depuis deux mois, l’imposant monument, voisin de la gare centrale, devenu à la longue l’un des repères des visiteurs nationaux et étrangers du Caire, est dissimulé sous la forêt de tubes de l’échafaudage sur lequel travaillent des dizaines d’experts chargés de préparer la royale statue à son nouveau périple. Selon Khaled Nasr, directeur du chantier, Ramsès II sera déboulonné de son socle massif en béton d’ici à la fin de l’année pour entamer son périlleux voyage aux alentours de février 2005. L’objectif officiel de l’opération, annoncée comme imminente et reportée à plusieurs reprises depuis dix ans, est de soustraire le monument à l’humidité et à la pollution dans un carrefour réputé le plus pollué du Caire. 900000 voitures traversent la zone deux fois par jour sous la barbe de Ramsès II. Les vibrations, mais aussi l’humidité et les particules de carburants menacent d’altérer les cartouches d’hiéroglyphes, qui avaient permis l’identification du monument lors de sa découverte, et d’ébranler la statue, a expliqué Khaled Abdel Hadi, directeur de la restauration du Conseil supérieur des antiquités (CSA). Les travaux sont avancés, mais ingénieurs et archéologues prennent mille précautions de crainte que la statue, pesant plus de 80 tonnes et mesurant plus de onze mètres de haut, ne se brise pendant son transfert. Avant son retour vers les confins désertiques où il a été découvert, Ramsès II, recollé avant son premier voyage au Caire, doit subir une radiographie pour déceler d’éventuelles fissures internes. Le voyage devrait durer trois nuits à travers un itinéraire soigneusement tracé afin d’éviter de malencontreux obstacles. Il conduira Ramsès II, sous bonne escorte, vers sa nouvelle destination, sur le site du futur «Grand musée égyptien», proche des Pyramides, à l’entrée de la route de l’Oasis d’el-Fayoum, à la porte sud du Caire. Ramsès II fera son nouveau voyage non dans une barque solaire, mais enfermé dans une caisse métallique pesant 25 tonnes, qui sera hissée sur un porte-chars. Le déménagement, confié à une société égyptienne, coûtera plus de 6 millions de livres égyptiennes (1 million de dollars environ). Découverte en 1883 à Mit Rahina dans l’enceinte de Memphis, première capitale de l’Égypte pharaonique, la statue de Ramsès II avait été soustraite à son berceau natal en 1954 pour être acheminée au Caire, au milieu des acclamations et des vivats d’un cortège populaire haut en couleur. Gamal Abdel Nasser, qui venait de renverser la monarchie, voulait ainsi renouer avec les racines historiques de l’Égypte après plusieurs règnes confus de dynasties étrangères. Ramsès II a vécu quelque 90 ans et régné pendant 68 ans sur l’Égypte entre 1304 et 1236 avant Jésus-Christ. Sa momie, restaurée au Louvre, repose au musée du Caire. Elle en est une des principales attractions avec le trésor de Toutankhamon. Il a été accueilli au Caire sur la place connue sous le nom populaire de Bab el-Hadid (titre arabe du célèbre film de Youssef Chahine Gare Centrale), rebaptisée au nom de la reine Nazli, mère de Farouk, dernier souverain d’Égypte. Depuis l’arrivée de la royale statue, elle a pris le nom de «Place Ramsis» (prononciation arabe de Ramsès). Le monument, prolongé par un bassin et un jet d’eau, était visible de très loin et s’est trouvé peu à peu enserré dans un dense réseau d’autoponts et de passerelles érigés pour décongestionner les circulations automobile et piétonne aux abords de la gare centrale. Ramsès II, fils du Dieu Soleil, qui semblait étouffer à l’ombre de cette forêt de métal et de béton, a perdu de sa majesté, ce qui a convaincu les autorités de le libérer de son carcan pour le renvoyer vers son désert natal.

La statue colossale de granit rose de Ramsès II, l’un des plus célèbres bâtisseurs de l’Égypte pharaonique, va entamer une nouvelle longue marche en sens inverse du Caire vers un site proche de son berceau initial, après un exil d’un demi-siècle au centre de la capitale.

Depuis deux mois, l’imposant monument, voisin de la gare centrale, devenu à la longue l’un...