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Présidentielle - Le chef du gouvernement avait estimé que la rue est dans sa grande majorité contre la prorogation Les propos de Hariri provoquent la colère des parlementaires pro-reconduction

Un coup de tonnerre. Tel est l’effet produit hier par l’entretien accordé par le Premier ministre Rafic Hariri au quotidien as-Safir concernant son refus net, clair et précis de la reconduction du mandat du président de la République. Des propos qui ont d’ailleurs suscité des réactions vives dans les milieux politiques, pro et anti-reconduction. Mais qu’a révélé hier Rafic Hariri au quotidien as-Safir ? D’abord son opposition claire et nette à toute reconduction, qui doit faire, selon lui, un effet boule de neige sur le plan national. Selon le Premier ministre, paraphrasé par le quotidien, la rue est dans sa grande majorité contre toute prorogation, et les députés qui expriment cette position sont représentatifs de l’état d’esprit des Libanais. Les députés savent que les législatives sont proches, et qu’ils pourraient assumer les conséquences de leur choix en faveur de la reconduction s’ils vont à l’encontre du courant populaire, a indiqué M. Hariri. Le chef du gouvernement a ajouté que les anti-reconduction ne se tairont que lorsque les pro-reconduction en auront fait de même, et que, d’ailleurs, les opposants à l’amendement constitutionnel s’expriment naturellement et non à sa demande... Et pourquoi les réprimer, s’est-il demandé, estimant que le débat sur l’échéance présidentielle est sain et plein de dynamisme. Hariri a ensuite précisé à qui veut bien l’entendre que cette impression selon laquelle il ne rempilera pas à la tête du gouvernement si rien ne change n’est pas une manœuvre de sa part. « Je ne peux pas revenir pour présider un gouvernement au sein duquel chaque ministre agit à sa guise... Malheureusement, beaucoup se blottissent derrière la ligne nationale pour commettre des abus », a-t-il affirmé. Rafic Hariri a indiqué que s’il était retourné au pouvoir en l’an 2000, c’était sur des bases différentes de ce qui s’est produit par la suite, et « compte tenu de promesses qui m’ont été données, selon lesquelles les choses iraient dans un sens différent. Mais ces promesses n’ont pas été respectées ». Et de revenir à la charge : « Ceux qui parient sur le fait que je vais rester au pouvoir une seconde dans le cadre d’une situation similaire se font des illusions. On ne refait pas deux fois la même erreur. » Interrogé sur des éventuelles garanties qu’il obtiendrait pour rester en place, Rafic Hariri répond que l’heure n’est plus aux garanties et que « moi seul peux savoir s’il y a une possibilité de coordonner avec le prochain président de la République ». Et de poursuivre, au sujet de la théorie selon laquelle si Hariri reste, il faut que le successeur d’Émile Lahoud soit capable de lui brider ses ardeurs et de jouer les contrepoids : « Ne vous fatiguez pas, je quitterai volontairement (...). » Le Premier ministre a par ailleurs indiqué qu’il n’assumait pas seul la responsabilité de la dette publique en augmentation perpétuelle depuis 1998, « parce que je n’ai pas gouverné ; c’était Émile Lahoud qui le faisait ». « J’ai tenté l’expérience avec lui, et j’ai œuvré en faveur de la coordination en toute bonne volonté, d’autant que j’ai appris à respecter les personnes et les positions. Mais nous n’avons pas atteint ensemble le résultat escompté », a-t-il poursuivi. Concernant les critères spécifiés par le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, concernant le prochain président de la République pour qu’il bénéficie de son soutien, M. Hariri a estimé que M. Joumblatt a exprimé une position nationale. « Nous n’acceptons pas qu’une personne hostile à la Syrie et aux constantes stratégiques accède à la première présidence. Nous ne lui permettrons pas de le faire, pas parce que la Syrie nous le demande, mais parce que nous sommes convaincus par ces constantes dans nos relations avec Damas », a-t-il dit. Et d’achever l’entretien en évoquant la campagne orchestrée par une chaîne de télévision privée dont il est la victime depuis six ans. « Nous savons qui couvre cette campagne », a-t-il souligné. Il a estimé que le prochain cabinet devait en priorité procéder aux nominations administratives, élaborer une loi électorale et appliquer les engagements de Paris II dans l’attente d’un Paris III sans lequel il n’existe aucun salut, selon lui. Les réactions Les députés pro-reconduction Nader Succar et Jihad es-Samad ont vivement réagi aux propos tenus par le chef du gouvernement. M. Samad a appelé M. Hariri à « démissionner, puisqu’il n’est plus convaincu par le fait de rester au pouvoir et qu’il prétend que les garanties sont inutiles, alors que nous ne savons même pas de quelles garanties il est question ». Pour Jihad es-Samad, Rafic Hariri n’a « pas vraiment compris le concept de la démocratie », puisqu’il affirme que « lui seul décide s’il reste ou non chef du gouvernement ». « Il feint d’ignorer que s’il est là, c’est par la volonté de la Chambre », a-t-il souligné. « La grande majorité des députés a accepté Hariri comme chef du gouvernement par souci d’une stabilité garantie par le parrainage syrien de l’État et des institutions. Mais nous avons découvert que c’est Hariri qui a accepté le pouvoir et supporté le peuple libanais malgré lui. La solution qui détendrait tout le monde, c’est qu’il s’en aille », a poursuivi M. Samad. Avant de repartir à l’attaque : « Nous voulons demander à M. Hariri, qui s’exprime au nom du peuple, pourquoi il a perdu les municipales de Saïda, et comment il aurait réussi à préserver sa présence à Beyrouth sans le parrainage syrien de sa liste. » Et de pousser les choses encore plus loin, en accusant M. Hariri de « profiter de la présidentielle pour opérer un coup d’État contre le rôle syrien au Liban », et en appelant le Premier ministre à « tirer profit de l’expérience Michel Aoun, celle des paris perdus ». « Que s’en aille le responsable qui a échoué et que reste celui qui a réussi », a-t-il conclu. Même son de cloche chez Nader Succar, qui a appelé M. Hariri à « cesser de réduire le peuple libanais à sa propre personne, après qu’il a réduit le Conseil des ministres à sa plus simple expression ». M. Succar a rendu hommage aux efforts déployés par Émile Lahoud pour préserver cette institution, estimant que les propos du Premier ministre constituent une atteinte au Parlement, et faisant allusion au fait que l’absence de reconduction affaiblirait la Syrie au Liban. De son côté, le député de Beyrouth, Atef Majdalani, a repris à son compte les propos de M. Hariri, estimant que la grande majorité des Libanais, chrétiens et musulmans, « refuse toute atteinte à la Constitution » et précisant qu’un amendement constituerait « une menace d’une nouvelle crise touchant la stabilité politique et économique ». M. Majdalani a appelé Émile Lahoud à prendre position clairement concernant la reconduction, pour « éviter davantage de tension au pays ». Enfin, l’ancien ministre Issam Naaman s’est opposé à tout amendement de l’article 94, estimant que la Constitution est « un texte sacré qu’il ne faut pas toucher ».
Un coup de tonnerre. Tel est l’effet produit hier par l’entretien accordé par le Premier ministre Rafic Hariri au quotidien as-Safir concernant son refus net, clair et précis de la reconduction du mandat du président de la République. Des propos qui ont d’ailleurs suscité des réactions vives dans les milieux politiques, pro et anti-reconduction.
Mais qu’a révélé hier...