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ÉCLAIRAGE - Première (et décisive) réunion aujourd’hui entre Hariri et le Club des 6 après leur accord de principe Damas s’impliquera-t-il pour Pakradouni comme il l’a fait pour Salam ?

C’est aujourd’hui que se tiendra la réunion attendue par tous entre Rafic Hariri et le Club des 6 (Amal, Hezbollah, Tachnag, PSNS, Baas, Kataëb), la première depuis l’accord de principe de jeudi dernier. Une réunion qui scellera sans doute définitivement le sort du paysage municipal de la capitale – à une douzaine de jours du dimanche électoral, le 9 mai prochain, et quelque 48 heures avant qu’Abdel-Meneem Ariss, le président sortant de la municipalité de Beyrouth, ne proclame la liste que parrainera dans sa totalité le maître de Koraytem. Cette réunion sera donc le point quasi final, l’acmé du forcing syrien dans ces municipales beyrouthines – un énième épisode d’une riche série de bras-de-fer qui opposent depuis quelques longs mois Rafic Hariri et Damas. « Sauf qu’en règle générale, les Syriens n’aiment pas qu’on leur impose une épreuve de force lorsqu’ils ne l’ont pas décidé eux-mêmes, et au timing qu’ils ont choisi. Dans le cas des municipales, ils ont été entraînés. D’abord, parce que Bachar el-Assad éprouve beaucoup d’affection pour Tammam Salam ; ensuite, parce que le chef de l’État ne veut rater aucune occasion d’affaiblir le Premier ministre », rappelle un fin observateur du landernau politique de la capitale. Qui pose tout haut la question dont la majorité des Beyrouthins, pour ne citer qu’eux, attendent la réponse sur le terrain : est-ce que l’insistance syrienne, en principe réussie, auprès de Rafic Hariri en faveur de Tammam Salam se reproduira-t-elle pour Karim Pakradouni et son candidat kataëb ? « Les Syriens veulent en finir avec Beyrouth et ils ont désamorcé eux-mêmes leur conflit avec Rafic Hariri. Politiquement, cela ne peut pas aller plus loin que Tammam Salam. D’autant qu’il semblerait qu’après son voyage en Égypte, le crédit du ministre du Développement administratif auprès des Syriens ait diminué », indique cet observateur. Soulignant, et cela semble bien compréhensible pour celles et ceux qui ont suivi de près les débats des derniers trois mois en Conseil des ministres, ainsi que les interventions du chef des Kataëb contre le Premier ministre, que Rafic Hariri ne peut pas, même s’il le voulait, inclure un représentant de Karim Pakradouni dans la liste beyrouthine qu’il parraine, au risque d’entamer sérieusement son capital crédibilité auprès de son électorat sunnite. Le Premier ministre écoutera-t-il les « conseils » avisés qu’on lui prodigue infatigablement, Nabih Berry en tête : revoir son niet contre Pakradouni, sous prétexte, depuis que le FL Joe Sarkis lui a fait défaut, qu’il n’y aura aucun parti chrétien au sein de sa liste ? Va-t-il persister et signer ? Va-t-il accepter, pieds et poings liés, en espérant que les urnes élimineront d’elles-mêmes le colistier indésirable ? Tout cela en sachant que le chef des Kataëb a bien laissé comprendre dans un communiqué publié hier qu’il refusait catégoriquement tout veto à Beyrouth. Reste à savoir enfin si le Club des 6, qui s’est réuni hier au siège du Tachnag à Bourj-Hammoud, optera pour une solidarité jusqu’au-boutiste avec Karim Pakradouni, ou s’il acceptera de ne se contenter « que » des cinq autres partis. Parce que pour le Tachnag ou pour le Hezbollah notamment, Rafic Hariri n’a pas de problème à les voir figurer sur sa liste : le premier, qui ne compte pas rééditer son expérience de 1998 d’exclu du conseil municipal beyrouthin, lui rapportera un nombre de voix loin d’être négligeable – et il pourra même tenter de les récupérer pour les législatives 2005 – ; quant au second, il ne s’est jamais prononcé, ou presque pas, au Parlement, contre un projet de loi relatif à Beyrouth et proposé par le Premier ministre. Restent deux poids lourds sunnites : Sélim Hoss et, naturellement, Tammam Salam. L’ancien président du Conseil, profondément antiharirien, n’a pas ménagé ses critiques, loin de là, contre le Club des 6 ; il n’a plus que Abdel-Hamid Fakhoury, dont la liste reste fort incomplète, et que l’on voit mal, souvenirs de la guerre Hoss-Aoun obligent, rejoindre la liste de l’opposition menée par Sélim Yassine et... les aounistes. Quant au fils de Saëb bey, qui a multiplié, d’une façon parfois fort surprenante, ses messages plus ou moins subliminaux comme autant d’appels du pied à Rafic Hariri, il pourrait bénéficier, dans la formule visiblement privilégiée par ce dernier et s’il acceptait de le rejoindre, de deux sièges sunnites en sus des cinq réservés au maître de Koraytem : le sien, plus celui de Sélim Hoss qui dit toujours non à Rafic Hariri – le troisième allant à la Jamaa islamiya. Quoi qu’il en soit, Tammam Salam recevra aujourd’hui dans la matinée le Club des 6. Reste également une inconnue de taille : les douze conseillers municipaux chrétiens. Et une question corollaire : Rafic Hariri réussira-t-il son test et respectera-t-il sa promesse de ne pas se mêler du choix des colistiers maronites, orthodoxes et catholiques d’Abdel-Meneem Ariss ? D’autant qu’il sera présent demain à un meeting électoral à l’hôtel Gabriel, en plein Achrafieh : plus qu’un symbole, un message aux chrétiens ? Soit. À condition qu’ils ne deviennent pas, dès le 10 mai, comme autant de bénis oui-oui au sein de la municipalité de Beyrouth. Reste enfin un constat. Indépendamment du fait que les Beyrouthins ne cessent de se demander, en toute légitimité, quel est le rapport entre le PSNS ou le Baas, entre autres, et Beyrouth, et quelles peuvent être les raisons et les motivations de ce « 6 février politique » perpétré il y a quelques jours par Gebrane Arayji, évoquant, au sortir de Koraytem, « le Beyrouth de Gamal Abdel-Nasser et de Hafez el-Assad », force est de reconnaître que le conseil municipal beyrouthin cuvée 2004 ressemblera plus ou moins, après toute cette sueur dépensée, à son prédécesseur 1998. Beaucoup moins marqué par un leadership haririen unilatéral, certes, mais consensuel, et toujours aussi handicapé par les pouvoirs, naturellement nécessaires, du mohafazat. Ziyad MAKHOUL
C’est aujourd’hui que se tiendra la réunion attendue par tous entre Rafic Hariri et le Club des 6 (Amal, Hezbollah, Tachnag, PSNS, Baas, Kataëb), la première depuis l’accord de principe de jeudi dernier. Une réunion qui scellera sans doute définitivement le sort du paysage municipal de la capitale – à une douzaine de jours du dimanche électoral, le 9 mai prochain, et...