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Actualités - OPINION

Appréhensions croissantes à Beyrouth Les organismes économiques se focalisent sur la situation au Proche-Orient

Les professionnels de la politique, les cadres officiels se lancent à corps perdu dans les municipales. L’opinion publique elle-même s’y intéresse de près, s’y passionne au point d’en oublier presque ses soucis. Mais les organismes économiques, pour leur part, n’ont en vue, et en tête, que les tensions, ou les guerres, régionales. Si redoutables qu’on se demande si le Liban, déjà mal en point, va pouvoir en supporter les retombées économiques ou financières. Le cabinet israélien restreint a décidé de liquider physiquement nombre de pôles palestiniens, dont certains se trouvent en exil. En ce qui concerne le Liban, le président Lahoud réagit en proclamant qu’Israël « doit savoir que toute agression à l’intérieur du territoire libanais contre quiconque, pour n’importe quelle raison, sera considérée comme une grave violation de la ligne bleue au Sud. Avec tout ce que cela implique comme répercussions, dont Israël supportera seul les conséquences ». D’autre part, ou en face, les États-Unis ont protesté officiellement contre les visites que Khaled Mechaal, chef du bureau politique de Hamas, est autorisé à effectuer au Liban. Et contre les activités qu’il y déploie. Washington ne cesse, dans le même esprit, de dénoncer les positions et les actions du Hezbollah. Faut-il rappeler que Mechaal et d’autres cadres palestiniens installés au Liban ou en Syrie, mais aussi les dirigeants du Hezbollah, font partie de la liste des cibles qu’Israël compte assassiner ? De nouveaux attentats israéliens, surtout à l’extérieur, risqueraient, à première vue, de provoquer une guerre généralisée dans la région. Cependant, un diplomate libanais exclut cette menace. En soutenant que les USA ne permettront pas à Israël d’attenter à la vie d’une personnalité qui ne serait pas directement impliquée dans des attaques s’étant soldées par la mort de civils israéliens. Pour ce qui est du Liban même, ajoute cette source, il veille, en coordination avec la Syrie, à maintenir le calme au Sud. Le Hezbollah n’y entreprend des opérations strictement à l’intérieur de l’enclave occupée de Chebaa, c’est-à-dire en territoire libanais, qu’en riposte à des violations israéliennes de la ligne bleue. De même, poursuit le diplomate, les cellules palestiniennes, établies dans les camps de réfugiés au Liban, ne déploient pas d’activités militaires contre Israël. Ni contre les intérêts américains. Bien que le président Bush ait donné récemment à Sharon carte blanche pour ses plans criminels sous prétexte de légitime défense. Bien qu’il lui permette de la sorte d’établir les frontières à sa guise au mépris de la 242 et des principes de Madrid. Et bien que le chef de la Maison-Blanche ait dénié aux réfugiés le droit de retour en foulant de la sorte aux pieds la résolution 194 de l’Onu. Autrement dit, la nouvelle politique de Bush est totalement hostile au peuple palestinien, qui voit s’éloigner l’espoir de fonder son propre État. Bien entendu, cette orientation met dans l’embarras les pays arabes amis des USA. Le rejet du droit de retour signifie l’implantation. Une perspective qu’aggraverait encore la non-création d’un État palestinien. Car les réfugiés n’auraient pas de carte d’identité nationale, de passeport en règle. Et ne pourraient toujours pas être considérés comme des ressortissants étrangers normaux par les pays d’accueil. La masse compacte des réfugiés, surtout au Liban, se transformerait alors en bombe à retardement. Mettant en péril la stabilité, la sécurité intérieures. Sans que les autorités libanaises puissent réprimer à fond un mouvement de colère légitime, face à la perte de droits essentiels comme le droit de retour. Dans la prochaine phase, il faudra voir quel genre de résolutions, fermes ou coulantes, le sommet arabe va prendre. Et quel effet cela pourrait avoir sur Israël. Et sur les États-Unis, qui souhaitent pour leur part que les Arabes rouvrent la voie aux négociations de paix. En neutralisant les opérations-suicide par une résolution ordonnant que toutes les organisations, le Hamas et le Jihad compris, se soumettent effectivement à l’Autorité palestinienne. Cela en tenant compte du fait que les USA, embourbés en Irak, n’ont pas intérêt à voir s’ouvrir d’autres fronts dans la région. Mais, en réalité, on voit mal comment, après les assassinats de cheikh Yassine et de Rantissi, après les décisions israéliennes contre la paix et les droits des Palestiniens, le cycle de violence peut être contenu. On voit mal également comment les dirigeants arabes pourraient aller contre leurs opinions révoltées en bridant les radicaux palestiniens. En tout cas, le Liban risque de jouer, une fois de plus, le rôle peu enviable de maillon faible de la chaîne, de bouc émissaire et de soupape. En accusant une forte déstabilisation intérieure, due notamment à des heurts, des secousses, dans la région frontalière sud. Les organismes économiques s’en inquiètent beaucoup, car l’économie et les finances publiques ne s’en remettraient pas. Émile KHOURY
Les professionnels de la politique, les cadres officiels se lancent à corps perdu dans les municipales. L’opinion publique elle-même s’y intéresse de près, s’y passionne au point d’en oublier presque ses soucis.
Mais les organismes économiques, pour leur part, n’ont en vue, et en tête, que les tensions, ou les guerres, régionales. Si redoutables qu’on se demande si...