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Actualités - OPINION

Le socio-économique, principal défi pour le prochain régime

Ce sont des facteurs politiques qui ont renversé le régime de Béchara el-Khoury en 1952. Des facteurs sécuritaires qui ont empêché, six ans plus tard, la réélection de Camille Chamoun. Aujourd’hui, c’est le socio-économique qui est en point de mire. Et qui devrait déterminer le parcours du prochain régime. Ce domaine est en effet le plus puissant des leviers. Dans la mesure où la crise unifie à fond les Libanais, chrétiens et musulmans, que nombre d’autres questions peuvent facilement diviser. Dès lors, comme le souligne un pôle financier, le futur président aura moins à se soucier du politique ou du sécuritaire, contrôlés avec la Syrie, que du socio-économique dit de subsistance. Pour le traiter, il faut commencer par alléger la dette publique et réduire le déficit budgétaire. Ce qui implique, selon cette personnalité, la mise en place d’un gouvernement panaché. Où des techniciens des finances, des économistes et des sociologues auraient leur place aux côtés des politiques. Un gouvernement qui devrait travailler en base d’un plan directeur général, d’un programme de renflouement, de sauvetage, bien étudié. Bien entendu, poursuit cette source, rien ne saurait fonctionner si l’on n’éradique pas la corruption et toutes ses variantes. C’est du reste sur ce point que l’Assemblée des évêques maronites met l’accent dans son dernier communiqué. Les prélats évoquent les échanges d’accusations révélateurs entre les gens du pouvoir. Ils fustigent les magouilles qui permettent à certains d’amasser des fortunes colossales aux dépens du bien public. Ils dénoncent le pourrissement institutionnalisé qui gangrène les allées du pouvoir. Et tirant la sonnette d’alarme : si le mal devait perdurer, le pays risquerait de voler en éclats, de disparaître. Auparavant, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait de son côté lancé un appel pour une lutte effective contre la corruption. Sans quoi l’on ne saurait édifier un véritable État, capable d’assumer ses responsabilités à l’égard de la population comme en matière de souveraineté. Sur le plan technique, le Fonds monétaire international observe dans son bulletin que, pour espérer s’en tirer, le Liban doit réaliser cette année une croissance d’au moins 3 %. Il ajoute que ce pays a un cheminement difficile à suivre pour arriver à retrouver sa prospérité. Pour le Fonds, il n’existe qu’une seule voie : une refonte globale de l’économie et des réformes structurelles. Pour redresser la trajectoire, là où elle se trouve faussée. Et pour dynamiser les points positifs qui existent. Le FMI souligne qu’il est essentiel pour le Liban d’augmenter ses ressources, afin de réduire sa dette publique. Il exprime enfin sa déception suite au blocage des réformes et des privatisations promises lors de Paris II. Quant à Merrill Lynch, tout comme Capital Intelligence, ils notent que le Liban manque d’une vision, d’une stratégie économiques autant que d’une volonté politique éclairée de réforme administrative et d’assainissement des comptes publics. Ces analystes ajoutent que les effets de Paris II s’évaporent. Et signalent qu’actuellement le Liban est dans une phase de brouillard qui semble devoir durer au moins jusqu’au mois de mai de l’an prochain. Sur le plan concret, le swap réagence les remboursements de 2005. Mais ne règle évidemment pas le problème, qui va naturellement en s’aggravant, puisqu’il faut payer les intérêts et les salaires des fonctionnaires. Pour que le swap soit véritablement profitable, il est nécessaire, souligne le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, de mettre en train des réformes financières. Ainsi que des réformes structurelles dans le secteur public, le retard pris dans ce domaine ayant aggravé la dette et empêché la réduction de ses taux d’intérêt. Salamé ajoute que l’économie nationale a subi le contrecoup des tiraillements politiques, contre lesquels elle a fini par s’immuniser relativement. La Banque centrale a adopté un coffrage de protection de la livre et de sa stabilité par des réserves en devises fortes. De même, le président Lahoud manifeste de l’inquiétude au sujet de la situation socio-économique. Il souligne qu’il faut la traiter d’urgence sur base d’un État de droit et des institutions. Ajoutant que la mission est une responsabilité commune, et non l’apanage d’une personne. Le président affirme qu’il a toujours tenté d’instaurer un tel État. Mais qu’il s’est heurté à un manque de répondant. Parce que la mentalité apparue après la guerre intestine ne s’est pas cristallisée de la manière positive qu’il souhaitait. Il relève que ce qu’il s’est efforcé de réaliser ne s’est pas totalement accompli. Maintenant, il faut regarder vers l’avenir. Pour redresser la barre, le prochain régime doit redonner leur ancienne vigueur aux organismes de contrôle. Pour assainir et dynamiser l’Administration, instrument indispensable pour tout plan de rétablissement économique. Il doit surtout remettre le pouvoir exécutif sur les rails et encourager le Législatif à produire, tout en surveillant de près les actes du gouvernement. Émile KHOURY
Ce sont des facteurs politiques qui ont renversé le régime de Béchara el-Khoury en 1952. Des facteurs sécuritaires qui ont empêché, six ans plus tard, la réélection de Camille Chamoun. Aujourd’hui, c’est le socio-économique qui est en point de mire. Et qui devrait déterminer le parcours du prochain régime. Ce domaine est en effet le plus puissant des leviers. Dans la...