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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Irak - Le Marine US a quitté hier Beyrouth pour l’Allemagne L’itinéraire du caporal Hassoun, un mystère qui reste entier

Le caporal américain d’origine libanaise, Wassef Ali Hassoun, a finalement quitté hier Beyrouth à destination de l’Allemagne à bord d’un avion militaire américain. L’opération s’est déroulée sous la haute surveillance des services libanais de sécurité, qui se sont interposés, à titre d’exemple, entre les photographes et le caporal Hassoun pour faire écran, à l’instant où ce dernier a gravi les marches de la passerelle de l’avion. « Le caporal Wassef Ali Hassoun, 24 ans, a quitté le Liban à 15h55 heure locale à bord d’un appareil C-130 de l’armée américaine », a indiqué un officiel de l’aéroport international de Beyrouth (AIB). Le militaire était muni d’un passeport américain délivré par l’ambassade des États-Unis. « Il était en tenue civile », a ajouté cet officiel, précisant que le caporal avait été pris en charge par des personnes qui se trouvaient à bord de l’appareil à son arrivée à Beyrouth. Le Marine a été transporté au centre médical militaire de la base aérienne américaine de Ramstein (ouest de l’Allemagne), a indiqué à l’AFP, à Berlin, l’une de ses porte-parole. Il devait ensuite être transféré à l’hôpital américain de Landstuhl, près de Francfort – lieu de passage de nombreux militaires US de retour d’Irak avant de regagner les États-Unis. L’ambassade des États-Unis a confirmé le départ du caporal Hassoun et « remercié le gouvernement libanais pour sa coopération afin de faciliter son départ ». « Le caporal Hassoun est venu volontairement à l’ambassade et y est demeuré en attendant les arrangements pour son départ », a précisé la chancellerie dans un communiqué. En d’autres termes, le militaire est « de nouveau sous le contrôle de l’armée » américaine, a annoncé le département de la Défense. Des contacts avaient été entrepris par l’ambassade US avec le gouvernement libanais pour mettre au point le cadre légal permettant le transfert du soldat dans le strict respect des lois libanaises. Étrange itinéraire que celui du caporal Hassoun, récupéré par l’ambassade des États-Unis au Liban après avoir été porté disparu en Irak. Ce parcours n’a pas été sans susciter de nombreuses interrogations, bien légitimes compte tenu du halo de mystère qui entoure l’ensemble de l’affaire Hassoun. Enlevé en Irak par un groupe fondamentaliste puis relâché, selon la version officielle, taxé de « déserteur » par certains médias américains, considéré comme un « héros » par ses proches... l’aventure du Marine américain a fait couler beaucoup d’encre, d’autant qu’il a échoué au Liban alors que nul ne s’y attendait. Mieux encore, sa présence sur le territoire libanais a provoqué un incident à Tripoli, impliquant l’un des membres de sa famille, incident qui, au demeurant, a causé la mort de deux personnes. C’est dire si l’on est en droit de se poser certaines questions. L’armée américaine a d’ailleurs annoncé mener actuellement une enquête pénale pour savoir où se trouvait le caporal Wassef Ali Hassoun entre le 19 juin et le 8 juillet, selon un communiqué du Pentagone. « Les circonstances de la disparition et de la réapparition du caporal Wassef Hassoun entre le 19 juin et le 8 juillet font l’objet d’une enquête criminelle », a indiqué le commandement militaire américain à Bagdad. Et le porte-parole du Pentagone, Larry DiRita, a déclaré que « presque rien de ce qui a été rapporté sur l’affaire du caporal Hassoun n’est vrai ». Les interrogations de Berry Le président de la Chambre, Nabih Berry, s’est fait hier l’écho de ces interrogations. M. Berry – dont on connaît l’antipathie pour certains services libanais de sécurité – a exprimé tout haut ce que beaucoup pensent tout bas: « Tous les médias locaux et internationaux parlent du Liban, de sa deuxième capitale Tripoli et de l’Américain d’origine libanaise Wassef Hassoun qui se trouve à l’ambassade américaine depuis quelques jours. Nous n’avons pas entendu un responsable de la sécurité ou des services de renseignements apporter des précisions sur le point de savoir s’il est entré au Liban. Ou alors, comme d’habitude, on nous dira qu’il est sorti sans qu’il ne soit entré. » Le jeune homme avait été conduit jeudi à l’ambassade américaine à Awkar, selon le département d’État américain, qui a précisé que Hassoun avait pris contact avec les autorités américaines et que des dispositions avaient été prises pour qu’il soit récupéré à un endroit précis à Beyrouth. Les proches du caporal de la première division des Marines, dont l’unité est stationnée à Falloujah (50 km à l’ouest de Bagdad), lui avaient rendu visite jeudi soir à Awkar. Selon Sami Hassoun, sa destination et son statut futur sont « des questions qui relèvent de l’ambassade et de l’armée américaine au sein de laquelle travaille mon frère ». Les membres de la famille du Marine ont refusé de fournir tout autre détail sur ce sujet. « Tout ce qui nous intéresse est qu’il soit sain et sauf », a affirmé Sami Hassoun. « Il semblait quelque peu fatigué et tendu, et nous avons essayé de le calmer, de lui remonter le moral et d’alléger le poids de la situation difficile dans laquelle il se trouve », a-t-il ajouté. À l’hôpital de Landstuhl, où le soldat américain doit subir des examens, une porte-parole de cet établissement, le plus grand hôpital militaire américain en Europe, a indiqué que le caporal Hassoun y resterait probablement trois ou quatre jours, sans pouvoir fournir de détails sur son état de santé. « C’est une procédure de routine. Cela fait partie de nos tâches habituelles. S’il a été prisonnier, détenu dans des conditions difficiles, il ira dans un groupe de rapatriement », a souligné la porte-parole, Marie Shaw. Les ravisseurs du Marine, le « Mouvement de la riposte islamique - branche armée de la résistance », qui avaient menacé de le décapiter avant d’annoncer sa libération lundi, avaient précisé que le Marine s’était engagé à ne plus servir au sein de l’armée américaine. La presse américaine avait pour sa part indiqué qu’il avait déserté son unité en Irak après avoir été traumatisé par la mort d’un de ses collègues. Wassef, qui avait émigré aux États-Unis en 1999 pour poursuivre ses études, s’était engagé dans les Marines il y a près de deux ans. Une partie de sa famille, originaire de la région de Denniyé, avait émigré aux États-Unis il y a plus de dix ans. Selon les témoignages recueillis auprès de la famille, c’est d’abord son frère aîné, Mohammed, qui s’était installé en Californie où il y fut rejoint par ses parents et une partie de ses frères. Quant à Wassef, il s’est rendu aux États-Unis après avoir décroché son baccalauréat. Selon l’une de ses belles-sœurs, Lina, Wassef rêvait de devenir Marine américain. « Comme certains enfants rêvent d’être pompiers, Wassef désirait ardemment combattre avec honneur, nourri qu’il était de sa culture de guerre acquise au Liban, de sa bravoure et de sa disponibilité pour les autres », a-t-elle affirmé à l’hebdomadaire Magazine. Mais « les rêves d’enfant de ce Libanais musulman n’expliquent pas comment il a réussi, en un laps de temps record, à obtenir la nationalité américaine, à se faire incorporer dans le corps des Marine et à être affecté en première ligne en Irak, alors qu’il est originaire de Denniyé, un fief intégriste du Liban-Nord », a noté pour sa part l’AFP. Les heurts à Tripoli Rappelons que jeudi soir, deux personnes ont été tuées et deux autres blessées dans des heurts entre des proches du Marine et un clan rival dans sa ville natale de Tripoli. Des photographes ont été agressés. Selon des témoignages, les heurts ont commencé lorsque la famille Halbouni, à couteaux tirés depuis des années avec celle des Hassoun, a accusé ces derniers d’être des « agents américains ». Selon un photographe de l’AFP, Joseph Barrak, dépêché au domicile de la famille du Marine américain et lui-même blessé pendant ces heurts, les protagonistes, dont de nombreux barbus, étaient furieux et lui ont arraché une croix en or qu’il portait à son cou. « Un groupe de photographes attendait devant le domicile des Hassoun à Bab Tebbané, un quartier populaire de Tripoli, lorsque les affrontements ont éclaté », a-t-il poursuivi. « Ils étaient complètement déchaînés. Ils s’en sont également pris au taxi qui m’accompagnait et dont ils ont endommagé la carrosserie », et ils ont agressé d’autres photographes, selon lui. Selon des sources islamiques libanaises, les Hassoun ont des parents en Syrie, et le mufti sunnite d’Alep, cheikh Ahmed Hassoun, serait intervenu auprès du Rassemblement des ulémas musulmans d’Irak pour obtenir la grâce du Marine américain.
Le caporal américain d’origine libanaise, Wassef Ali Hassoun, a finalement quitté hier Beyrouth à destination de l’Allemagne à bord d’un avion militaire américain. L’opération s’est déroulée sous la haute surveillance des services libanais de sécurité, qui se sont interposés, à titre d’exemple, entre les photographes et le caporal Hassoun pour faire écran, à...