Communautés - La persistance d’un climat « malsain » risque de provoquer la dislocation du Liban, juge Bkerké L’Église maronite déplore la profonde corruption qui sévit dans la sphère publique

L’Assemblée des évêques maronites a déploré hier, à l’issue de sa réunion mensuelle au siège patriarcal de Bkerké, « la profonde corruption qui sévit dans la sphère publique » et qui, selon elle, risque de provoquer la disparition du Liban, si des personnes d’une haute moralité ne parviennent pas, au plus tôt, au pouvoir. Dans ce domaine, l’Église maronite a condamné ceux qui, parmi les responsables libanais, n’hésitent pas affirmer qu’ils feront ce que leur dicteront des parties étrangères au Liban. Voici les principaux passages du communiqué publié, hier, à l’issue de la réunion des évêques maronites : « Le climat politique qui prévaut dans le pays depuis des semaines, à l’approche de la fin du mandat présidentiel, a divisé l’opinion en deux camps : un camp favorable à la reconduction ou à la prorogation, et un camp qui lui est hostile. Mais ce climat est malsain, d’autant que, parmi les Libanais, il en existe de fort importants qui n’hésitent pas à proclamer qu’ils feront ce que l’intérêt de certaines parties étrangères leur dicteront de faire, comme si le Liban avait définitivement perdu sa souveraineté, son indépendance, sa liberté de décision et le respect dû à sa Constitution, et que son peuple se trouvait sous une tutelle permanente. « Les échanges implicites ou explicites d’accusations, entre les gens au pouvoir, et ce que certains d’entre eux ont pu réaliser comme fortune au détriment de l’argent public, est un signe évident de la profonde corruption qui sévit dans la sphère publique. Une corruption qui, si elle persiste, provoquera la dislocation sans retour du pays et sa disparition, si des personnes d’une haute moralité, d’une transparence, d’un désintéressement et d’une loyauté absolue à la cause nationale ne parviennent pas au pouvoir. » Le rapport de l’Inspection centrale « Le rapport de l’Inspection centrale, tel que publié dans la presse voici quelques jours, reflète clairement le climat de pourrissement général, ainsi que la confusion, l’anarchie et le gaspillage des ressources humaines et financières du pays. Tout se passe comme s’il n’existait personne pour voir, entendre, contrôler ou demander des comptes ; ou encore comme si les enquêtes, notamment judiciaires, quand elles sont conduites, sont condamnées à ne pas dépasser un certain niveau administratif, afin qu’elles n’éclaboussent pas les protecteurs libanais ou étrangers des contrevenants. « La situation générale est telle qu’il est nécessaire de revoir de fond en comble l’état de l’Administration, où la moyenne d’âge des fonctionnaires a atteint les 60 ans, sans parler de l’armée des fonctionnaires sans qualification que le clientélisme est parvenu à caser dans la Fonction publique, à seule fin de toucher un chèque en fin de mois ! Cette situation exige que de jeunes fonctionnaires compétents et intègres soient engagés dans l’Administration, afin de mettre fin au gaspillage et de combler le manque, d’autant plus que l’État ploie sous le poids d’une dette dont Dieu seul sait comment il s’en sortira. « L’été qui commence semble prometteur au vu des visiteurs libanais et des touristes étrangers et arabes qui affluent au Liban. Toutefois, le niveau des services publics laisse à désirer, spécialement en ce qui concerne le courant électrique, qui est rationné en raison du gaspillage qui marque ce secteur, de sorte que certaines régions en profitent et d’autres pas. L’office ploie d’ailleurs sous d’énormes dettes, alors que dans tous les pays du monde ce secteur est excédentaire. »