Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

POINT DE VUE Le sommet de l’Otan à Istanbul et le Grand Moyen-Orient

Par Hyam MALLAT Après la réunion du G8 à Sea Island et la réunion de l’Union européenne en Irlande, le sommet de l’Otan les 28 et 29 juin 2004 à Istanbul s’est penché sur plusieurs questions d’importance mondiale actuelle dont l’Irak, l’Afghanistan, la lutte contre le terrorisme et également le Grand Moyen-Orient. Ainsi, cette question, qui était du seul privilège des États-Unis jusqu’à il y a quelques semaines, a été abordée et étudiée sous ses divers angles dans le cadre du G8, du sommet de l’Union européenne et du sommet de l’Otan. C’est dire également que cette affaire de spécialistes est devenue affaire nationale pour chaque État et affaire régionale pour tous. Qu’en est-il de cette question du Grand Moyen-Orient au sommet d’Istanbul ? Les paragraphes 36, 37 et 38 de la Déclaration d’Istanbul à l’issue du sommet de l’Otan ont tenté d’identifier certains aspects de cette question. 1. Lancement d’une coopération avec le Grand Moyen-Orient sur base de ce qui a été dénommé « Initiative de coopération d’Istanbul ». Toutefois, cette initiative est proposée aux « pays qui y sont intéressés dans la région », et la déclaration de citer les pays du Conseil de coopération du Golfe. Est-ce à dire que le CCG a déjà fait les premiers pas dans cette direction pour être cité alors que les réponses positives sont loin d’être acquises pour d’autres. Sans doute non puisque l’Otan propose de développer une coopération avec sept pays de ce Grand Moyen-Orient. Mais le plus significatif revient à la définition des termes de coopération à savoir : a) le renforcement des relations bilatérales utiles mutuellement ; b) le renforcement de la sécurité et de la stabilité ; c) la coopération pratique de l’Otan en tant que capacité et valeur principalement en matière de défense et de sécurité. Plus encore les participants au sommet ont relevé dans leur déclaration que cette initiative est différente de celles proposées par les autres partenaires internationaux tout en prenant en considération celles-ci et les complétant à l’occasion. Pareilles expressions sont d’une clarté limpide pour annoncer que tout un dispositif légal, politique, juridique – et maintenant militaire et sécuritaire – est en cours en matière d’imagination, d’évaluation et peut-être d’approche de réalisation – des idées lancées sur la base du Grand Moyen-Orient. 2. Insistance sur la gravité du dialogue méditerranéen puisque l’un des paragraphes de la Déclaration de l’Otan a pris la précaution de réaffirmer que le dialogue méditerranéen renforcé et l’« Initiative de coopération d’Istanbul » se complètent car ils constituent une opération prenant en compte le respect des particularités de chaque pays dans le cadre de la « consultation permanente et l’engagement efficace », ces deux points étant des éléments de base pour le succès de cette politique. Ces particularités sont également réaffirmées au paragraphe 36 de la Déclaration qui insiste sur la prise en compte « des intérêts et des besoins particuliers ». Si donc les objectifs sont une forte coopération concrète, le renforcement du dialogue méditerranéen avec l’Otan instauré depuis 1994, le développement des réformes dans le cadre de défense et de la lutte contre le terrorisme, le sommet n’a fait que concrétiser les visées du Grand Moyen-Orient dans leur volet militaire et sécuritaire dans le cadre des autres initiatives méditerranéennes dont celle de l’Union européenne et de l’organisation de la sécurité et de la coopération en Europe. En somme, ces idées, objet de la Déclaration d’initiative d’Istanbul, s’articulent sur la coopération entre l’Otan et le Grand Moyen-Orient – dont une coopération envisagée par le sommet avec sept pays (Jordanie, Mauritanie, Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte et Israël). Les options prises visent clairement à poser une composante commune méditerranéenne de coopération pratique – dont dans le secteur militaire – pour inévitablement faire avancer aussi les composantes politique, culturelle et sociale – avec ce qui est constamment affirmé de respect des particularités et des institutions nationales de chaque pays. C’est dire que le Grand Moyen-Orient qui va du Maroc à l’Afghanistan – et il est bien curieux de relever que l’Otan envisage la coopération entre les pays situés aux extrémités de ce Grand Moyen-Orient avec ensuite l’Égypte et Israël – bien qu’étant affaire théorique se retrouve dans les discussions des États lors de leurs réunions successives au cours de cette année. Tout en relevant les profondes disparités sociologiques, psychologiques et sociales – autant que politiques de ce Grand Moyen-Orient, il n’en demeure pas moins que les amendements politiques, éducationnels et autres constituent un dévoilement de la précarité de nombre de systèmes sociaux et politiques. Mais plus encore, et à défaut d’un véritable sursaut, le Grand Moyen-Orient est un défi personnel aux membres de ces sociétés qui, à force d’avoir oublié que la sécurité globale dans le monde moderne dépend de la capacité d’adaptation aux risques et aux défis, voient le vent de l’histoire les solliciter en une phase significative d’hésitations ou de crises, particulièrement quand ce changement a des relents d’hégémonie touchant même à des composantes culturelles et sociologiques provenant du fin fond de l’histoire.
Par Hyam MALLAT

Après la réunion du G8 à Sea Island et la réunion de l’Union européenne en Irlande, le sommet de l’Otan les 28 et 29 juin 2004 à Istanbul s’est penché sur plusieurs questions d’importance mondiale actuelle dont l’Irak, l’Afghanistan, la lutte contre le terrorisme et également le Grand Moyen-Orient. Ainsi, cette question, qui était du seul...