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Une majorité de mineurs et un nombre de femmes en augmentation perpétuelle À Londres, des victimes de tortures racontent et réapprennent à vivre

Un calme olympien règne dans le centre londonien d’aide aux victimes de tortures, où des hommes et des femmes de toutes origines sont venus raconter l’indicible, les jours, voire les années pendant lesquels ils ont vécu sous le joug de leurs bourreaux. « Nous tentons de soulager la souffrance causée par la torture organisée », explique Charlotte, docteur pour l’œuvre de charité Medical Foundation qui est à l’origine de cet établissement. La plupart des patients viennent de Turquie, d’Iran et du continent africain. En 2003, le centre a recensé 2 100 nouveaux patients. Ils sont aujourd’hui « quelques milliers », estime Andrew Hogg, porte-parole de l’association. Leur âge varie entre 16 et 40 ans. Les mineurs sont très nombreux et le nombre de femmes ne cesse d’augmenter depuis quelques années. Une vingtaine de médecins et de conseillers ainsi que plusieurs interprètes travaillent selon trois axes : traitement médical, soutien psychologique et aide matérielle. Beaucoup de patients sont des demandeurs d’asile et ne possèdent ni logement ni ressources. Outre la réalisation de rapports médicaux, documents nécessaires à toute demande d’asile, le centre appuie les démarches de chacun au quotidien. L’équipe se concentre également sur la recherche des différents types de torture pratiqués à travers le monde. Ce dernier point est important, car les organisations humanitaires « ne disposent pas de données suffisantes sur la situation dans certains pays », souligne Charlotte, qui rédige un rapport sur les violences sexuelles en Tchétchénie. « La torture devient de plus en plus scientifique », relève Andrew Hogg. « La peau est humidifiée avant d’être électrocutée », observe-t-il. Les méthodes varient aussi en fonction des pays. En Turquie, les tortionnaires « évitent de laisser des traces », tandis qu’en Afrique, « c’est indifférent ». Les décharges électriques, le fouet, le viol mais aussi les fausses exécutions ou la privation de sommeil ont tous pour but d’affaiblir l’individu tant physiquement que moralement. L’aide médicale et psychique est primordiale. Tous les patients, qu’ils aient été eux-mêmes politiquement engagés ou simples proches de dissidents, ont été torturés ou témoins des sévices infligés à leur famille. Ils parlent de leur expérience avec difficulté. « Cela prend parfois des mois avant qu’ils ne révèlent quoi que ce soit. Certains n’en parleront peut-être jamais », avance Charlotte. Le plus délicat est de gagner la confiance des victimes, qu’elles se sentent suffisamment à l’aise pour se dévoiler. « La torture détruirait la confiance de n’importe qui dans le monde entier », assure la jeune femme. Par souci d’aisance, Medical Foundation a décidé, avec l’argent de ses donateurs, de se doter à Finsbury Park, au nord de Londres, d’un nouveau bâtiment, l’ancien évoquant de mauvais souvenirs. « Certains patients paniquaient dans les longs couloirs et les pièces trop petites. Cela leur rappelait leur détention », raconte Andrew Hogg. L’architecture a pris en compte cette sensibilité. Vu de l’extérieur, l’édifice fait penser à un centre sportif : grand, moderne, murs aux tons lilas et blanc. À l’intérieur, c’est un ensemble lumineux, fait de courbes et de larges espaces pour laisser l’esprit respirer. Dans le jardin, une jeune fille et un petit enfant jouent tranquillement près du ruisseau qui serpente entre les fleurs. Qui sait ce que cette paix apparente cache encore ?
Un calme olympien règne dans le centre londonien d’aide aux victimes de tortures, où des hommes et des femmes de toutes origines sont venus raconter l’indicible, les jours, voire les années pendant lesquels ils ont vécu sous le joug de leurs bourreaux. « Nous tentons de soulager la souffrance causée par la torture organisée », explique Charlotte, docteur pour l’œuvre de...