Dossier régional - L’envoyé d’Oslo s’entretient avec Obeid et Samaha Un émissaire norvégien à Beyrouth prend le contre-pied de Bush

Un émissaire du ministère norvégien des Affaires étrangères, l’ambassadeur Jaken Bjorn Lian, a pris hier à Beyrouth le contre-pied des positions affichées la semaine dernière par le président américain George W. Bush à propos du conflit israélo-palestinien, en soulignant que les questions relatives au statut définitif de l’État palestinien doivent demeurer du ressort des négociations entre Israël et les Palestiniens. M. Lian a tenu ces propos à l’issue d’un entretien au palais Bustros avec le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid. « Nous traversons actuellement une phase importante et difficile au Proche-Orient », a-t-il constaté, relevant que le Liban « a des préoccupations très claires et très spécifiques » à ce sujet. L’émissaire a précisé avoir évoqué avec M. Obeid « l’accord intervenu entre le président Bush et le Premier ministre israélien Ariel Sharon, et les mesures relatives au démantèlement des colonies (juives) de la bande de Gaza et de certaines autres en Cisjordanie ». « Il s’agit d’une initiative positive, à condition toutefois qu’elle s’inscrive dans le cadre de la “feuille de route” parrainée par la communauté internationale à travers le quartette (Onu, États-Unis, Union européenne et Russie) et qui a été acceptée par tout le monde, y compris le Conseil de sécurité », a déclaré M. Lian. « Il faut que la “feuille de route” demeure la ligne directrice fondamentale et il faut aussi insister pour que les questions des colonies, des frontières et tout ce qui a trait aux négociations sur le statut définitif de l’État palestinien restent du ressort des négociations entre les deux parties concernées, c’est-à-dire Israël et les Palestiniens. Nous devons agir dans ce sens », a ajouté le diplomate norvégien, souhaitant « l’appui du Liban et des autres protagonistes sur la scène proche-orientale » à cette action. La Norvège a joué un rôle de tout premier plan dans le processus de paix, ayant accueilli il y a plus d’une décennie les pourparlers qui ont mené aux premiers accords d’Oslo (1993), à l’origine de la création de l’Autorité palestinienne. Ces accords, soutenus à l’époque par les États-Unis, avaient consacré le principe selon lequel les questions des frontières et des colonies devaient être réglées dans le cadre des pourparlers sur le statut définitif. Cependant, M. Bush a rompu la semaine dernière avec la position américaine traditionnelle à ce sujet, en considérant notamment comme « irréaliste » de revenir aux frontières d’avant-juin 1967. Interrogé sur la question des réfugiés palestiniens, l’émissaire norvégien a admis qu’elle était « importante pour le Liban », tout en soulignant que ce dossier doit être laissé, lui aussi, pour les négociations finales. « Les préoccupations de mon pays sont très claires à ce sujet. Nous avons toujours œuvré pour l’amélioration des conditions de vie des réfugiés. Je le dis du fond du cœur : je souhaite que toute solution à cette question soit juste et acceptable par tous les réfugiés », a-t-il déclaré. À la question de savoir s’il soutenait la position du Liban hostile à l’implantation des réfugiés sur son territoire, M. Lian a évité de répondre, se contentant de dire qu’il « revient aux Libanais de décider pour eux-mêmes ». « Quant à nous, ce qui nous intéresse, c’est d’améliorer les conditions de vie des réfugiés et de tenter de trouver une solution juste et durable, par le biais de négociations entre Palestiniens et Israéliens », a-t-il ajouté. Il a enfin indiqué qu’il effectuait une tournée dans plusieurs pays de la région, y compris Israël. Le diplomate norvégien a également été reçu par le ministre de l’Information, Michel Samaha, avec qui il a procédé à un tour d’horizon de l’actualité régionale, principalement sur le conflit israélo-palestinien.