Rechercher
Rechercher

Actualités

Mission périlleuse pour Negroponte

Le diplomate John Negroponte, 64 ans, arrivé lundi soir à Bagdad pour y diriger la plus importante ambassade américaine au monde, ne manque ni d’expérience ni de poigne. Mais sa mission en Irak est sans doute la plus périlleuse de sa carrière. À l’occasion de sa prestation de serment au département d’État comme nouvel ambassadeur américain en Irak, John Negroponte avait déclaré vouloir orienter la tendance des événements dans ce pays « dans la bonne direction » et « donner le pouvoir aux Irakiens d’assumer de plus en plus de responsabilités ». La reconstruction de l’Irak est « un projet qui prendra de nombreux mois et de nombreuses années », avait ajouté l’ancien ambassadeur américain à l’Onu. Sa mission sera particulièrement lourde et complexe dans un pays plongé dans la violence. « En termes de magnitude, c’est le plus grand défi que j’ai eu à relever », a-t-il reconnu. À la tête d’une énorme ambassade, comptant un personnel de 1 700 employés dont jusqu’à un millier d’Américains, ce diplomate chevronné cohabitera avec quelque 138 000 soldats américains toujours déployés dans le pays. Il devra infléchir l’image des États-Unis, perçue comme puissance occupante, et laisser le gouvernement intérimaire assumer ses fonctions tout en faisant en sorte qu’il ne sorte pas des rails, avant l’organisation d’élections courant 2005. Il a déjà rencontré plusieurs fois le général américain George Casey, qui remplacera prochainement le général Ricardo Sanchez à la tête de la force multinationale en Irak. Mais ce dernier prendra ses ordres auprès du Pentagone, avec lequel M. Negroponte, considéré avant tout comme un proche du secrétaire d’État Colin Powell, n’a pas de liens privilégiés. L’ambassadeur s’est fixé trois priorités : politique, avec la préparation d’élections, dans le domaine de la sécurité, avec la formation des forces irakiennes, et économique, en dynamisant les efforts de reconstruction. Représentant de Washington aux Nations unies depuis 2001, M. Negroponte avait été nommé en Irak par le président George W. Bush le 19 avril. « John Negroponte est un homme qui a une expérience immense et beaucoup d’habileté » et sera ainsi « sans aucun doute » en mesure de faire face à « cette tâche très difficile », avait commenté le président américain. Diplômé, comme le président Bush, de Yale, l’une des universités de l’élite américaine, M. Negroponte a embrassé la carrière diplomatique au début des années 1960 et occupé huit postes en Asie, en Europe et en Amérique latine. Ce fils d’un armateur d’origine grecque, de haute taille et à la chevelure dégarnie, parle couramment l’espagnol, le grec, le français et le vietnamien. Conseiller politique en 1964 à Saïgon, il a été ambassadeur notamment au Honduras, à l’époque de la guerre civile au Nicaragua, et au Mexique, lors de la révolte zapatiste du Chiapas. Père de cinq enfants adoptés au Honduras, il a subi l’année dernière une intervention chirurgicale qui l’avait contraint à adopter une position couchée dans la salle du Conseil pour pouvoir continuer à siéger. Bien que n’étant pas un spécialiste du Proche-Orient, il bénéficie de la confiance de nombreuses personnalités, démocrates et républicaines. « Il est bien mieux qualifié que (Paul) Bremer. John est subtil, Bremer voit les choses en noir et blanc. John comprend l’ambiguïté », estime Richard Holbrooke, ancien ambassadeur à l’Onu sous Bill Clinton. Pour l’ancien secrétaire d’État républicain Henry Kissinger, qui l’avait choisi pour participer aux accords de Paris pour négocier la fin du conflit vietnamien, John Negroponte va apporter « une grande stabilité et solidité. Il a la patience et la subtilité pour y parvenir ».
Le diplomate John Negroponte, 64 ans, arrivé lundi soir à Bagdad pour y diriger la plus importante ambassade américaine au monde, ne manque ni d’expérience ni de poigne. Mais sa mission en Irak est sans doute la plus périlleuse de sa carrière.
À l’occasion de sa prestation de serment au département d’État comme nouvel ambassadeur américain en Irak, John Negroponte...