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Dossier régional - Une équation confirmée par Clinton La souveraineté libanaise liée à la paix globale

Les mémoires de Bill Clinton retiennent l’attention locale par deux détails. D’abord, que l’ancien chef de la Maison-Blanche aurait obtenu du président Assad l’assurance d’une reconnaissance d’Israël moyennant la récupération du Golan. Ensuite, que la Syrie se retirerait du Liban en cas de paix globale. Barak, qui avait accepté de rendre le Golan, s’est rétracté, à cause des sondages d’opinion défavorables. De son côté, le président Assad avait refusé qu’Israël garde une bande de cinquante mètres de large en bordure du lac de Tibériade. Il avait dit à Clinton qu’il souhaitait s’asseoir au bord de l’eau et y tremper ses pieds. De ces points, il résulte que la rupture des pourparlers entraîne le blocage d’une paix globale. Et, par voie de conséquence, que la Syrie ne se retirera pas plus du Liban qu’Israël du Golan. Le sort du Liban, observe-t-on à Beyrouth, a donc été lié à celui de la Syrie dans le cadre du contentieux régional. L’indépendance de ce pays restera ainsi aliénée jusqu’à la problématique conclusion d’une paix globale. Ce qui est tout à fait contraire au programme établi à Taëf. Dont les prescriptions ne peuvent être réhabilitées que par une ferme intervention des États-Unis. Qui ont certes inscrit le retrait du Liban dans leur agenda d’exigences présentées à la Syrie, mais sans que l’on sache encore dans quelle mesure ils sont sérieux à ce propos. Car ils n’ont évoqué aucun délai. En tout cas, le Liban reste pris dans la nasse des complications régionales. À priori, sauf retournement spectaculaire, il ne pourra s’en dégager qu’en cas de traité de paix israélo-arabe. Ce qui ne semble pas à portée de main. En fait, Clinton ne fait que confirmer des réalités connues. Le président Bachar el-Assad a maintes fois déclaré que la présence militaire syrienne au Liban ne prendra fin qu’avec la paix. Le président Lahoud a dit la même chose. Et il est évident que tout nouveau président devra adopter sur ce point la même position. D’ailleurs, le prochain chef de l’État n’aurait les coudées franches que dans le domaine socio-économique. La sécurité et la politique étrangère, voire intérieure, resteraient sous contrôle des décideurs. Dans cette optique, on comprendrait que la Syrie veuille maintenir en place le régime présent. Elle n’aurait de la sorte aucun frisson d’appréhension quant à une brusque demande de retrait présentée par les autorités libanaises. Comme elle en avait eu sous Sarkis, sous Amine Gemayel et sous Aoun. Mais si la reconduction ou la prorogation devait soulever trop d’objections, la Syrie n’aurait sans doute aucun mal à trouver un nouveau président fiable à ses yeux. Surtout au sujet d’une présence militaire que ni les autorités locales ni la majorité des Libanais ne considèrent comme un fait d’occupation. D’autant que le président Assad en a certifié récemment le caractère purement stratégique de défense, dans la Békaa, du ventre mou de la Syrie, la plaine de Damas. Quoi qu’il en soit, pour nombre d’observateurs locaux, il est possible que la Syrie se retire du Liban, sans attendre une paix globale, si elle obtient le Golan. Il est en tout cas certain qu’aux yeux de Damas, épaulé par le pouvoir libanais, la présence au Liban n’a plus rien à voir avec Taëf. Et n’est pas non plus liée à un retrait israélien de Chebaa. Du côté libanais, les autorités laissent entendre qu’elles ont toujours besoin du concours syrien pour assurer la stabilité du pays, contrer les visées israéliennes et conforter les équilibres politiques intérieurs. Résumant le tableau, Bouthayna Chaabane, ministre des Émigrés, déclare que « le Liban et la Syrie sont organiquement liés l’un à l’autre. Leurs intérêts et leur avenir ne font qu’un, que nous le voulions ou non ». Ce qui est indéniable, du moment qu’après Taëf, la Syrie a su veiller à installer aux commandes, dans ce pays, un pouvoir qui lui demeure fidèle. Il reste à souligner que le président Lahoud évite de s’impliquer dans une polémique sur la présidentielle. En se concentrant sur la vraie priorité des Libanais, la situation socio-économique. Émile KHOURY

Les mémoires de Bill Clinton retiennent l’attention locale par deux détails. D’abord, que l’ancien chef de la Maison-Blanche aurait obtenu du président Assad l’assurance d’une reconnaissance d’Israël moyennant la récupération du Golan. Ensuite, que la Syrie se retirerait du Liban en cas de paix globale. Barak, qui avait accepté de rendre le Golan, s’est...