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Actualités - OPINION

CITOYEN GROGNON - L’eau, à consommer avec parcimonie

Avec l’arrivée de la belle saison, l’éternel problème de l’eau revient, comme un marronnier, chaque année, à la même période, bien avant la saison de l’étiage. Avoir l’eau courante à volonté est le privilège d’une infime poignée de citoyens. Un privilège dont ils ne se doutent même pas, car il leur est si naturel d’utiliser sans restriction et comme bon leur semble ce don de la nature qui désaltère, rafraîchit et nettoie. Laisser leur robinet ouvert durant de longues heures, se faire couler un bain tous les jours, rincer leur voiture au tuyau d’arrosage ou même laver à grande eau le trottoir (et pourquoi pas la route) devant leur villa ou leur commerce, juste pour rafraîchir l’atmosphère alors que la chaleur sévit, leur est si facile, si aisé. Quoi de plus agréable, d’ailleurs ? Un robinet qui fuit ? Un tuyau qui suinte ? Un voisin en manque d’eau ? Ils n’en ont cure tant que l’eau coule à flots chez eux. Oui mais, justement, cette eau, elle ne coule pas chez tout le monde de la même manière. Pendant que les uns la gaspillent, les autres rêvent d’en avoir, ne serait-ce que quelques gouttes. Pendant que les uns la dépensent machinalement, sans compter, en ne payant qu’une charge annuelle forfaitaire et bien dérisoire, d’autres n’ont d’autre choix que de l’acheter à prix d’or, car ils en sont privés, ou ne la reçoivent qu’au compte-gouttes, occasionnellement, qu’elle soit potable ou à usage domestique. Et pourtant, les charges annuelles forfaitaires, ils s’en acquittent eux aussi. Allez comprendre cette flagrante injustice. Ce n’est qu’à grand renfort de citernes qu’ils auront le privilège de voir l’eau couler de nouveau dans leurs robinets. Des citernes d’eau moyennant 35 dollars les 20 000 litres, et à raison d’une citerne tous les dix jours, voire toutes les semaines, pour une famille nombreuse. C’est donné, diraient certains. Mais 35 dollars, c’est le prix spécial réservé aux habitués, aux réguliers. Car pour les occasionnels ou les économes qui ne peuvent se permettre qu’une citerne par mois, c’est plus cher, cela avoisine les 40 dollars et parfois plus. Mais se laver ne suffit pas. Encore faudrait-il boire. Il ne reste plus au citoyen privé d’eau qu’à se payer les services d’une société de distribution d’eau minérale. Environ 5 500 LL le gallon de 19 litres, sans compter la TVA. En comptant un minimum de trois gallons par semaine pour une famille nombreuse, imaginez les comptes d’épicier auxquels doit se résoudre le citoyen moyen pour se permettre ce précieux liquide. Que dire des plus démunis ? Ils n’ont qu’à faire la queue devant la fontaine généreusement mise à leur disposition par l’usine du quartier. Et tant pis s’ils s’usent les mains et le dos à transporter les jerrycans jusque chez eux, comme durant les pires moments de la guerre, comme dans les régions les moins développées du monde. L’eau, c’est en son nom que l’on déclare les guerres, que l’on dessine les frontières, que l’on crée des alliances politiques. N’est-il pas grand temps d’en arrêter le gaspillage, de mieux la distribuer et d’apprendre à la consommer avec parcimonie au Liban, comme il est de rigueur dans les pays évolués ? Anne-Marie EL-HAGE
Avec l’arrivée de la belle saison, l’éternel problème de l’eau revient, comme un marronnier, chaque année, à la même période, bien avant la saison de l’étiage.
Avoir l’eau courante à volonté est le privilège d’une infime poignée de citoyens. Un privilège dont ils ne se doutent même pas, car il leur est si naturel d’utiliser sans restriction et comme bon...