Joumblatt veut effacer le mot « paix » des dictionnaires Le meurtre de Rantissi continue de susciter des réactions indignées au Liban

L’assassinat samedi par l’armée israélienne du chef du Hamas à Gaza, Abdelaziz al-Rantissi, continuait hier de susciter des réactions indignées au Liban pour la deuxième journée consécutive. Le ministre de la Défense, Mahmoud Hammoud, a estimé que l’assassinat de Abdelaziz al-Rantissi est « le fruit du soutien illimité que Sharon a reçu de l’Administration américaine, cette Administration qui a justifié ce meurtre, comme elle avait justifié précédemment tous les massacres et les assassinats commis par Israël à l’encontre du peuple palestinien ». M. Hammoud a estimé que les Arabes « ne devraient pas se suffire d’émettre des condamnations ou de s’en remettre à la conscience mondiale et au droit international parce que cela n’a jamais servi à rien ». « Ce qu’il faut, selon lui, c’est d’abord de rompre toutes les relations avec Israël et ensuite de proclamer l’État palestinien, d’agir courageusement pour exprimer le rejet par les Arabes de la situation actuelle et signifier à tous ceux qui soutiennent Israël que les Arabes sont sérieux dans leur résolution de traiter avec eux d’une manière qui ne remette pas en question les droits et les constantes. » De son côté, le ministre de l’Économie, Marwan Hamadé, a critiqué les États-Unis, qui « continuent à soutenir le terrorisme de l’État sioniste », et salué au contraire la position des pays européens qui ont condamné le meurtre. M. Hamadé a appelé la communauté internationale à agir pour « protéger le peuple palestinien du terrorisme sioniste ininterrompu, d’autant que les Arabes se sont révélés incapables de le faire ». Le président de la Ligue maronite, l’ancien ministre Michel Eddé, a souligné pour sa part que « le terrorisme d’État est pratiqué avec sang-froid par Israël devant les yeux du monde entier ». « Au lieu que ce terrorisme organisé ne soit réprimé et ses auteurs sanctionnés, on voit au contraire Sharon et ses semblables parmi les extrémistes sionistes bénéficier de soutien », a-t-il dit. Le Premier ministre israélien, « à qui l’occasion a été donnée au cœur même de la capitale américaine de consacrer l’enterrement de la “feuille de route”, s’est hâté de dévoiler son interprétation particulière et concrète du soutien qui a été accordé à son programme », a ajouté M. Eddé, selon qui « ce programme ne comporte qu’un seul point : couper la voie à toute négociation afin d’être en mesure de poursuivre l’option militaire avec pour objectif d’annihiler le peuple palestinien politiquement et physiquement ». L’ancien député Tammam Salam a estimé que le meurtre de Rantissi « illustre l’existence d’un plan américano-sioniste visant la sécurité et la paix dans la région et ayant pour objectif d’imposer des solutions infernales sur le dos de la juste cause palestinienne ». Enfin, le parti Tachnag a vu dans le meurtre du leader de Hamas « la continuation du plan sioniste visant à liquider la cause palestinienne et le droit au retour des réfugiés palestiniens ». Par ailleurs, s’exprimant dans le cadre du Ve Congrès national arabe, qui a inauguré hier ses travaux à Beyrouth en présence de nombreuses délégations venues des pays arabes, le chef du PSP, Walid Joumblatt, a préconisé « d’effacer le mot “paix” de notre dictionnaire » et de « chercher par tous les moyens à soutenir la résistance en Palestine et en Irak ». « Le temps est venu de brûler les ambassades israéliennes présentes sur notre sol arabe », s’est également écrié M. Joumblatt. Intervenant devant la même tribune, l’ancien Premier ministre Sélim Hoss s’est quant à lui prononcé purement et simplement « contre tous les projets de solution (au conflit israélo-palestinien) proposés sur la scène mondiale et pour la réunification de la Palestine dans ses frontières historiques, de la Méditerranée au Jourdain ».