Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Assassinat de Rantissi - Du Nord au Sud, des dizaines de milliers de Libanais et de Palestiniens manifestent leur colère Lahoud dénonce le « terrorisme d’État » pratiqué par Israël

Le chef de l’État, Émile Lahoud, a condamné l’assassinat samedi par Israël du dirigeant du mouvement islamiste palestinien Hamas, Abdel-Aziz al-Rantissi, dénonçant le « terrorisme d’État » pratiqué par Israël. « Ce crime barbare constitue un maillon de la chaîne du terrorisme d’État pratiqué par Israël, qui a récemment obtenu un encouragement de Washington pour interdire aux Palestiniens de retourner dans leurs foyers et qui, aujourd’hui, tue ceux qui sont restés chez eux », a déclaré Émile Lahoud dans un communiqué distribué par la présidence dans la nuit de samedi à dimanche. « Les slogans de lutte contre le terrorisme prônés par Israël, qui en use comme prétextes pour perpétrer ses crimes, poussent le monde vers l’abîme et le place au bord de l’explosion. Cette politique ne peut que renforcer la détermination de résister jusqu’à la fin de l’occupation », a-t-il souligné. Le locataire de Baabda a invité les États arabes à « assumer leurs responsabilités en refusant de se soumettre à la politique de menaces », sans en préciser l’origine. Il a appelé le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, à fixer la date d’une « Journée de la colère arabe », qui sera célébrée dans tous les pays arabes « pour lancer un même cri » destiné à inciter « Israël et ceux qui l’appuient à revoir leurs calculs pour une unique et dernière fois car les choses ont dépassé toutes les limites permises ». Le Premier ministre, Rafic Hariri, qui se trouve en visite officielle à Paris, a condamné « le crime barbare » perpétré par Israël contr Abdel-Aziz al-Rantissi. « Israël a prouvé une nouvelle fois sa capacité à fouler aux pieds les usages politiques, légaux, humains et moraux. L’État hébreu a prouvé aussi que son seul but est de pérenniser la violence afin d’empêcher toute tentative qui viserait à mettre un terme à ses violations des territoires arabes et ses exactions contre le peuple palestinien », a dit le chef du gouvernement. Selon lequel Israël, en assassinant les leaders palestiniens, « tue tout espoir de solution politique au conflit, profitant de chaque occasion pour noyer les droits des Arabes dans des océans de sang ». Pour Rafic Hariri, ce crime montre enfin une nouvelle fois qu’il est de plus en plus nécessaire que la communauté internationale « redouble de pressions sur Israël afin qu’il privilégie la logique de la légalité internationale et des principes de Madrid plutôt que celle du sang ». Quant au ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, il a estimé que la première manifestation concrète du soutien américain au Premier ministre israélien Ariel Sharon a été l’assassinat de Abdel-Aziz al-Rantissi. « L’assassinat de cheikh Yassine a divisé les Arabes avant même que le sommet ne se tienne. La mort de Rantissi n’ajournera pas ce sommet une nouvelle fois, elle l’annulera au lieu de réunifier les rangs arabes », a regretté le chef de la diplomatie. Ajoutant que la liste meurtrière israélienne est « ouverte » et mettant en garde contre une éruption planétaire du volcan de la violence. Le ministre de l’Information, Michel Samaha, a affirmé pour sa part que le plan d’Ariel Sharon et de quelques-uns des faucons néoconservateurs de l’Administration Bush équivaut purement et simplement à « la liquidation de la paix, qui a commencé avec le sommet de Madrid ». L’assassinat de Abdel-Aziz al-Rantissi s’inscrit dans le cadre de « ces crimes contre la paix », a-t-il dit, profitant pour rappeler un autre assassinat, celui de l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, après qu’il eut signé l’accord d’Oslo avec les Palestiniens. Et parmi les autres réactions de condamnation, tout aussi véhémentes, signalons celle de l’ancien Premier ministre Sélim Hoss ; du mufti de la République cheikh Kabbani ; du vice-président du Conseil supérieur chiite cheikh Kabalan ; de l’uléma chiite sayyed Fadlallah ; des députés Ali el-Khalil, Mohammed Kabbani, Béchara Merhej, Abdel-Rahman Abdel-Rahman ainsi que de nombreux partis, dont le mouvement Amal, qui a notamment appelé les organisations arabes à « adopter une position claire et radicale face à l’ennemi ». Le Hezbollah Quant au Hezbollah, un des principaux alliés du Hamas, il a rendu hier Washington « directement responsable » de l’assassinat, la veille, de Rantissi. « L’Administration américaine, qui assure la couverture, l’appui moral et politique ainsi que le soutien matériel au gouvernement des meurtriers de Tel-Aviv, assume la responsabilité directe de ce crime », a estimé dans un communiqué le parti de Dieu. Pour qui « ce crime est la suite pratique des positions du président américain » George W. Bush, qui a notamment exclu mercredi dernier le droit au retour des réfugiés palestiniens sur les terres dont ils avaient été chassés en 1948 et accepté le principe du maintien de colonies juives en Cisjordanie. Ce crime constitue en outre « une gifle à tous les régimes arabes qui continuent de croire aux illusions du processus de paix, et (que nous invitons) à reprendre conscience », ajoute le communiqué. Le Hezbollah a exhorté « les forces libres dans le monde, qui ne sont pas soumises au joug américain, à appuyer le peuple palestinien autrement que par des dénonciations et des condamnations qui n’empêchent pas les criminels sionistes de poursuivre leurs crimes contre l’humanité ». Placée par Washington, comme le Hamas, sur la liste des organisations « terroristes », la formation de Hassan Nasrallah se dit persuadée que « la résistance armée est l’unique voie pour venger le sang des martyrs et libérer la terre et le peuple » palestiniens. « Nous pensons que le Hamas et toutes les autres formations de la Résistance continueront dans cette voie, unis côte à côte, jusqu’à la victoire », conclut le communiqué. Les manifestants par milliers D’autre part, des milliers de Libanais et de Palestiniens sont descendus hier dans les rues au Liban pour dénoncer l’assassinat de Abdelaziz al-Rantissi. À Beyrouth, quelque 500 personnes se sont rassemblées devant le siège de l’Onu pour crier leur colère contre le Premier ministre israélien Ariel Sharon et le président américain George W. Bush. Le représentant du Hamas au Liban, Oussama Hamdane, a harangué les manifestants, promettant la vengeance et la poursuite de la lutte armée contre « l’entité sioniste ». Au Liban-Nord, près de 5 000 Libanais et Palestiniens ont manifesté à Tripoli, à l’appel de la Jamaa islamiya, scandant des cris de vengeance. « La bataille est ouverte sur tout le territoire arabe, notamment en Palestine et en Irak. Ils ont voulu une croisade au nom de la lutte contre le terrorisme. Nous disons que ce sont eux les terroristes et nous allons leur infliger une leçon inoubliable », a dit le responsable de la Jamaa, l’ancien député Assaad Harmouche. Et dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared, proche de Tripoli, environ 4 000 personnes ont défilé dans les ruelles pour dénoncer l’assassinat de Rantissi. Au Liban-Sud, une quinzaine de milliers de manifestants ont appelé à la mort d’Ariel Sharon. « Nous voulons la peau de Sharon. Vite, vite, des opérations en Israël », scandaient des jeunes qui menaient un défilé de protestation fort d’un millier de personnes dans la ville de Saïda. Dans le camp de réfugiés de Miyé-Miyé, dans les faubourgs est de la capitale sudiste, environ trois mille personnes ont manifesté. Auparavant, plus de 5 000 réfugiés avaient défilé dans le camp voisin de Aïn el-Héloué. « Ô musulman, tue tes dirigeants traîtres, tue les sionistes, fais exploser des bus, vengeance ! vengeance ! » martelaient les manifestants, des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, toutes tendances politiques confondues, dans les rues du camp, le plus grand du Liban avec plus de 60 000 réfugiés. « Nous regagnerons Jérusalem depuis Aïn el-Héloué, bardés d’explosifs », assuraient-ils également. « Ô Qassam, multiplie tes attaques », criaient-ils aussi en appelant la branche militaire du Hamas, le groupe Ezzedine al-Qassam, à multiplier des attaques-suicide contre l’État hébreu. En outre, plus de 4 000 Libanais et Palestiniens, rassemblés à l’appel de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans la ville de Tyr, ont réclamé la « vengeance des martyrs ». « La politique des assassinats confirme le besoin d’une protection internationale pour notre peuple », pouvait-on lire sur l’une des banderoles brandies par les manifestants. « Le droit au retour (des réfugiés palestiniens dans leurs foyers) est un droit sacré », était-il écrit sur une autre. Pour Fathi Abou el-Ardate, membre du Fateh du président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, et de la direction de l’OLP au Liban, le président américain « est responsable des conséquences de son annulation du droit au retour ». Signalons que dès samedi soir, à l’annonce de la mort du dirigeant du Hamas, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues des camps de réfugiés du Liban, des rafales de mitrailleuse ont même été tirées en l’air sans arrêt pendant vingt minutes à Aïn el-Héloué. Dans les camps de Rachidiyé, Bass et Bourj el-Chémali, autour du port de Tyr, la population semblait atteinte d’une véritable hystérie. « Où sont les Arabes ? Où est Arafat ? » criaient-t-ils. Plusieurs milliers de jeunes gens, torse nu et le front ceint d’un bandeau noir, ont franchi le barrage de l’armée libanaise, à l’entrée du camp de Bourj el-Chemali, et se sont dirigés vers le camps de Bass. Là, l’imam d’une mosquée, cheikh Mohammed Moujadri, a exhorté les musulmans en Égypte et en Jordanie à brûler les ambassades d’Israël et des États-Unis. La colère a également éclaté dans les camps de Beddaoui et de Nahr el-Bared, au Liban-Nord, dont les mosquées ont annoncé la mort du dirigeant intégriste, diffusant des versets du Coran.
Le chef de l’État, Émile Lahoud, a condamné l’assassinat samedi par Israël du dirigeant du mouvement islamiste palestinien Hamas, Abdel-Aziz al-Rantissi, dénonçant le « terrorisme d’État » pratiqué par Israël.
« Ce crime barbare constitue un maillon de la chaîne du terrorisme d’État pratiqué par Israël, qui a récemment obtenu un encouragement de Washington...