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Un été de tractations, prévoient les professionnels

Les problèmes socio-économiques, avec la perspective d’une reprise de l’agitation syndicale, font certes pression sur les responsables. Mais la présidentielle, pour mise en sourdine qu’elle soit, reste leur véritable préoccupation majeure. C’est pareil, bien évidemment, pour tous les acteurs de la scène politique locale. Car cette échéance est capitale dans sa finalité, pour la carrière, ou l’influence de beaucoup. Les députés et autres pôles suivent donc de près les développements, restant à l’affût du moindre indice révélateur de tendance. Mais pour le moment, ils n’ont pas grand-chose encore à se mettre sous la dent. Car les visiteurs, de retour de Damas, confirment que du côté des décideurs, il n’y a rien de nouveau. Ils continuent à conseiller la temporisation. Car il ne sert à rien, selon eux, de se mettre en campagne quand on est encore si loin du point de décision. Cependant, les clivages étant ce qu’ils sont, il est évident que les deux principaux camps en présence manœuvrent dans les coulisses et préparent leurs batteries. Le premier, bien que n’ayant pas pour l’heure le vent en poupe, ne veut pas renoncer à l’idée d’un maintien de présence à Baabda. En espérant que la situation extérieure, confortée par des arguments répétés de stabilité aux fins de convaincre les décideurs, finira par imposer la reconduction, la prorogation. Ou une formule nouvelle d’élection rendant le mandat renouvelable une fois, pour quatre ou cinq ans. En face, l’on n’a pas à déployer trop d’efforts d’imagination. Car on peut se contenter de continuer à dire non au changement des textes, au profit d’un changement de personne. L’on ne compte pas trop cependant sur une simple force d’inertie pour réussir. Et aux arguments des lahoudistes, les haririens (mais aussi un large éventail de forces hostiles à la manipulation de la Constitution) objectent qu’il faut respecter le principe démocratique de l’alternance. Ainsi, d’ailleurs, que la loi fondamentale elle-même, qui n’est pas un hochet avec lequel on peut s’amuser à des fins d’intérêts qui n’ont rien de national. Le battage n’est toutefois pas fracassant. Il s’agit, pour les uns et les autres, de ne pas indisposer les décideurs, désireux de calmer le jeu. Comme ils l’ont fait savoir il y a quelques jours, en éteignant bien vite le début d’incendie que Assem Kanso avait voulu allumer. En laissant entendre, entre les lignes, que la reconduction était déjà chose entendue. Ce qui a été réfuté bien vite par d’autres prosyriens. Au sein même de la ligne dite nationale, le tableau reste donc, sinon flou, du moins ouvert à tous les dessins, comme à tous les desseins. Le seul élément sur lequel tout le monde s’accorde est que l’échéance reste tributaire du contentieux syro-américain ainsi que de l’évolution du dossier régional dans ses différentes composantes. La pression occidentale Dans ce cadre, des professionnels avertis pensent que l’on entre, entre grands électeurs étrangers comme sur la scène locale, en période de négociations et de tractations. Ces sources ne prennent pour argent comptant ni le refus des Américains de négocier sur la présidentielle libanaise ni l’engagement des Syriens de laisser les Libanais complètement libres de leurs mouvements dans ce contexte. Les pôles relèvent que, paradoxalement, en lançant un appel commun à la non-immixtion, George Bush et Jacques Chirac développent eux-mêmes une intervention lourde de sens. C’est-à-dire qu’ils font pression conjointement sur la Syrie comme sur les parties libanaises qui lui sont fidèles. Une prise de position d’autant plus accentuée que le conflit israélo-arabe et a fortiori le cas libanais n’étaient pas inscrits à l’ordre du jour du sommet franco-américain. Les deux puissances occidentales ont donc voulu marquer, de manière significative, leur intérêt pour le Liban et pour sa présidentielle. Prise en quelque sorte comme test de dégagement d’une tutelle politique syrienne maintenant remise en question autant par Paris que par Washington. Damas, on le sait, évite toute riposte de défi ouvert aux pressions exercées du dehors, notamment par les USA. Il laisse mûrir, ou courir, les choses. En attendant de voir ce que Sharon va faire avec son plan de désengagement. Et aussi, en attendant de voir comment les choses vont tourner pour les Américains dans la région après le 30 juin irakien. Ainsi, un député de la Békaa, qui vient de rencontrer les décideurs en Syrie, confirme que leur ligne d’attentisme reste valable, qu’elle ne subit aucune modification pour le moment. Ils ne privilégient ni la reconduction ni l’élection d’un nouveau chef de l’État. Et, à plus forte raison, ils n’ont pas de candidat préféré. Selon ce parlementaire, il est certain que du côté syrien, le dossier est tout entier laissé aux mains du président Assad en personne. Ce qui contredit les bruits qui ont couru sur la rivalité présumée entre divers segments de force syriens ou centres distincts de décision. Cette exclusivité, indique la même source, transparaît à travers le fait que les responsables syriens évitent de traiter de la présidentielle devant leurs visiteurs libanais. Ils se contentent, quand on les interroge, de répondre que le sujet n’est pas sur le tapis pour le moment. Du côté de l’opposition, on attend Kornet Chehwane. Qui, après une longue pause, doit se réunir le 1er juillet. Pour entamer son débat interne sur la présidentielle. Les membres du groupe restent d’accord entre eux quand il s’agit des grands principes, des constantes et des objectifs nationaux. Ils souscrivent tous à la ligne indiquée par le patriarche Sfeir. Qui est contre l’amendement de la Constitution. Mais ils divergent, évidemment, quant au choix potentiel d’un candidat, plusieurs d’entre eux étant des postulants, déclarés ou pas. Philippe ABI-AKL

Les problèmes socio-économiques, avec la perspective d’une reprise de l’agitation syndicale, font certes pression sur les responsables. Mais la présidentielle, pour mise en sourdine qu’elle soit, reste leur véritable préoccupation majeure. C’est pareil, bien évidemment, pour tous les acteurs de la scène politique locale. Car cette échéance est capitale dans sa...