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Actualités - CHRONOLOGIE

Crise - Ghosn a rencontré hier le patriarche maronite et les industriels Les acteurs sociaux campent sur leurs positions, et l’État sur son inconscience

À une semaine de la date prévue pour le début d’une grève générale de deux jours, les divers acteurs sociaux campent sur leurs positions, tandis que s’étalent sur les panneaux et dans les médias des incitations à la consommation qui aiguisent les frustrations, alors même que l’économie est étranglée. Le président de la CGTL, Ghassan Ghosn, s’est rendu hier à Bkerké pour communiquer son point de vue au chef de l’Église maronite, le patriarche Nasrallah Sfeir. Ce dernier, qui se fait un devoir depuis des mois d’exposer, dans ses homélies dominicales, les grandes lignes de la doctrine sociale de l’Église et de s’étendre sur des notions comme celles de la dignité du travail humain et du juste salaire, n’a eu aucun mal à comprendre ses interlocuteurs. D’autant plus que, semaine après semaine, mois après mois, le chef de l’Église maronite se fait le confident de toutes les catégories sociales lésées par la politique libérale et fiscale du gouvernement, prenant connaissance des licenciements collectifs des usines du textile, des injustices d’une politique sélective d’utilisation du mazout, en passant par les cultivateurs se plaignant de la mévente. Et que, parallèlement, il ne peut manquer de prendre acte des fortunes qui se bâtissent grâce à des monopoles qui se constituent dans le bâtiment, dans le transport, dans l’hôtellerie ou la restauration... Le président de la CGTL n’a donc eu aucune hésitation à dire que le patriarche comprend les mobiles de la CGTL et appuie ses objectifs et ses moyens légitimes, dont la grève générale fait partie. Les salaires Les sujets sur lesquels, toutefois, Bkerké ne saurait se prononcer, concernent les moyens économiques et financiers de remédier à ce lamentable état de choses. Ces questions ont été débattues au cours de l’entretien que la CGTL a eu, hier, avec l’Association des industriels. La CGTL réclame notamment un rajustement des salaires, dont elle justifie la nécessité en soulignant qu’il relancera la consommation. Selon la centrale, le pouvoir d’achat des salaires, qui n’ont pas bougé depuis 1996, a baissé d’au moins 40 %. La CGTL refuse, toutefois, une proposition de relèvement du seuil du salaire minimum à 500 000 LL, que le patronat pourrait accepter sous certaines conditions s’il obtenait en échange des avantages fiscaux ou douaniers, où une tarification spéciale du courant électrique. Le président de cette association, Fady Abboud, a répété hier, à l’issue de la réunion, qu’un relèvement des salaires porterait un coup fatal à d’innombrables entreprises industrielles ou commerciales, et que la seule solution envisageable n’est pas un rajustement des salaires, mais une hausse du pouvoir d’achat des salaires existants par un ensemble de mesures fiscales, par exemple une baisse du prix de l’essence. Le conseil exécutif de la CGTL, qui a par ailleurs déjà vu le président de la Chambre, doit encore exposer son point de vue au chef de l’État et au Premier ministre. Ce dernier reçoit Ghassan Ghosn jeudi. Une situation complexe Sur la question de la grève, se greffent, depuis le 27 mai dernier, des tiraillements politiques, dont la polémique sur le rapport communiqué par Adnan Addoum aux ministres de la Défense et de la Justice sur les incidents de la banlieue sud est une parfaite illustration. Au-delà des protestations du procureur général de la République sur l’inqualifiable légèreté avec laquelle ce rapport secret a été communiqué à la presse, des partis se sont en effet élevés contre les insuffisances d’un reconstitution des faits qui ne démontre pas assez qu’ils ont eu raison de voir dans les émeute de la banlieue les signes d’un « complot ». De cet aveuglement des forces politiques qui refusent d’admettre qu’il s’agissait d’une véritable explosion sociale, la CGTL n’est pas quitte. M. Ghosn s’est contenté de dire, hier, que sur les lieux de rendez-vous fixés par la centrale, il n’y a eu que manifestations pacifiques et légales. Comme quoi, les exclus, les émeutiers, échappent désormais au contrôle des syndicats. De source judiciaire, on affirme même que des frustrations plus profondes, politiques celles-là, se greffent aussi sur les émeutes du 27 mai. Quelque part au fond des consciences des jeteurs de pierre, il y avait une revanche à prendre sur les injustices qui se commettent tous les jours, non seulement au Liban, mais aussi en Palestine et en Irak. Chauffés à blanc, les esprits ont paniqués en voyant le sang couler. Au-delà des rapports de force établis par les divers centres de pouvoir au Liban, c’est une énergie vierge, lasse de toutes les récupérations, qui risque, une fois de plus, d’exploser mardi prochain. Après avoir entendu une première fois la rue gronder, le pouvoir et la CGTL continueront-ils à se boucher les oreilles ? Fady NOUN
À une semaine de la date prévue pour le début d’une grève générale de deux jours, les divers acteurs sociaux campent sur leurs positions, tandis que s’étalent sur les panneaux et dans les médias des incitations à la consommation qui aiguisent les frustrations, alors même que l’économie est étranglée.
Le président de la CGTL, Ghassan Ghosn, s’est rendu hier à...